En quittant Toulouse pour le Betis, Emana a-t-il gagné au change ?
Lors du dernier mercato estival, le Camerounais Achille Emana avait été courtisé
par plusieurs clubs, ses performances depuis quelques années ayant convaincu. Et
même si le milieu de terrain n'a jamais réellement brillé
avec les lions indomptables, il a acquis en club une stature lui ayant apporté
les faveurs des différents entraîneurs étant passés par le Toulouse FC. Depuis
deux ans, le Camerounais avait d'ailleurs littéralement explosé, replacé en 9.5
derrière le Suédois Elmander avec qui la complicité avait fait des étincelles en
Ligue 1.
Et le résultat ne s'était pas fait attendre : Emana avait inscrit huit buts
cette saison, soit autant que son total en Ligue 1, et Toulouse avait fini 3e,
se qualifiant pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions.
Malheureusement, le tirage au sort n'avait pas épargné le club de la ville rose
qui était tombé sur un os un peu trop dur à ronger : le FC Liverpool, bien connu
pour ne pas épargner les clubs français. L'année d'après, entamée avec quasiment
la même équipe avait été catastrophique : Toulouse avait du lutter jusqu'à la
dernière journée pour sauver sa place en Ligue 1, passant de peu à côté de la
relégation.
Emana, qui avait terminé la saison avec le brassard, avait encore fait une bonne
saison : 7 buts marqués en 31 matchs. Et de la saison du Camerounais, en tous
points opposée à celle de son équipe s'était tirée une conclusion quasiment
évidente : Emana avait fait son temps à Toulouse, et l'équipe ne pouvait plus
satisfaire à ses aspirations d'international.
En effet, Achille Emana a passé sept saisons pleines à Toulouse, et fait partie
de ceux qui ont joué en National et en Ligue 2 avec le club. Et de saison en
saison, le Camerounais au crâne rasé a gagné en expérience, en talent et
efficacité. Pourtant, au bout des sept saisons, il n'a disputé qu'une seule
coupe d'Europe qui s'est d'ailleurs bien vite terminée pour les Toulousains. En
comparaison avec ses adversaires pour la place de milieu de terrain en équipe
nationale, c'est bien peu : Jean II Makoun joue cette année sa quatrième coupe
d'Europe (dont troisième Ligue des Champions), tout comme Modeste Mbami,
Alexandre Song et Stéphane Mbia en sont à trois, et même Landry Nguémo qui joue
dans le modeste club de Nancy en a disputé deux.
Emana avait le brassard à Toulouse
Le palmarès en club d'Emana est bien maigre en comparaison de ses homologues de
l'équipe nationale, et au delà de la simple considération de la participation à
la coupe d'Europe, cela montre que Toulouse a fini une seule fois en 5 ans dans
le top 4 de Ligue 1, et a en fait plutôt joué la deuxième partie de tableau.
Clairement insuffisant pour un joueur du calibre d'Achille Emana, qui a choisi
d'aller tenter sa chance ailleurs du côté de l'Espagne, précisément au Betis
Séville.
Et cet été, le Camerounais n'était pas le seul à vouloir changer d'air :
Stéphane Mbia, Modeste Mbami ou encore Samuel Eto'o se voyaient bien disputer
cette saison sous d'autres couleurs. Dans l'article
Eto'o doit-il quitter le
Barça ?, nous posions la question du bien fondé de quitter un club qui
n'enchaîne pas les performances, et concluions qu'il valait mieux opter pour la
stabilité. Et jusqu'ici, l'avenir donne plutôt raison à ceux qui ont choisi de
rester : Eto'o, Mbia et Mbami sont bien placés en championnat, et ont joué ou
jouent encore la coupe d'Europe cette année.
Ce qui n'est clairement pas le cas d'Achillle Emana, qui connaît le pire début
de saison de toute sa carrière en pro : en 6 journées, le Betis n'a gagné aucun
match et figure à la dernière place du classement avec 2 points gagnés sur 18
possibles. Même le Sporting Gijon, étrillé 6 et 7 à 1 par le Barça et le Real,
promu cette année, a fait mieux. Nul doute que le Camerounais ne s'attendait pas
à ça en signant à Séville. Et la nostalgie doit surement guetter le
vice-champion d'Afrique en titre s'il regarde en arrière : Toulouse, qui a
pourtant perdu beaucoup de cadres, joue les trouble-fêtes dans le haut de
tableau et est placé à une surprenante 2e place, devant l'Olympique de Marseille
et à deux points de l'Olympique Lyonnais.
Et au final, Emana parti pour chercher du challenge et jouer dans une équipe
plus compétitive risque fort de devoir encore lutter toute la saison pour sortir
de la zone rouge, tandis que Toulouse, semble plutôt bien parti pour jouer
l'Europe ou au moins l'intertoto. Cela fait partie des facéties du football....
Quoi qu'il en soit, nous espérons que le Betis saura bien vite relever la tête
et apporter un peu plus à un milieu talentueux mais qui n'a pas connu le même
succès et la médiatisation de ses compères du milieu de terrain chez les lions
indomptables.
|