Les élites de Maroua vont manifester leur désaccord
Naseri Paul Béa n'a pas eu les assurances escomptées vendredi dernier, à l'issue
de la réunion qu'il présidait dans les services de la préfecture à Maroua. Le
préfet du département du Diamaré qui réunissait les élus et élites de la région
de l'Extrême Nord signataires d'un préavis de marche pacifique, entendait
dissuader les organisateurs de ce mouvement, au " regard des dispositions prises
par le Président de la République " pour trouver une solution au problème
soulevé par la publication des résultats du concours d'entrée à l'Ecole normale
supérieure de l'Université de Maroua.
De ce qu'on a pu apprendre de cette rencontre, le préfet a en effet indiqué que
le Chef de l'Etat s'est personnellement saisi du dossier. Il devrait, a affirmé
l'autorité administrative, satisfaire aux revendications exprimées par les
élites de la partie septentrionale du pays. Une information qui se précisera par
la suite, avec la mise sur pied d'un jury spécial, comme nous l'annoncions dans
notre édition de samedi dernier. Le préfet du Diamaré les a donc invité à
retirer le préavis de manifestation pacifique déposé auprès des autorités
administratives.
Comme dans un dialogue de sourds, les personnalités présentes disent attendre
que soit traduites en faits concrets, les supposées promesses du chef de l'Etat.
Les leaders de ce mouvement dit de " protestation " qui se recrutent dans les
rangs des différents partis politiques présents dans la ville de Maroua ont
réaffirmé leur dessein de manifester le 19 décembre prochain, date de la tenue
de la cérémonie d'ouverture du Festival national des arts et de la culture.
S'adressant à ces derniers, le préfet leur a demandé de prendre la mesure de
l'ampleur d'un évènement de haute portée comme le Fenac. Une occasion unique
pour la ville de Maroua, qui le temps de ce rendez-vous culturel, va engranger
de nombreux dividendes.
Maître Djorwé Paulin, conseiller municipal Mdr à Maroua 1er présent à la réunion
a révélé que, " le mouvement du 19 décembre aura lieu. Sauf si les promesses
faites sont tenues avant cette date. Sur ce point là, nous restons de marbre et
je crois que pour une fois, les décideurs vont toujours prendre en compte nos
aspirations afin que triomphe la démocratie. " Le responsable de l'Alliance pour
la démocratie et le développement (Add) présent à cette réunion croit savoir
pour sa part que, " le combat que nous menons ne sera considéré comme clos, que
lorsque nous aurons atteint nos objectifs ".
Boycott
Dans le même temps, Hamadou Ahmadou dit Djaman, membre du comité central de
l'Undp et protestaire annonce que " des démarches sont en cours pour élaborer un
mémorandum sur le sujet. Nous sommes en train d'avoir les signatures des
personnes. C'est vrai que beaucoup ont peur de signer même s'ils partagent nos
idées. Mais les signatures obtenues seront transmises au gouverneur au terme de
notre marche pacifique le 19 décembre. " Djorwé Paulin précise par ailleurs "
nous souhaitons que notre marche soit pacifique et sans casse. Nous sommes en
train de prendre les dispositions à propos. "
De l'avis d'un député Rdpc à l'Assemblée nationale, " à partir du moment où le
chef de l'Etat a décidé d'apporter des solutions à nos problèmes, nous nous
engageons à attendre et à lui faire confiance, même si beaucoup de personnes
manœuvrent pour que ses décisions soient dévoyées. " Par ailleurs, les députés
du " Grand Nord " ont dans leur entièreté boudé l'invitation que leur a adressée
le Premier ministre Ephraim Inoni. Le chef du Gouvernement qui recevait ainsi
l'ensemble des députés de la nation pour une soirée conviviale en sa résidence
officielle à Yaoundé à la fin de la session parlementaire vendredi dernier, n'a
pas eu parmi ses convives les élus des trois régions septentrionales. Mêmes les
tentatives de sauvetage initiées par les caciques du régime (Amadou Ali, Haman
Adama, Perevet….) n'y ont rien fait.
Source :
Mutations
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