Pour l’anecdote, on a par exemple remarqué que le colonel Michael Ngose, était mis pour emploi auprès du chef d’Etat major de l’armée de l’air, un poste sans titulaire depuis le décès il y a un an de Paul Yakana Guebama.
Loin d’être anecdotique, c’est le remplacement à la tête de la 2e région de gendarmerie basée à Douala du général de brigade Doualla Massango par le colonel Jean Calvin Leumani, qui commandait jusqu’alors la 3e région de gendarmerie à Garoua. La mise sur la touche du général Doualla Massango prend un peu plus les contours d’une sanction puisqu’il "est mis pour emploi auprès du secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale". D’un commandement opérationnel, l’officier supérieur de gendarmerie se retrouve sans fonction dans une sorte de "garage".
Un rapide lien est établi par ses camarades d’armes entre le décret du président de la République de vendredi dernier et la gestion sécuritaire qui a été faite des émeutes qui ont embrasé le Cameroun du 25 au 28 février et dont Douala était un épicentre, donnant le la dès le samedi 23 février avec des affrontements entre populations et forces de l’ordre (gendarmes et policiers) qui ont fait deux morts. Pendant ces journées folles et ensanglantées, selon des sources internes à l’armée, le général Doualla Massango s’est fait discret. "Tiède", poursuivent d’autres, puisque très rapidement il a fallu recourir aux forces de 2e et 3e catégorie (unités spécialisées de la gendarmerie et de la police et militaires) pour contenir les manifestants.
Une situation qui n’a pas été vécue qu’à Douala.
Donc, si la mise écart de Doualla Massango découle principalement de la gestion par la gendarmerie à Douala de cette crise sociale, on est droit de s’attendre à ce que le chef de l’Etat tire également les conséquences de cette faillite dans les commandements opérationnels de la police et de la gendarmerie. Et même dans la hiérarchie administrative de ces corps, dans toutes les villes où il a fallu l’intervention de l’armée pour ramener la quiétude face à des civils qui manifestaient à mains nues.
D’autres indiscrétions font état de ce que le chef supérieur des armées, Paul Biya, aurait modestement apprécié le fait que ce soit le général de brigade Saly Mohamadou, commandant de la 2e région militaire interarmées, qui aille au devant des manifestants à Bonabéri, village natal de Doualla Massango et dont il est l’un des notables, pour entamer le dialogue et faire baisser la tension. Dans la journée du lundi 25 février, les émeutes ont en effet connu une violence singulière à Bonabéri.
Mais, au-delà de ce qu’on présente comme le peu d’entrain dans la répression des émeutes dont a fait preuve le général Doualla Massango (69 ans, il est né le 21 mai 1939), subsiste la lancinante question de la capacité de la majorité des officiers généraux, pratiquement tous atteints par la limite d’âge et pour certains enclins à de récurrents problèmes de santé, à tenir des commandements opérationnels. La décision de nommer au commandement de la 2e région de gendarmerie, un poste sensible, le colonel Jean Calvin Leumani, qui se fait remplacer à la tête de la 3e région de gendarmerie à Garoua par le général de brigade Isidore Claude Obama (67 ans), indique à suffisance que les enjeux sécuritaires dans une ville comme Douala, poumon économique du Cameroun et cœur de la contestation sociale et politique, impose d’avoir à la tête des troupes des hommes d’active dont la réactivité peut être garantie.
C’est donc à la racine que le chef de l’Etat doit s’attaquer au problème en mettant un terme à la situation d’exception qui maintient en fonction nombre de ses congénères, officiers généraux.
Source: Quotidien Mutations
|