Fritz Ntone Ntone, délégué de Douala
Raison invoquée, la saturation de ce lieu. " L'interdiction est formelle. On est priés de saisir l'autorité au cas où quelqu'un vient inhumer un corps ici ", indique un jeune du quartier. D'autres habitants affirment que c'est depuis de longues années que la place y manquerait. Ce qui a amené nombre de familles à imaginer diverses solutions. " Pour avoir moi-même effectué des travaux au cimetière, je peux affirmer que les corps sont superposés les uns sur les autres, généralement plus de deux dans la même tombe. Le propriétaire de l'espace du cimetière peut vous dire qu'il y a de l'espace. Je ne veux pas le mettre en cause, mais je dirais que les corps seront toujours superposés " accuse, sous anonymat, un technicien qui nous confie avoir décliné l'instant précédant notre entretien, à cause d’une sollicitation provenant d'une connaissance en quête d'une tombe. Ruben Dang A Zom, un autre habitant de Ndogbati 1est scandalisé: "On enterre des personnes en double, en triple. ça cause des problèmes. ça ne peut plus continuer !"
Pour expliquer ce désordre, nombre de nos interlocuteurs indexent la famille Dicka.
Cette fratrie qui, en 1951, offrit l'espace devenu cimetière, est accusée de vendre des espaces inexistants - cent mille francs la place, selon un ancien client - aux familles désireuses d'inhumer leurs morts. Le chef du village-quartier de Ndogbati1, François Ntoko, leur reproche de ne pas entretenir les lieux. Il pense que cette tâche leur incombe, compte tenu du fait qu'ils continuent de revendiquer la propriété du terrain du cimetière. Ce à quoi Joseph Roger Dicka rétorque que c'est son défunt frère " Dicka Kolo qui permettait qu'on enterre n'importe comment. On s'est même bagarrés " ajoute -t-il. Tout en déclarant qu'il fait débroussailler le cimetière une fois par an-en novembre- le vieil homme soutient qu'il revient à la chefferie de faire " des travaux de propreté " dans ce lieu pouvant normalement accueillir une centaine de tombes.
La fermeture du cimetière de Ndogbati 1 suscite des réactions diverses chez ses riverains et " propriétaires " Pour Ferdinand Ngono, un topographe en poste là-bas, " c'est normal qu'on interdise d'inhumer, mais il faudrait que si on ferme un cimetière comme celui-ci, qu'on trouve un autre site. " Tout aussi satisfait, Ruben Dang A Zom estime qu'il faut respecter la mesure de Fritz Ntonè Ntonè. " Le délégué est comme le représentant du président ici. On ne peut pas s'opposer à lui. " Et d'espérer: " On pense bien qu'il est en train de réfléchir à comment ce cimetière sera aménagé. "
Un qui ne semble pas être content de la mesure de Fritz Ntoné Ntoné, c'est Joseph Roger Dicka. Le sexagénaire tout " propriétaire " du terrain du cimetière qu'il est, se plaint de n'en avoir " pas été informé. " Il dit avoir appris la nouvelle par la radio. Quand on lui rappelle que le cimetière est un lieu public, il réplique que le terrain n'appartient pas à la Communauté Urbaine de Douala, mais à sa famille qui en détient le titre foncier. " Cette parcelle, on ne l'a pas donnée définitivement " justifie-t-il.
Ira-t-il jusqu'à s'opposer au Délégué du Gouvernement? " Si le gouvernement décide de prendre, je laisse " répond-il, visiblement impuissant. Il lâche tout de même cette question: " A Ngodi et Deido, il y a aussi du désordre ! Pourquoi c'est ici qu'on vient interdire d'inhumer ? " Des rumeurs font état de ce ces cimetières seraient eux aussi " pleins à craquer "
Source: Le Jour Quotidien
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