La première vague de jeunes gens, qui ont été interpellés dans le cadre de la grève qui a secoué Douala et certaines villes du Cameroun, est arrivée au tribunal torse nu. Certains ne portaient d’ailleurs que de simples caleçons. Sous les regards médusés des parents et de nombreux curieux ayant accourus.
Laissant ainsi entrevoir sur leur dos quelques sévices corporels subis dans les différents lieux de détention disséminés à travers la ville. " Nous avons été bastonnés. Nous avons été forcés, à coup de matraque et courant électrique, de signer les procès verbaux à la police judicaire. Personne parmi nous n’a d’ailleurs pu lire ce document avant signature. Pour avoir demandé au préalable la lecture du procès verbal qu’on me demandait de signer, j’ai reçu un coup de la grosse de fusil sur la tête", affirme Bernard Songo, étudiant de niveau 2 de la filière Droit à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université de Douala. Ce dernier a soutenu devant la barre avoir été arrêté le lundi 25 février aux environs de 15 heures non loin du collège de La salle, alors qu’il allait rendre visite à ses amis, Amadou Jimonghou et Zacharia Jah, qui comparaissent aussi à ses côtés pour les motifs de " vol, attroupement sur la voie publique et casse ".
Pillages
A la vue de ces jeunes gens au torse nu amassés dans le prétoire, certains avocats ont dû protester contre cette attitude rétrograde. " Il a fallu que maître Alice Nkom aille exiger au procureur de la République l’habillement de ces jeunes gens pour qu’ils retrouvent leurs vêtements ", explique Me Nakong, avocat au barreau du Cameroun qui s’est constitué, après l’appel du bâtonnier, de manière bénévole comme bon nombre d’avocats pour la défense de ces personnes.
Et ce n’est pas tout, en ce qui concerne les anecdotes dans ces procès en groupes qui se déroulent depuis lundi dernier simultanément au Tribunal de première instance de Douala Bonanjo et Ndokoti. Dès la première affaire du tribunal de Première instance de Douala Bonanjo qui oppose le ministère public aux trois jeunes sus cités, une exception est soulevée par Me Dominique Frousse, alors que le procureur de la République venait de présenter un bidon d’huile de moteur au tribunal comme élément de preuve de vol. "Comment peut-on présenter des produits de Total pour prouver des pillages survenus dans une station Mobil ?", interroge l’avocate.
Et ce n’est pas tout comme curiosité dans cette affaire. Alors que les débats se poursuivaient, comme si les acteurs ne savaient même pas de quoi l’on parlait, Me Dominique Frousse revient à la charge en indiquant que la station Mobil dont il est question n’a jamais été pillée. Il s’agirait donc, apparemment, d’une confusion avec la station Total située juste en face. C’est après cette question que le 4ème juge, Nzali, propose une suspension d’audience. Mais
auparavant, Me Bravant Biyiha s’est évertué à démonter les autres motifs. "Les jeunes n’ont pas été attrapés en possession des objets volés ", explique l’avocat, pour rejeter en le motif de vol. Par ailleurs, poursuit l’avocat, "l’on ne peut pas parler d’attroupement pour une bande de trois personnes. ".
Autour de 18 heures, seuls 25 dossiers étaient en état d’être jugés au niveau du Tpi de Douala Bonanjo, pour une foule de près de 155 prévenus. " Le parquet est en train d’apprêter les autres dossiers ", indique un avocat. Mais déjà la veille déjà, lundi 03 mars, les premières sentences ont pu être prononcées, dans la précipitation. Les premières libérations aussi : pour la plupart des élèves et mineurs.
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Source: Quotidien Mutations
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