Elles sont à moitié nues, dans des tenues excentriques, qui exposent les parties les plus intimes de leurs corps, avec une intention affichée de provoquer. Certaines grillent des cigarettes, tandis que d'autres avalent des bières au goulot. Entre ces filles de joies, l'ambiance est bon enfant. De temps en temps, elles se précipitent sur un passant ou nouvel arrivant. Et proposent une passe aux clients, en se prévalant de formes généreuses.
Les termes employés méritent d'être tus. Le business du sexe est la principale activité qui se pratique dans ce lieu. Environ une vingtaine de débits de boissons concentrés au même endroit, diffusent de la musique à longueur de nuit, dans une cacophonie assourdissante. On y retrouve aussi plusieurs auberges ou des maisons d'habitation transformées en maison de passe. La seule indication étant une ampoule rouge installée à l'entrée. C'est surtout derrière les débits de boissons que se jouent la plupart des parties de plaisirs.
Au Big Life, l'un des bars dancing de la place, ce samedi soir, l'activité tourne à plein régime. Le couloir qui mène aux chambres est bondé de monde, un jeune homme d'une trentaine d'année est assis derrière une table. Il tient une boite pleine de pièce de monnaie. Il est chargé de la supervision des chambres. Des couples entrent et sortent. Un rapide coup d'œil dans l'une des cinq chambres de passe, en forme de cellule, permet de voir un petit lit où deux personnes tiendraient à peine. Un récipient sert à recueillir les déchets laissés sur place (condoms utilisés, papiers hygiéniques…). Le lieu est infeste. L'odeur est repoussante. La location des chambres se fait à la passe. Le prix est de 200 Fcfa. C'est la belle de nuit qui paye.
La somme qui sert à la location de la chambre est prélevée sur le prix de la passe. Celle-ci varie entre et 500 et 700 Fcfa. Au bout d'une dizaine de minutes, deux occupants d'une chambre en ressortent. L'homme a la cinquantaine. La fille, que nous avons approchée, et qui dit s'appeler Suh Judith, 18 ans, se remet à l'ouvrage sur le trottoir. Quelques instants plus tard, elle se dirige en compagnie d'un autre client vers la même direction. Elle en aura deux au cours de la soirée. Cependant, elle se plaint de ce que les affaires n'ont pas été bonnes ce soir. Sa moyenne, quatre à cinq partenaires par soirs : "les jours où ça marche bien". La faute est à la concurrence déloyale des "vacancières", s'insurge-t-elle. Ces derniers mois en effet, le nombre des belles de nuits s'est accru au carrefour "J'ai raté ma vie", nous confie une barmaid.
Ici, c'est te temple du vice. A côté de la prostitution féminine, la prostitution masculine s'y déroule de façon discrète. L'insécurité a atteint des pics élevés. Des patrouilles de police et de gendarmerie sillonnent la zone tous les soirs. Des rafles sont menées de façon régulière, sans pour autant dissuader les candidats à des parties de plaisir qui ont leurs habitudes dans ce lieu. Les prostitués sont elles-mêmes interpellés régulièrement par les éléments des forces du maintien de l'ordre. Mais leur nombre ne cesse de croître. Dans un mémorandum adressé au préfet du Wouri il y a quelques mois, les habitants de Ndogpassi, ont sollicité sans succès la fermeture des débits de boisson opérant dans le secteur. La situation préoccupe les autorités administratives de la ville de Douala. Une opération coup de poing est annoncée, à en croire le sous-préfet de Douala 3ème.
Source: Le Jour Quotidien
|
