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Diaspora : la conclusion de Suzanne Kala Lobe
(13/08/2009)
Suzanne Kala Lobe est revenue sur sa propre lettre et les nombreuses réactions qu'elle a suscitées.
Par Suzanne Kala Lobe (La Nouvelle Expression)
Suzanne Kala Lobe
Suzanne Kala Lobe

A no be talk. L’expression est en pidgin et signifie en français: « ne l’avais-je pas dit»? En d’autres termes, elle est utilisée, lorsque dans une discussion, votre interlocuteur  s’aperçoit que ce qu’il avait subodoré, comme suite prévisible à un ensemble d’actes posés, était entrain de se dérouler  sous les yeux des observateurs, les plus  entêtés.

ainsi, en empruntant cette expression, pour le titre de ces Regards hebdomadaires, je voudrais  tenter un épilogue en mettant en perspective les questions surgies du débat autour et sur la diaspora et l’actualité d’une nomination en France d’un membre actif de la diaspora.

Je vous propose cet épilogue, en guise de conclusion (provisoire) au débat sur le rôle de la diaspora , ses rapports avec l’Etat-Nation et son pays d’origine, la  stratégie d’assimilation, intégration  pour tenter de se faire reconnaître et représenter,  la manière dont les politiques d’immigration se servent de  ses insuffisances, sa  non organisation pour faire passer la pilule d’une politique qui demeure séparatiste et truffée d’exemples marginaux .

Si l’actualité camerounaise est plus ou moins minée par la campagne activée à nouveau contre le SDF, pour mieux le décrédibiliser, la réorganisation de l’espace politique français autour des questions d’immigration et gouvernement d’union, ne saurait laisser indifférents.

Tout récemment  donc,  Gaston Kelman, l’auteur de «je suis noir et je n’aime pas le manioc»  et autres assertions du même cru,  a été nommé Conseiller  technique au Ministère  de l’immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Codéveloppement! Un ministère dont la seule dénomination en dit long sur la confusion des genres et le douloureux rapport que la France continu d’entretenir avec les « migrants » de ses anciennes colonies. Un ministère pas du tout simple, dont les plus mauvaises langues disent que lorsqu’un noir accepte ce poste dans un gouvernement de droite, c’est pour aider  les politiques à mieux traquer les clandestins ! A  no be talk ?

C’est  donc dire que  l’obligation de se reconsidérer en redéfinissant son statut, est au cœur de toute prétention au changement de la diaspora .Elle  a de nombreux problèmes qu’elle doit régler dans sa patrie d’accueil en même temps que  qu’elle a besoin d’une nouvelle  visibilité pour la terre de ses ancêtres. C’est cet  écartèlement qui traduit  ce qui est à l’œuvre au sein de ce groupe,  qui a amené Gaston Kelman, à son écrit apparemment provocateur, mais qui témoigne de sa quête d’assimilation. Son credo qui peut  résumer en ceci  «  non, ne me regarder  pas à travers ce que vous voyez de ma peau. Ce n’est qu’une enveloppe circonstancielle dont je ne suis pas responsable. Pas plus que je ne suis responsable de ce  qui a amené une partie de l’humanité à prendre la couleur de la peau d’un homme,  comme un discriminant pertinent, ni quelque chose à voir avec ses valeurs intrinsèques ou même  son histoire »… est l’expression des atermoiements d’un groupe, qui n’a pas pris le temps de se penser, de se pencher sur lui-même, sans avoir les vertiges de la précarité ou même d’un présent parfois plus aride que celui de  leurs cousins d’Afrique.  En suivant le cursus de Gaston Kelman, ainsi  que ses prisse de position, en lisant ses discours sur une Afrique qui doit se prendre en main, et en constatant  qu’il ait choisi de servir sa (la)  cause à l’intérieur d’une structure telle que celle dans laquelle il se  retrouve,  force est de s’exclamer «  Ah, a no be talk » ?

Oui, A no be talk? D’aucuns me diront que je prends la trajectoire de Gaston Kelman, comme significative des destinées de la diaspora. Mais à quoi rêve  la diaspora aujourd’hui ? A un retour triomphant ou alors de  s’installer dans le pays d’accueil  en abreuvant le pays de ses ancêtres de  fortes critiques  tout en se délestant de quelques euros, comme la piécette que les riches donnent aux mendiants sans toucher le fond du problème... Elle se donne bonne conscience et parle de ..  Co-développement. C’est  cette critique  radicale qui fit le fond de la lettre dont évidemment pet de lecteurs ont saisi la nuance,  préférant voir dans l'analyse, un cas patent de trahison politique, d'arrivisme et de positionnement ! A no be talk ?

Pourtant, la trahison, n'est pas toujours là où on le croit ....




Trahison, arrivisme, revirement, positionnement! Ce luxe de qualificatifs utilisés avec virulence par la diaspora vaut la peine d'être recontextualisé. Car  qu’est-ce que la trahison en politique ? Pourquoi, doit-on pointer du doigt au nom de la morale en politique celui qui un jour danse avec les loups et l’autre hurle avec eux ?  Qui est à l’abri de la trahison ?

La  trahison  politique ne date pas d’aujourd’hui, elle n’a pas de frontières et une littérature dense et riche à été réservée  à ce phénomène que  les uns qualifient de manière éthique alors que d’autres considèrent ces variations comme étant pragmatisme et ambition de faire la politique. Le débat en France a pris une certaine ampleur, vu  ce qui se passe dans les recompositions de la droite après l’élection de 2007, et le délitement du Ps, qui se sent obligé d’avoir désormais un langage plus « radical »…

Depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir en 2007, les voltes face sont spectaculaires au sein du Ps et on voit beaucoup de socialistes de la dernière heure embrasser la cause de la droite. Comme Eric Besson, et comme Kelman. Ceux qui sont arrivés au Parti Socialiste – comme besson en 1993et en démissionner en 2007 et qui est enté au Parti Socialiste dans les années 90, pour en démissionner sans tambour ni trompette et rallier la droite en 2007, ou Kelman, sont qualifiés de traîtres par les plus radicaux... Mais qui peu affirmer qu’ils furent au Parti Socialiste par conviction ?

Ces ondulations n’ont pas eu l’heure de déranger notre sémillant écrivain et c’est avec une tranquillité toute  bourguignonne qu’il va  rejoindre  ses bureaux de Matignon, avec la conviction  voire la sérénité d’avoir travailler à manifester sa différence, pour bien  être  assimilé dans le dispositif de Sarkozy au nom de l’identité qu’il  s’est forgée sur  les berges de la Seine…

Des exemples de ces atermoiements son légion outre-Atlantique. Mais bien évidement, lorsque cette même diaspora, se penche  sur les "traîtres" qui osent «  critiquer des actions légitimes »,  elle affirme que ceux-ci font «  le jeu de Paul Biya » ! Elle  a du mal, à s’interroger  sur sa propre abdication. On peut embrasser  à pleine bouche la droite Sarkozienne, c’est tout à fait politiquement correcte. On peut faire carrière dans toutes sortes d’officines à l’étranger, c’est le suprême sacrifice, car on souffre loin de chez soi, et c’est toujours très politiquement correct, du moment qu’on soulage de temps en temps la misère des sous développés, avec un billet de 100 euros, un certificat d’hébergement et que l’on porte un matelas dans une chambre de bonnes, à celui ou celle  qui a fui la misère du pays pour raser les murs de l’Occident triomphant !

 Le débat est donc là : dans le choix des stratégies et dans l’illusion selon laquelle,   « l’avenir est ailleurs"! Et qu’il suffit que les politiques changent au pays pour que l’on ait envie d’y rester. Or  pour que  les politiques changent au pays, il faut la volonté de plus d’un  pour imposer de nouvelles alternatives. C’est sans doute là, où le bat blesse et le débat s’égare.

Il faut revenir à Gaston Kelman dans cette déclaration en 2007  à propos de création du Ministère de l’immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Co-développemment, pour comprendre le double langage  et le double malaise de la diaspora: «Que reproche-t-on à ce ministère, qui pour ma part est le plus ambitieux que l’on ait jamais conçu en la matière ? En liant l’immigration l’identité nationale, le pouvoir reconnaît que l’immigration est constitutive de cette identité qu’elle doit enrichir, mais dont elle peut aussi menacer les fondements. Donc vigilance ! Toute nation a une  identité." Et  ainsi de suite… A no be talk ?

Il faut bien pouvoir mettre  fin à un débat épistolaire et cybernétique, sur une question qui semblait anodine. La fameuse lettre à la diaspora a déclenché une déferlante. Et le fond de ce qu’elle contenait  n’est  toujours pas débattu.

Anyway. Les arguments aussi disparates les uns que les autres ont permis de dégager une construction, voire un profil de ce que représente sociologiquement la diaspora et de la manière dont elle se représente elle-même. Le fond de la lettre mettait en garde contre ces idées reçues à partir desquelles on  a fini par l’enfermer dans cette aliénation culturelle  que dénonça avec  justesse  Frantz Fanon. A l’époque, il postulait que l’exil, n’est  pas  La dernière solution, d’autant qu’il est contraint et  donc ne libère pas … il renvoyait chaque patriote ou ceux qui se réclamaient comme tels à leurs propres  responsabilités : qu’allaient-ils être en mesure de faire pour transformer leur pays ? C’est cette question qui fut le conducteur de la lettre à la diaspora et qui reste d’actualité aujourd’hui dans le combat pour changer et initier une alternative durable sur le continent

Aujourd’hui, Kelman est entré au gouvernement de Sarkozy. Les étiquettes valsent et dansent la diaspora s’en dort. A no be talk ?



Source : La Nouvelle Expression


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