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Des fonds privés pour sauver l’université ?
(25/02/2008)
L’Ong Sup-Développement en a fait le pari, mais pour certains, l’Etat ne doit pas démissionner.
Par Jean Baptiste Ketchateng

Les bureaux et le mobilier sont encore neufs. Et le personnel tel Raymond Tachago, le secrétaire exécutif de Sup-Développement paraît plutôt enthousiaste,. Aux curieux, l’ouvrier de la gestion et du fonctionnement de cette Ong peut parler des heures durant, avec la précision de l’ingénieur qu’il est, de l’ambition et des projets de Sup-Développement. Comme de ce qu’elle a déjà réussi à faire depuis un an. " 20 jours après l’agrément, nous étions déjà au lancement qui s’est fait avec la signature d’une convention entre le ministère de l’Enseignement supérieur et Sup-Développement”. Mtn, Camtel, Aes-Sonel, Tradex, sont quelques poids lourds de l’économie nationale qui veillent d’ores et déjà sur le bébé.

Comment comprendre un si rapide et bon accueil ?

Au siège de Sup-Développement à Yaoundé, l’on ne cache pas l’intérêt de Jacques Fame Ndongo, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur pour le projet. C’est d’ailleurs lui qui préside le comité d’orientation et de suivi, le laboratoire des stratégies de l’organisation qui veut être un partenaire stratégique du ministère. " Il a fait le constat que l’Etat ne pouvait plus, tout seul, assumer le financement de l’enseignement supérieur ", explique M. Tachago pour dire vers quelle direction les efforts de Sup-Développement sont dirigés.

" Nous avons mis des mécanismes en place pour amener de l’argent des bailleurs de fonds étrangers au Cameroun et la sélection du personnel nous a pris quelque temps ", ajoute-t-il pour expliquer que les promoteurs de Sup-Développement n’ont pas chômé depuis un an. " Quelques grandes entreprises en France sont d’accord sur le principe ", appuie Jean Louis Celerier, conseiller au ministère de l’Enseignement supérieur et du président de l’Ong, Perrial Jean Nyodog qui est par ailleurs le patron de Tradex. Le montage qui implique l’appui de la France s’explique aisément d’après M. Celerier : " Nous connaissons les circuits. "


Revers

La grande question de l’heure, c’est cependant la grande enquête qui permettrait de faire un état des lieux de l’université au Cameroun. " Puisque nous voulons appuyer une stratégie de développement de l’enseignement supérieur sur 30 ans, qui conditionne le développement tout court, convenez avec moi qu’il faut cette base de travail pour savoir tout au moins combien d’étudiants nous avons dans telle ou telle filière, plaide M. Tachago. Combien de laboratoires ? Quel est le nombre de diplômés par filière qui sortent chaque année ? C’est une grande étude qui va concerner le privé comme le public. Elle va durer 24 mois à partir de 2009 et sera financée par les ressources Ppte. "

" Les recherches, les études, les analyses, c’est bien comme cela que l’argent public est inutilement dépensé. C’est très loin du concret ", regrette un étudiant au regard de cette énumération. Pourtant, à Sup-Développement, l’on ne semble pas démonté par cette récrimination. Pour attirer des fonds, souligne Raymond Tachago, il faut être crédible et présenter la situation de manière à réformer l’ensemble du système. Comment le faire quand on ne la connaît pas ? " Jusqu’ici, on a agi au coup par coup." Ceux qui ont agi jusqu’alors pour le développement de l’enseignement supérieur ne sont-ils pas les mêmes qui pilotent Sup-Développement ?

" Nous sommes, cela est vrai, dans un environnement où les suspicions sont développées. Mais personne ne peut contester le constat : l’Etat est limité dans ce domaine. Or la demande de personnes formées n’attend pas et ce sont les entrepreneurs privés qui attendent ces produits des universités qui vont s’engager. Croyez-moi, ils feront tout pour que ça marche. De toutes les façons nous donnons rendez-vous dans deux ans ", se défend Raymond Tachago qui aura du mal à convaincre totalement Jongwane Dipoko, professeur de physiques à la retraite après une carrière en France, aux Etats-Unis et dans l’ancienne université de Yaoundé. " En France, jusqu’à présent, l’enseignement, de la maternelle au supérieur est pour l’essentiel financé par l’Etat. Naturellement, la recherche scientifique qui est adossée à l’enseignement supérieur aussi. C’est à peu près la même situation qui prévalait en Allemagne, au contraire des pays anglo-saxons où la tradition est plutôt de financer la recherche et l’enseignement par des fonds privés ", explique ce professeur qui s’occupe de la coopération internationale au sein du Syndicat national des enseignants du supérieur.

L’intrusion du privé dans ce champ en France, s’est justifiée, note-t-il, s’est faite durant les années 1970. " En comparaison, analyse M. Jongwane. Dipoko, les Français se sont rendus compte qu’ils avaient du retard dans le domaine de la recherche appliquée, bien qu’ils étaient tout à fait à la hauteur des anglo-saxons dans le domaine des sciences fondamentales. Ils ont donc réformé le système en introduisant des privés. Aujourd’hui dans des domaines comme le transport avec le Tgv, ou avec Eads qui était porté par la France, ils ont des applications de la recherche qui rivalisent avec les anglo-saxons. " Le revers de la médaille, conclue-t-il, c’est qu’en partie, les enseignements ouverts à tous les candidats à l’enseignement supérieur, sont devenus sélectifs sur la base de la capacité des étudiants à payer. Les multinationales qui sont prêtes à " aider " l’université camerounaise à trouver des fonds pour sortir de sa situation de crise " structurelle et financière " ne lorgnent-elles pas les retombées en ressources humaines qu’elles pourraient employer tout en régénérant un système libéral ? " Non, rétorque M. Celerier, il faut savoir donner."

Source: Mutations


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