La revalorisation de 15% des revenus des personnels, en ce mois d'avril, ne profitera pas à tout le monde.
Partis percevoir leur salaire du mois de mars à la banque, beaucoup de fonctionnaires ont trouvé des comptes vides. Les salaires ont été suspendus relativement à des contentieux sur leurs actes de carrière. Rien qu'au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), l'un des plus gros utilisateurs de fonctionnaires, les chiffres avoisinent 5000 agents.
Sur les listes sorties du ministère de la Fonction publique (Minfopra), des sanctions étaient programmées : suspension de solde, ordre de recettes, traduction devant le conseil de discipline et même des risques de révocation… Les motifs vont du défaut ou de l'inauthenticité de certains actes de carrière comme le décret d'intégration, les actes d'avancement, à la justification des éléments de salaire perçus plus ou moins indûment. Dans un premier temps, plusieurs agents reconnaissent s'en être moqués. "Les autres recensements n'ont rien donné. Pourquoi celui-là devrait en être autrement ?", se demandaient-ils.
Unanimement, on reconnaît cependant que les agents de l'Etat se sont livrés ces dernières années à de nombreux trafics sur leurs bons de caisse. On cite des avancements injustifiés, des reclassements fantaisistes et surtout la perception indue de diverses primes. Des gens ont réussi à passer, sans aucun concours, d'instituteur contractuel à professeur des lycées hors échelle et même chargé de cours. Des agents de catégorie C percevaient des indemnités de sous-directeur de l'administration centrale, des infirmiers ont des salaires de médecin, etc. Sur les listes des personnels du Minesec, une dame réussit à cumuler les primes de secrétaire général de ministère, d'inspecteur d'Etat et de conseiller technique du premier ministre.
De leur côté, les "faussaires" expliquent leurs pratiques par la modicité de leur traitement et par la grande corruption au sommet de l'administration. "Ce ne sont pas les personnels indexés qui gèrent les ordinateurs de la Fonction publique. En plus, ces avantages ne nous sont pas octroyés gratuitement. Il y a des cas pour lesquels nous donnions 50% du montant du rappel perçu au démarcheur", explique un agent concerné. Un responsable d'un syndicat d'enseignants explique l'essoufflement subit de leurs revendications par l'invention de ces tours de passe-passe, qui ont bouché quelques trous. "C'est la faute de l'Etat, qui a laissé ses agents courir derrière les privilèges qu'il fabrique. Comment comprendre qu'un ministre nomme des gens et que ce soit eux qui aillent se battre pour que leurs indemnités soient prises en charge? ", conclut-il.
Source: Le Jour Quotidien
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