Assis sur des chaises en rotin sous des vieilles tôles, les
membres de la famille de la défunte Pauline Ndoh sont affligés. Leur maman vient
de décéder. «Maman est morte à 5h du matin. Depuis la démolition de notre
maison, elle se plaint d’avoir trop froid. Nous avons transporté son corps à la
morgue de l’Hôpital Jamot à 10h», explique Samuel Bapes, fils de la défunte.
Il ajoute : « C’est vrai que tout le monde va mourir. Mais, pas dans les
circonstances pareilles ».
Selon ce dernier, sa maman a résidé au quartier Ntaba à Yaoundé depuis 35 ans.
Elle n’était pas malade. Elle aurait même participé à la marche de protestation
organisée dans la matinée du lundi 4 août par les femmes déguerpies de Ntaba.
L’événement s’est tenu au ministère des Affaires sociales. « Nous avons
allumé le feu de bois, en guise de lumière, comme chaque soir depuis l’avènement
des casses. Elle a commencé à crier le froid vers 20h en disant que le
gouvernement lui a imposé les nuits à la belle étoile. C’est sa dernière parole
avant de passer de vie à trépas », révèle Germaine Ndoh, sa fille.
"J'espère que le délégué pourra nous donner un cercueil"
Pour les membres de la famille, son inhumation pose
problème actuellement. Car, « on n’a pas de moyens pour transporter le corps
à Ndom [dans la Sanaga maritime, ndlr] notre village. J’espère que le délégué
qui casse les maisons pourra nous donner un cercueil », lance Samuel Bapes.
La défunte, âgée de 92 ans, était mère de deux enfants et de nombreux
petits-fils. Sa maison démolie le 29 juillet dernier dans le cadre
l’assainissement de la ville de Yaoundé par la communauté urbaine, est un don de
son frère aîné qui, lui, réside au quartier Melen de Yaoundé. Source : Le Jour
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