Les principaux acteurs de la chaîne de distribution des journaux au Cameroun
sont unanimes à affirmer que les pertes dues à l’arrêt d’activités des
dépositaires de journaux, sont inestimables.
Les kiosques étant restés fermés toute la journée d’hier, ce depuis que la
Sociladra a, par voie de Me Koumedjale Eva marquis, huissier de justice à
Yaoundé, posé des scellées sur tous les kiosques à journaux de Yaoundé, vendredi
dernier.
Du coup, les lecteurs ont été sevrés des journaux hier. Et “en dehors des
abonnés qui ont reçu normalement leurs journaux, puisque ne dépendant pas du
circuit traditionnel de distribution, les autres lecteurs qui doivent acheter
leur journal par voie de vente directe n’ont pu l’avoir”, comme a témoigné un
responsable de Cameroon tribune.
Si Gabriel Fotio, propriétaire de plusieurs kiosques à Yaoundé, prend entre 300
et 400 exemplaires des quotidiens par jour, en fonction des unes des journaux, aussi bien
Messapresse, distributeur de la presse au premier niveau, que les responsables
d’entreprises de presse et les dépositaires, tous victimes principales de la
fermeture des kiosques, nul ne peut évaluer avec exactitude les pertes
conséquentes. “Les chiffres des ventes sont très variants”, justifie Jean Obam,
responsable commercial de l’agence Messapresse de Yaoundé. D’autant plus que ces
chiffres sont tributaires de divers aléas. Pour M. Obam de Messapresse, “les
ventes sont fonction du titre, de l’heure de parution, de l’accroche de la une”.
Quant à Innocent Tankoua, dépositaire de kiosque, “les recettes dépendent des
jours, des kiosques, de l’actualité et de l’information à la une des journaux”.
Et puis, “nous sommes un lundi. Et en plus des quotidiens, la plupart des
hebdomadaires et des autres journaux paraissent ce jour”, argumente Etienne
Djifack, président de l’Association des dépositaires et marchands de journaux de
Yaoundé. Sans oublier que les tenanciers de kiosques semblent dans leur majorité
croire que “le jour de parution, les ventes sont généralement plus importantes”.
Plus pratique, Olivier Fokam, directeur des affaires commerciales et marketing
de la South media corporation (Smc), entreprise éditrice du quotidien Mutations,
pense qu’“il faut dissocier les pertes en terme de ventes et les pertes en terme
d’insertions publicitaires”. Sans toutefois considérer le volume du tirage, le
prix de vente à l’exemplaire, ni les annonces, Olivier Fokam estime les pertes
cumulées (ventes et insertions) pour une journée à “en moyenne 2.500.000F Cfa
pour un quotidien”. De toutes les façons, des millions, à considérer le coût de
production. En outre, “non seulement on ne va pas vendre le journal, mais vous
n’aurez pas rendu service à l’annonceur” qui a souscrit un espace dans votre
journal. Alors, “il peut décider de ne pas vous payer et il aura raison, puisque
son message n’a pas atteint sa cible, notamment pour une annonce dont l’urgence
était signalée” et qui peut devenir caduque. Pour Olivier Fokam, seule la
compréhension des annonceurs est à implorer, “puisque l’incident est le fait
d’un partenaire et non des éditeurs de presse avec lesquelles ils ont signé des
contrats”.
Au-delà des entreprises de presse et du circuit de distribution, il faut noter
qu’il s’agit d’une source de subsistance pour de nombreuses familles. Gabriel
Fotio est dépositaire de quelques kiosques à Yaoundé et emploie “une trentaine
de personnes qui sont tous au chômage depuis ce matin ; or ce sont des gens qui
vivent au jour le jour”, souligne-t-il.
Source : La Nouvelle Expression
|