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Culture : Pour sortir des 12 plaies de la musique Camerounaise Par Julius Essoka
(23/08/2019)
Il est courant d’entendre parler de malédiction et d’autres abysses quand on évoque la musique camerounaise. Restons donc dans ce champ lexical pour essayer d’exorciser les choses.
Par Bonaberi.com : Dominique Moukalla

Il est courant d’entendre parler de malédiction et d’autres abysses quand on évoque la musique camerounaise. Restons donc dans ce champ lexical pour essayer d’exorciser les choses. Comme sa terre, la musique camerounaise est riche, mais son musicien est pauvre, c’est évident.
Dire que ce pays produit parmi les meilleurs artistes de ce monde sans conservatoires ni écoles de musique dignes de ce nom, voilà ce qui est scandaleux !
Et je m’avancerais à dire que si notre musique était structurée, elle ferait des envieux au-delà de nos frontières. Le traitement suivant est loin d’être exhaustif, il recense juste les éléments clés à traiter d’urgence, pour vaincre cette malédiction si jamais, elle existe. Depuis près de trois décennies, les tensions et les clans font le quotidien des pseudo luttes pour les droits-d’auteur ; ce sont les mêmes qui multiplient les voyages en avions, les émissions dans les médias, et les sorties dans les réseaux sociaux au nom de des crève-la faim dont ils se réclament, sans même jamais leur rendre compte.

L'administration camerounaise en jouant son rôle de médiateur, mérite notre gratitude et des encouragements mais elle peut encore faire plus. Nos musiciens doivent aussi comprendre qu’ils ne sont pas en mesure de gérer des structures aussi complexes que leur corporation, à moins d’en avoir le bagage. Avec la SONACAM (Société Nationale des Auteurs et Compositeurs de Musique) et la SCDV (Société Camerounaise des Droits Voisins), c’est une énième opportunité pour les musiciens et professionnels de la musique de se prendre en charge, à moins de s’étouffer en s'entêtant dans leurs divisions et luttes claniques orchestrées par on ne sait trop qui.

C'est le moment de manifester des intérêts constructifs au lieu d’inviter l'abjection, les insultes gratuites et la manipulation. Examinons : Si notre musique n’est pas suffisamment jouée ici ou ailleurs, Si la critique musicale n’existe pas pour stimuler la qualité, Si les mélomanes sont prisonniers des diffuseurs, Si nous apprécions la musique sur Spotify/Deezer et attendons le CD dédicacé et gratuit d’un artiste au lieu de l’acheter, Si nos grands artistes doivent essuyer les planches d’un étranger avec deux singles à son actif, Si nos multinationales et nos organisateurs de concerts ne peuvent servir à longueur de mois que des spectacles fort payés aux artistes d’ailleurs alors que les nôtres ont juste de quoi payer leurs frais de pressing, il y a quelque chose à faire !



1.La Mise en place d’une industrie musicale

Il faut agir maintenant ! Quand on construit une maison, le plombier n’installe pas la lumière ; c’est pareil pour la musique ! Il faut bien distinguer un producteur d’un éditeur, un manager d’un chargé de relations publiques, et même un auteur d’un compositeur. Au Cameroun, quelqu’un a dû faire croire qu’on ne chante que ce qu’on produit soi-même. Du coup, les oreilles et les cœurs de ceux qui tombent sur certaines chansons souffrent. De grâce, faites entrer les paroliers, les compositeurs etc. Nous devons structurer les métiers de la musique et du disque. Il nous faut même d’abord exister. Il est insensé de le dire, mais à ce jour, le Cameroun n’existe pas musicalement dans l’identification de la musique mondiale. Expliquons-le terre à terre ; chaque chanson a une identification, comme le code 2 ISBN d’un livre ou notre CNI... le Code ISRC (International Standard Recording Code), délivré par l’IFPI (International Phonographic Industry). Ne faisant pas partie de cette structure, c’est comme un voyageur qui n’a pas de passeport. Du coup, l’œuvre du Camerounais qu’on joue à New York, Nairobi, Canberra ou Berlin n’a pas de traçabilité.
Elle est un fantôme ! Et s’il faut la faire rémunérer par les sociétés d’auteurs et compositeurs, le CISAC (Confédération Internationale des Auteurs et compositeurs) qui est la plus grande instance en matière de gestion collective des auteurs compositeurs aura du mal à vous aider ; le Cameroun y est encore représenté par… la CMC. Aller savoir ! Le monde étant une gousse d’ail dont les portions sont à la fois si proches et si lointaines, les chansons du jeune homme de Nkolmessang, du groupe de Mile 17 ou de la Demoiselle de Barré Soutoum désormais disponibles sur les radios étrangères et sur certains médias, pour se faire payer les d’éventuels royalties, sont obligés d’acheter leurs codes à des maisons américaines ou européennes.

En gros, ce sont des œuvres camerounaises qui ont acquis la nationalité américaine ou européenne, nous avons donc un patrimoine fictif ! Mais exister pose un premier problème ; quel est notre contenu, qu’est-ce que nous offrons ? La musique est un pilier de l’industrie du divertissement, et quand on y accède, il faut que cette dépense ait un sens, sinon, on se contentera des bières et des grillades : - Nos musiques donnent-elles envie d’être écoutées, vantées? - Nos artistes sont-ils capables de faire des spectacles bien montés, calibrés? - Nos artistes assistent-ils à des concerts pour apprendre et mieux éviter les échecs à défaut de capter les meilleures astuces ? - Pour quelqu’un qui veut un CD de musique camerounaise, quelle offre et pourquoi ? - Pour vendre/acheter nos disques, le prix fait-il défaut ? Il faut une organisation. Dans la production et dans la diffusion. Aujourd’hui par exemple, la programmation est une farce ; la même cible a trois de ses artistes en concert le même soir, à des tarifs bien différents.

Bonjour l’embarras ou vive le moins-cher ! Il faut aussi trouver une salle. Nos promoteurs savent-ils que les salles de spectacles n’ont pas forcement 3 000 places et que le monde de la musique Live préfère parfois les salles dites intimistes de 80 à 150 places en moyenne ? Et bien d'autres interrogations encore!


2. Talentueux mais pauvre Bien loin,

L’époque des grands peintres qui bradaient leurs œuvres pour un bol de soupe ou des bouchées de pain ; aujourd’hui, leurs tableaux coûtent des milliards de dollars. Nous ne voulons pas voir ça ! Il y a BEAUCOUP d’argent dans la musique, et le Cameroun n’a même pas encore ouvert la porte de cette antichambre ! La précarité des musiciens camerounais, loin des lobbies et clans, vient de cette corporation pleine de connaisseurs et de vedettes qui s’étripent. La vérité est aussi crue que de dire que si les gens ne se mettent pas ensemble pour comprendre leur industrie et suivre les canons internationaux, les pleurs continueront et certains succès n’auront de richesse que le fait d’être passés à la radio, à la télé ou dans les clés USB ! Sachez-le, l'art est un luxe! Mais l'art demande aussi beaucoup de travail. Que peut bien produire un artiste qui a faim ? Du spleen pour une œuvre, mais au bout de la deuxième, il est déjà mort: on lance les appels à se cotiser via Facebook et des réunions dans un vieux restaurant de Yaoundé ou de Douala pour organiser une grande veillée musicale avec un matériel pourri, et, les organisateurs se perdront dans la nature avec des téléphones qui ne sonnent plus ! 3 La renommée croissante de nos instrumentistes, la prolifération des médias et des appareils d'écoute sont censées aider: quelle fausse note! La jeune génération croit rouler carrosse en arborant des marques qu’ils ne consomment même pas ! C’est une échappatoire qui ne peut pas aider un grand nombre.

Dans ce pays, les musiciens d'hier ont été de richissimes Messieurs et Dames. Renseignez-vous ! Il leur a manqué de l’encadrement, de la formation, et de la structuration… aujourd’hui, la chance et les opportunités ne doivent pas s’évanouir.

Nous apprécions des œuvres vieilles de 10, 20 ou 30 ans qui transpirent des talents incroyables, face à leurs propriétaires, véritables loques humaines que la télévision récupère au détour d’un reportage à l’arrière-pays.

Aujourd'hui, notre musique va plus loin, elle peut gagner des milliers de fois plus, mais elle reste pauvre à cause des questions sans réponses évoquées plus haut : - Pauvre, parce nous n’avons pas d’objectif comme les footballeurs à la CAN, - Pauvre parce que, au lieu de battre les autres, nous préférons les copier et les singer. - Pauvre parce que nous ne sommes pas exigeants avec la qualité, - Pauvre parce que les pouvoirs publics mettent des moyens mal canalisés, - Pauvre parce que nous parlons Single, EP, et label au lieu de faire d’abord de la musique avec un plan et une identité. Un musicien sans musique ne doit pas attendre l’argent de la musique !


3.Le retour à la dignité


Rien n’est perdu. Nos musiciens ont besoin de se mettre au travail pour développer une aura, se vendre, avoir des perspectives d'avenir, des plans de carrière. Ils doivent jouir du fruit de leur travail ; ce guitariste, cet ingénieur du son ou cette choriste croulant de sommeil à l'heure du chant du coq au sortir d'un cabaret ou d'un studio, pour qui la seule fierté est de dire dans les bas-fonds des quartiers, avoir joué avec un tel ou telle autre dans un titre au succès éphémère de deux mois, c’est fini ! Musiciens de ce pays, enregistrez-vous à la SONACAM, à la SCDV !
Il y va surtout du statut de l’artiste et des métiers autour pour vos droits.
Se faire délivrer une attestation d’artiste, c’est bien, mais qu’est-ce qui accompagne ce statut ? Le Compte d’affectation spéciale du Ministère des Art et de la Culture existe ; il subventionne des projets çà et là. Quelle évaluation après plus de vingt ans à plus d’un milliard de franc chaque année ? Ne pourrait-il pas dédier un pourcentage à la réalisation concrète des cadres qui accompagnent la musique, tels qu’un plan pour construire une ou deux salles de spectacle par an ? La SONACAM et la SCDV ne sont pas des machines à répartitions, ce sont des sociétés civiles qui peuvent créer leurs propres ressources, organiser des formations, créer leurs propres richesses, subventionner les spectacles, créer des partenariats. Pour aider les médias dans leurs illustrations, elles peuvent monter des banques de données en Musicothèque, Sonothèque, Photothèque, qui seront des signes d’authenticité et du revenu additionnel pour les musiciens et leurs ayants-droits. Avec la prolifération des médias, la musique camerounaise est plus que jamais accessible, mais proportionnellement à sa production, elle paye aujourd’hui moins qu’hier.

Les différents acteurs doivent s’asseoir autour d’une table.


4. Le paraître :gestion d'un nouvel esprit

Les musiciens camerounais qui pensent qu’être le meilleur du pays est un objectif, se trompent ; il y a juste une émulation à l’intérieur, la bataille est à l’extérieur ! C’est cela qui contribue à l’apport du Cameroun à l’universel. C’est ce qui fonde et cimente la considération à l’étranger et sur le plan local.

Nous voulons des gens dans la lignée des Manu Dibango, des Sally Nyollo, des Petit Pays et que sais-je encore ? Le marketing camerounais est reconnu dans le continent… Il peut aider à rendre nos musiciens « bankable » en matière de branding, de e-reputation, avec pour résultat une vraie valeur ajoutée sur divers plans.

Cela signifie que le regard des consommateurs et des partenaires va forcément changer. Il n’y aura plus 50 000 FCFA pour le carburant de l’artiste lors d’un mariage à quinze millions dans un hôtel du Boulevard du 20 mai, sous le prétexte d’aider un frère ou une sœur et de lui faire en retour, « gagner en visibilité »! Les normes internationales de qualité et de quantité doivent être respectées, d'autant plus que leur défaillance crée l'appel à d'autres musiques, à la corrosion du patrimoine: la concurrence a des lois! Un musicien doit avoir un compte bancaire, une adresse email, un dossier de presse etc., bref un package basique qui fera qu'on le prenne au sérieux… Sinon, qu’il s’attende à ghettoïser son travail.

Un acheteur ou un partenaire ne va jamais vous proposer le prix d’une brouette s’il voit votre Rolls Royce devant sa porte ! Toutefois, le travail de transformation du musicien doit se passer avec celui de la transformation du public. Il n’y a pas plus fan de musique congolaise qu’un congolais, et aucun sénégalais ne fera passer une autre musique avant la sienne. Si les musiciens camerounais prennent le pari de mieux produire, le public les suivra !


5.Les perspectives


Il faut donc gagner sa vie, et pour le musicien, produire du bon divertissement (se fixer sur la qualité), présenter et représenter la culture camerounaise. Avec les nouvelles technologies, ici c'est partout et nulle part à la fois.

Dans certains contextes, c'est même la musique qui est la vitrine du pays, et les politiques doivent la soutenir dans le bon sens: quand on parle de la Jamaïque, voit-on autre chose avant le reggae? A part Cesaria Evora, sait-on grand-chose du Cap-Vert? Notre musique est appelée à être écoutée partout et, ses sonorités, ses mélodies, marquent notre identité.

Qu'est-ce qui la porte encore aujourd'hui? Il faut des champs d’émulation et surtout lui consacrer du temps dans nos médias et nos cérémonies, pour anticiper sur un protectionnisme avec les quotas de diffusion ou « l’exception culturelle ».

Dans les sociétés de gestion collective, la SONACAM et la SCDV devraient axer leur travail au bien-être des artistes plus qu’à traquer des mauvais payeurs ; pourquoi ne pas faire un partenariat avec les impôts et adjoindre une fiche à la patente ou au registre de commerce, etc. ?

Et ces radios et télévisions par exemple, comment ne pas établir dès aujourd'hui des conventions ? Elles aideraient à générer les classements des artistes les plus diffusés, les plus réclamés et participer à l’échantillon commercial de la musique comme c’est fait ailleurs. Les promotions sont payantes dans le plus grand nombre de ces établissements, les musiciens reçoivent quoi en retour? Ces promoteurs de spectacles et ces multinationales; comment juguler leurs tentations du « tout est mieux dehors » ou les motiver à produire plus de bon local

6. L’exposition et la reconnaissance

Aller à la conquête du monde ou tout au moins, s'afficher au-devant du monde, nécessite des instruments tels que la presse, les revues, des sites web avec des contacts, des dossiers de presse, des images etc. Aujourd’hui, si vous recherchez un artiste camerounais, vous êtes parfois obligés de contacter une cousine parce qu’il était à son mariage ou avait chanté au baptême de la fille de ses amis. Non, ça ne marche pas ! Il faut des outils pour que le rêve passe, qu’il soit accessible pour que le bonheur que procure une œuvre soit plein. Les Récompenses se multiplient ; « Canal 2’or », « Balafon Music Awards », et plein d’autres, c’est encourageant, mais il faut beaucoup plus. Qu’elle était plus motivante, l’époque du Festival de 1972, des Fleurs musicales du Cameroun, des « Epis d’or » etc.

Aujourd’hui, nos artistes visent les Afrimma, Kora, MTV Awards etc. C’est une très bonne chose ! A l’état de s’impliquer pour une reconnaissance nationale : aux USA, on a les Grammy Awards, la France a les Victoires de la Musique, Les SAMA couronnent les meilleures productions en Afrique du Sud...
Et les « votez pour moi » vous saturent les messageries. Les disques d’or ont disparu ; quel producteur va encore oser déclarer les fortes ventes de son artiste au lieu de se mettre le magot dans la poche ? « La musique ne paye pas », disent-ils, mais ils vont en week-end à Dubaï. Pour peu qu’un tiers veut donc offrir mieux au pauvre poulain, ils vont sortir de l’eau bénite ! Triste. Nos reconnaissances semblent dédiées aux morts uniquement. La télé sait le faire ; on a droit à la famille qui pleure sous la véranda du domicile du défunt… et les RIP à foison.


C’est tout. Mais la culture musicale est une discipline comme l'histoire de l'art: qui a fait quoi, qui dit quoi et parle à qui, qui joue comme qui, quels sont les fondements, quelles sont ses influences, pourquoi tel et tel autre, où se trouve la tombe de telle vedette ? Voilà ce qui fait l'art, fonde et caractérise l'artiste, lui donne sa carrure et son charisme! Nous méritons des thèses sur notre musique, sur nos musiciens, des documentaires, des publications et même des études sociologiques sur le fait musical dans notre pays. Pensons à mettre en boîte de la matière.


7. Vivre de son art

Il n’y a de formules payantes que celles liées au pragmatisme: - S'investir personnellement (par la qualité du travail, le respect de l'autre et la considération personnelle) - S'adapter à la nouvelle donne des différentes évolutions de la société. Par exemple exister sur Internet ou sur les nouveaux supports (sonneries d’attente, produits dérivés) ... - Se prendre en main pour les volets administratifs et techniques, ou se faire à tout prix assister: savoir lire et signer des contrats, organiser son activité, avoir une évaluation réelle de son travail ( Dans ce cas précis, les promoteurs de spectacles sont les premiers visés: par exemple, on fait venir un X ou un Y avec leur équipe de 20 personnes, de telle ou autre partie du globe, à coups de millions, alors que pour un artiste local, l'on ne peut accepter de débourser l'équivalent du 1/3 du billet d'avion d'une seule personne) - Percevoir ses droits, spectacles, avantages en nature, bref donner la mesure d'une réelle activité artistique. Les musiciens sont à ce sujet, les premiers à jouer les garde-fous.
Mais à scruter ce champ-là, le constat est clair: ils ne sont pas préparés pour le faire. La corporation peut avoir une mercuriale, réelle ou virtuelle : autant certains décrient les cachets mirobolants des artistes étrangers, autant on se poserait la question de savoir pourquoi un jeune avec une seule chanson aura un cachet de 2 millions de francs devant les 6 cinq cent mille d’un vieux de la vielle avec huit disques, sous le fallacieux prétexte que « le père-là est fini » ?


8.La formation et le social


Le talent seul, ne suffit pas. Il faut le parfaire. La musique elle-même est dynamique ; un musicien qui ne travaille pas ses gammes décline. Les nombreuses défaillances citées plus haut appellent d'urgence à redresser la barque à travers différents volets: - Formation de l'artiste tant pour son métier que pour des ouvertures qui pourraient être des passerelles (colloques, séminaires, Master classes, ateliers d'écriture, cours de pratique musicale, cours d'expression, bourses d'études...) - Bases d'une gestion personnelle (assistance par des cabinets ou de consultants agréés ou partenaires dans l'appropriation des documents professionnels ou administratifs etc.)
Après le show, Il faut pouvoir supporter la tête qui chauffe ! Tout son entourage est convaincu que les passages à la télé ou les néons des cabarets font couler du fric sans arrêt. Non, ça s’évapore très vite. Le social doit englober les assurances, les soins médicaux et couvertures annexes liées aux transports, à l'entretien de la vie et de la famille, les domaines de la vie courante qui empêchent d'en arriver aux nombreuses cotisations de clopinettes quand un tiers décède ou dans l’attente d’une couteuse opération chirurgicale. En réalité, c'est une phase de prévention contre la précarité. Les partenariats multiples sont la solution. Une tentative de Mutuelle avait germé dans les années 90, elle a vécu comme on peut l’imaginer… il est temps de reprendre cette voie.

La reconversion

A travers différentes formations évoquées plus haut, on prépare déjà, parfois sans le savoir, à une véritable reconversion. En dehors d'une bonne approche de l'industrie musicale qu'on peut acquérir à travers des formations, des bourses, ateliers et séances de recyclages, les métiers de l'audiovisuel sont les plus accessibles. La musique doit offrir elle-même, les éléments de son dynamisme et de son actualisation, surtout de sa pérennisation. On peut passer d’instrumentiste à formateur, de chanteur à coach vocal et bien d’autres.

La retraite

Puisque l'art ne meurt, et que l'artiste lui-même tend à l'immortalité, il est important de prendre en compte que l'activité de certains artistes n'est pas viagère. Il est encore difficile d'évoquer des plans de carrière: autant penser à la survie, à la retraite ou aux périodes de baisse de forme physique ou de production artistique. La nouvelle approche de la SONACAM et de la SCDV doit par exemple avoir des plans d'inscription systématique de leurs adhérents à la CNPS et aux banques pour faciliter leur épanouissement, par exemple. Et bien entendu, les cotisations et épargnes seront déduites des répartitions des concernés

Le patrimoine

Notre musique est un héritage qu’il faut préparer par l'entremise de divers supports. Tout le monde crie à la piraterie, et c’est malheureusement elle qui est la plus grande base de données disponible dans ce pays ! Vous voulez du Rachel Tchoungui, du Jean Bikoko, Ali Baba ? Ce sont les vendeurs ambulants qui vous les trouveront. Il est possible de canaliser cette distribution de proximité pour vendre des supports légaux. Au Ghana, aucun de ces marchands ne vous vendra de la musique piratée. Pour conserver notre patrimoine, il nous faut: - Une large diffusion à travers les media (radio, presse écrite, télévision, Internet) - Une numérisation et une conservation ; Musicothèque et Sonothèque Pour le cas de ces deux derniers, on pourra retrouver des œuvres produites, ou des enregistrements de notre mémoire collective dans nos contrées et auprès des anciens et ainés, des interviews, des fiches techniques et biographies, des études, des ouvrages, etc.
Par exemple, il me plairait aujourd'hui d'écouter des entretiens avec les voix de l'Oncle Jacob Medjo Me Som, de Nelle Eyoum, de Javet Major Mekounde ou de Francis Ndom… Et les droits perçus pour les images, les sons ou les expressions des différents artistes peuvent leur revenir ou à leurs familles qui se sentent très souvent oubliées.

La SONACAM pourrait à cet effet monter un petit studio d'enregistrement de microprogrammes qu'elle mettrait à la disposition des radios, ou les conserverait pour ses propres fins, puisqu'il y aura forcément de la demande. - Photothèque. Nos images sont rares, ou pas professionnelles. Une banque de photos aiderait. - Real Book camerounais Dans nos cabarets aujourd'hui, se jouent des « classiques » de la musique camerounaise, mais le danois intéressé par la musique de Tala André Marie est obligé de la suivre à l’oreille et la transcrire… C’est un outil de travail qui peut se faire à partir d'un échantillon de 100 titres ou plus, proposés par le public. Nous frôlons plutôt les douze travaux d’Hercule. Mais tenez-le pour dit, je n’ai pas vu le temps passer, je rédigeais ce travail en écoutant de la musique Camerounaise.


Julius ESSOKA B.P. 18 403 Douala Tel : 677160891 juliusessoka@gmail.com



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