Soacam, un des principaux importateurs de riz à Douala, réalise une vente groupée
Carole Eboumbou, déléguée départementale du Mincommerce pour le Wouri. Ce jeudi 5 juin 2008 restera particulier pour de nombreux commerçants de certains marchés de Douala.
En fait, ce sont les représentants de près de trois cents détaillants venus des marchés Central, New Deïdo, Mabanda, Bonassama et Mboppi. Cette matinée, ils doivent retirer 687 sacs de 50 kg de riz. La denrée, pour l’essentiel, est importée depuis la Thaïlande par Soacam. Seuls 61 sacs de riz viennent de l’Inde. Il faut ajouter à cela 5 sacs de sucre en poudre obtenus auprès de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) pour les commerçants du marché Mabanda. Le tout pour 9 800 000 Fcfa.
L’opération rentre dans le cadre des achats groupés initiés dans un protocole signé il y a deux mois entre le Mincommerce et les commerçants. Ce protocole préconise que des achats soient effectués en groupes, pour permettre aux commerçants détaillants de pouvoir obtenir de grosses quantités de marchandises directement auprès des importateurs. L’objectif étant de « contourner » les grossistes accusés, pour la plupart, de créer des marges plus élevées auprès des détaillants. Et même de créer la pénurie pour justifier la spéculation sur les produits.
Hier avait donc lieu le lancement officiel de cette opération dans le département du Wouri. Après un mois de négociations et de réunions, le délégué provincial du Mincommerce, David Tsegui, est parvenu à obtenir de Soacam des concessions pour que ces commerçants puissent acquérir directement du riz auprès de l’importateur. « Nous attendons que d’autres entreprises suivent. Cela aiderait à se rapprocher de l’objectif qui est la baisse réelle des prix des produits de première nécessité sur le marché », souligne le délégué provincial.
Pertes supposées ?
Seulement, et même s’ils saluent « la médiation de la délégation », les commerçants ne semblent pas totalement satisfaits. Certes, ils reconnaissent qu’en achetant auprès des grossistes, ils auraient plutôt dépensé dans les 15 millions Fcfa pour toute cette marchandise. « Mais, en achetant grâce à ce protocole, nous allons revendre sans bénéfice », explique M. Tchendjou, président du Syndicat des commerçants détaillants du Wouri (Syncodew). Dans leurs différents marchés, ils ont également constitués ce que le gouvernement avaient appelé « magasins témoins » ; des endroits où l’on devrait en principe vendre les marchandises aux prix officiels. Selon ces détaillants, un sac de riz thaïlandais Neima de 50 kg par exemple leur revient à 14 500 Fcfa en achetant à Socam avec le transport, la manutention, etc. Or, l’Etat avait fixé le sac de riz à 14 450. « Donc, nous tournons à perte », se plaignent les détaillants.
A la délégation provinciale, l’on rejette ces arguments. « La manutention ne leur est pas demandée. Et dans ce cas, le transport revient très moins cher puisqu’il est payé en groupe. Nous avons durement négocié avec les magasins et avons pu obtenir que le sac revienne à 14 000 Fcfa. Et même pour maintenir les quantités commandées. Donc, ils ne peuvent pas dire qu’ils tournent à perte », explique David Tseguy. Pour qui, c’est bien connu, les commerçants avouent difficilement faire des bénéfices.
Dans tous les cas, les détaillants espèrent que l’action va se poursuivre. Ils espèrent également que la réunion de mardi prochain, 10 juin, va tenir compte des « charges supplémentaires » pour définir un protocole plus complet. Autre souhait : que l’opération de la délégation provinciale du Littoral s’étende sur tous les autres produits comme le savon, le lait, l’huile, etc. Pour l’heure, la représentation du Mincommerce dans le Littoral compte pérenniser l’opération, et surtout l’étendre dans tous les départements de la province.
Source: Le Messager
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