Le mât qui porte le drapeau est solidement planté dans le sol. Il faut approcher l’édifice pour se rendre compte que tout est fermé. Hermétiquement. En l’absence du maire, c’est le 1er adjoint, Mme Bebey, qui assure l’intérim. Et vraisemblablement avec quelques difficultés : “ Depuis les évènements que nous avons connus, dans la dernière semaine du mois de février, la mairie est presque paralysée ”, confie un conducteur de moto taxi.
L’on a du mal à enregistrer les différents actes. “ Je viens d’accoucher. Depuis la semaine passée (semaine du 11 mars 2008 ndlr), je n’arrive pas à déclarer sa naissance et le délai prévu par la loi arrive bientôt à échéance ”, affirme Françoise Ngatché qui n’est pas la seule dans ce cas. Le couple Lembé, lui, tente de faire publier les bans de son futur mariage. “ Notre mariage a été repoussé une première fois pour des raisons qui nous sont personnelles. Les cérémonies sont prévues pour le début du mois de mai. Ce serait regrettable d’avoir à changer encore de date”. L’équipe municipale en place est celle qui a été élue lors des dernières consultations populaires, sur la liste de Paul Eric Kinguè. Peut-elle garder le moral et travailler avec enthousiasme alors que le maire est aux arrêts ?
Par ailleurs, les employés communaux de Njombé-Penja n’ont plus touché de salaire depuis fin décembre 2007 à cause d’une mésentente entre le maire Kingue et le receveur municipal, Clément David Nsamba. Selon les informations recueillies sur le terrain, le receveur n’entendait pas coopérer au versement des salaires fictifs. Une partie des employés de la commune ayant été recrutés par le maire de Njombé-Penja sans l’aval du préfet du Moungo. Paul Eric Kinguè avait argué, indique-t-on, qu’il n’a pas nécessairement besoin d’un Ok de M. Gambo pour embaucher dans sa commune. L’affaire a valu à Mme Salla Bédi Chantal, Sg de la mairie, d’être relevée de ses fonctions peu avant l’interpellation et l’arrestation du maire, vendredi 29 février.
Motos taximen, petits commerçants, ou simples habitants du coin, ils sont nombreux à être touchés par l’absence du maire Paul Eric Kinguè. “ Il était proche des commerçants, du bas peuple. Nous sommes un peu orphelins aujourd’hui… ”, martèlent des voisins de la famille Kingué. Mais tous les habitants de la commune n’éprouvent pas le même sentiment. Si on se dit peiné à Penja de voir le maire détenu, à Njombe, de nombreuses personnes semblent se réjouir de son arrestation. Le chef Mpoula dont les déclarations ont fortement contribué à confondre Paul Eric Kinguè, persiste et signe : “ Il faut ne pas connaître Kinguè, ignorer toutes ses manigances pour le créditer d’un brin d’honnêteté. Je l’ai vu réunissant ses milices, organisant des barrages, les pillages, dans la semaine du 25 février dernier ”.
Les restes de l’un de ses véhicules incendiés par les manifestants sont figés sur le pont qui relie le site de la mairie à l’autre partie de la commune. Ils témoignent de la violence des émeutes qui ont arraché la vie au jeune Bonang Omang Jean-Pierre, mercredi 27 février 2008. Il est devenu le symbole de cette jeunesse camerounaise qui a payé de son sang pour avoir dit “ Stop à la vie chère ”.
Même si quelques-uns les trouvent justifiées, l’arrestation et la suspension de Paul Eric Kinguè, le maire élu de Njombé-Penja, cause un traumatisme aux administrés.
Source: Le Messager
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