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Comment gouverner en toute illégalité
(23/05/2008)
Le patron de la province du Littoral préside des manifestations publiques en foulant au pied son propre arrêté.
Par Léger Ntiga
Francis Faï Yengo, gouverneur du Littoral
Francis Faï Yengo, gouverneur du Littoral
Comme le 11 février, le 08 mars ou plus récemment encore, le 1er mai, mardi 20 mai dernier, la place de l’Udéac à Douala a servi de cadre aux festivités officielles marquant la commémoration du 36e anniversaire de l’Etat unitaire au Cameroun. Cette énième manifestation publique organisée à Douala intervient alors que la province du Littoral se trouve, depuis le 15 janvier 2008, sous le coup d’un arrêté interdisant l’organisation de manifestations publiques sur toute son étendue. A rebours de ce qui précède, l’actuel gouverneur de la province du Littoral a excipé qu’il n’y a rien d’illégal dans la célébration de la fête nationale dans son unité de commandement. L’acte controversé du gouverneur a été pris dans l’optique de réprimer, au besoin dans le sang, les actions de contestation sur la voie publique soldées par la mort de nombreux Camerounais.

Cela à la suite de l’annonce par le Chef de l’Etat du projet de révision constitutionnelle le 31 décembre 2007 (dans son message de fin d’année à la nation), connaît ainsi donc une application à géométrie variable. Si cette pratique dans la gestion du pouvoir par nombre de collaborateurs de Paul Biya ne surprend véritablement plus les observateurs avertis, elle intrigue tout de même chez le successeur de Gounoko Haounaye.

"Une mission stricte de maintien de l’ordre", a été prescrite à son installation de 11 décembre 2007 par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), Marafa Hamidou Yaya au prédécesseur (transparent) de Koumpa Issa dans la province du Centre. Surtout que derrière son visage d’agneau, l’ancien préfet de la Menchum et de la Mezam dans la province du Nord-ouest, sait faire usage du bâton. Comme il le fit à Bamenda aussi bien à la tête du département que du secrétariat général de la province lors des émeutes de Jakiri, Oku et Bafut au cours du triste week-end pascal de 1997. A l’occasion, les populations excédées par des cas de violation répétée des droits de l’homme, s’attaquèrent aux édifices publics.

Instrumentalisation

La suite est connue: Des morts en série et une instrumentalisation dans l’orientation donnée à la crise par le gouvernement à travers les colonnes de Jeune Afrique Economie et Jeune Afrique. Nommé gouverneur du Littoral après son séjour au même poste dans l’Adamaoua et un bref retour dans les services centraux du Minatd à Yaoundé, sa promotion, a souligné Marafa Hamidou Yaya, "obéit à la logique de la promotion et de la performance au sein de l’administration". Administrateur civil principal qualifié de "chevronné" par le ministre de l’Administration territoriale, Francis Faï Yengo est né le 11 février 1955 dans la province du Nord-Ouest. Ce père de plusieurs enfants a cependant révélé une autre facette de sa vie de polygame (y compris à son épouse), à travers la rubrique "Jardin secret" du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune au cours de l’année 2006. Un autre rebondissement donc dans son parcours. Un peu comme celui qui l’a conduit à présider désormais aux destinées de la population variée et "délicate" de Douala. Un peuple par rapport auquel, le Minatd a prescrit au nouveau gouverneur de tenir dans la ligne de mire les conducteurs de motos "dont le comportement se situe généralement en marge du respect de la loi".

La présence du délégué général à la Sûreté nationale, Edgar Alain Mebe Ngo'o, à la cérémonie d’installation, le 11 décembre 2007 peut-elle se lire sous ce prisme? On pourrait le penser en tout cas, bien que sa venue ait été présentée comme une coïncidence avec la pose de la première pierre de l’hôtel de police de la ville. Cette autre cérémonie a d’ailleurs eu lieu juste après l’installation de Francis Faï Yengo sur le site devant accueillir cette bâtisse au boulevard Leclerc de la capitale économique. Toujours est-il que le 20 mai dernier, la question de l’arrêté du 15 janvier 2008, qui faisait déjà désordre dans l’esprit de plusieurs responsables de partis politiques dont ceux basés à Douala, n’a pas manqué pas de susciter la confusion.

C’est sans doute à cette aune là qu’il faut juger l’appel le 15 mai dernier du président provincial du Sdf pour le Littoral, Jean Michel Nintcheu et qui subordonnait la présence de ses militants au défilé à cette levée. Seulement, le gouverneur est resté de marbre. Une attitude de Francis Faï Yengo qui peut se lire comme une constance dans sa démarche quitte à gouverner en toute illégalité. Une pratique érigée au Cameroun en mode de gestion de conflits sociopolitiques. Cette approche se caractérise chez les dirigeants comme c’est le cas avec le gouverneur Faï Yengo, par une obstination à ne reculer devant rien. Même pas devant les lois et textes règlementaires de la République. Conséquence, pour reprendre Pius Njawé, l’on s’oppose invariablement par la force à tout débat contradictoire ou à la moindre contestation.


Source: Quotidien Mutations


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