Depuis la naissance de cette fille, ses parents avaient perdu le sommeil, ne sachant pas où donner de la tête. A la naissance, leur enfant présentait en effet une microcéphalie, petite tête, recouverte par une peau dévitalisée, sans chevelure et un peu suintante. Cette excroissance localisée dans la région arrière de la tête était reliée au crâne par la base.
En médecine, le nom donné à cette malformation cérébrale est encéphalocèle. "Par définition, les encéphalocèles font partie d’un ensemble de malformations du tube neural, il s’agit plus précisément d’une hernie du contenu crânien hors du crâne, à travers un déficit osseux", a expliqué Dr Samuel Njinkoué Wandja, neurochirurgien en service au centre hospitalier panafricain Gsa-Douala. C’est sous la direction de ce médecin qu’une petite équipe médicale a réalisé avec succès l’ablation de cette excroissance cérébrale.
Selon quelques médecins qui constituaient le panel des intervenants ce jour-là, il s’agit d’une grande première au Cameroun. "Jamais, une telle intervention chirurgicale n’avait eu lieu au pays", ont-ils soutenu. Selon Dr Samuel Mack-Kit, cardiologue et directeur du centre hospitalier panafricain Gsa, les enfants nés avec une telle malformation étaient traités de sorciers et voués à la mort. "Et pourtant, l’on peut, avec plus ou moins de réussite, trouver à des solutions salutaires pour ces enfants", a-t-il relevé.
Le traitement de l’éncéphalocèle dépend en effet d’un certain nombre de paramètres. A savoir, la taille, la localisation et le contenu de l’encéphalocèle. "La plupart de ces malformations peuvent être opérées. Seulement, une excision est contre-indiquée si l’encéphalocèle contient des structures vitales", a poursuivi Dr Samuel Wandja. Selon lui, le cas de la petite Angèle était d’ailleurs plus problématique dans la mesure où il s’agissait d’une encéphalocèle inhabituelle, qui présentait un cerveau de part et d’autre. Décision prise, une équipe de médecins s’est néanmoins mise à l’œuvre avec pour objectif de sauver la vie de cette enfant.
Selon Sonia Teufack, étudiante à l’université de Saint-Louis au Missouri (Etats-Unis) et actuellement en stage à Douala, quatre enfants sur 100 sont atteints, à leur naissance, de l’encéphalocèle. Et, soutient-il, cette malformation se développe habituellement au cours du premier trimestre de la grossesse. "Sans trop comprendre le pourquoi et le comment, cette malformation reste plus élevée chez les hommes que chez les femmes". Parmi les facteurs à risque, les médecins citent, entre autres, les médicaments contre-indiqués en période de grossesse, l’automédication, etc. Heureusement, la petite Angèle se porte bien. Elle devrait sortir de l’hôpital samedi 16 février dernier. 4936
Source: Quotidien Mutations
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