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Ces hommes qui exercent des métiers dits de femme
(22/03/2009)
Dans le contexte camerounais, exercer un métier traditionnellement reconnu comme activité féminine semble humiliant pour beaucoup d’hommes. Toutefois, la hausse du taux de chômage ne laisse pas de choix à beaucoup d’entre eux
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
La pancarte de l'onglerie "Alex pose ongles" à Bastos
La pancarte de l'onglerie "Alex pose ongles" à Bastos
« Alex pose ongles » est une enseigne bien connue des jeunes filles de yaoundé. Située au carrefour Bastos, cette structure s’est bâtie une réputation dans le domaine de la pose des ongles artificiels : pour preuve, les clientes affluent ici dès l’ouverture des portes.

Dans cette « onglerie », pas d’employées femmes : rien que des hommes dont l’age tourne entre 25 et 30 ans, si l’on s’en tient à leur apparence physique. A l’intonation de leurs voix, on comprend vite qu’il s’agit d’expatriés. L’activité quotidienne de ces jeunes hommes est d’effectuer des manucures et pédicures ainsi que de poser des ongles artificiels aux femmes. Ni Alex ni ses employés ne veulent pourtant s’exprimer sur les motivations ayant entraîné leur choix pour cette activité. Ils ne souhaitent pas non plus être filmés. Toutefois, en collectant des informations auprès de voisins et de quelques clientes, on apprendra qu’après s’être essayé à plusieurs petits boulots, Alex est « tombé par hasard » dans cette activité. Voyant que le domaine était porteur, il a tôt fait d’initier quelques uns de ses frères.

Plusieurs kilomètres plus loin, c’est au lieu dit « Mobil Essos » que l’on retrouve « le père ». Il s’agit d’un monsieur d’environ 40 ans qui frit des beignets au bord de la route comme beaucoup de femmes le font. Assis sur un tabouret, « le père » s’essuie de temps en temps les yeux qui larmoient sous les effets conjugués de la fumée et du vent. A coté de lui, se trouve une marmite de pâte à frire qu’il manipule avec dextérité. En plus des beignets, « le père » propose du haricot et de la bouillie à ses clients. Ici, comme à Bastos, « le père » ne souhaite pas être filmé. Il accepte tout de même de lever un pan de voile sur le choix de cette activité.

Entre deux commandes, « le père » lâche de temps en temps des bribes de phrases. On apprend alors qu’il frit des beignets depuis 5 ans environ. C’est à la suite d’un chômage prolongé qu’il se fait initier à ce métier par une dame chez qui il avait coutume de manger des beignets. « Le père » reconnaît ne pas être fier d’exercer cette activité mais continue, sous la pression des charges sociales et faute de mieux. La vue d’un homme qui tourne une patte, la coupe, la fait frire, lave les plats pour servir les clients est suffisamment rare pour susciter la curiosité des populations. « Au début, la plupart des gens venaient ici par curiosité. Les gens s’asseyaient pour voir comment je fris les beignets et beaucoup achetaient seulement pour voir si les beignets d’un homme pouvaient être aussi bons que ceux d’une femme » raconte « le père ».

Au lieu dit « Nkomkana », d’autres hommes se sont spécialisés dans la coiffure pour femmes. Dans ce salon de coiffure, il n’est pas étonnant de voir des hommes faire des shampoings, poser des bigoudis, faire des nattes et même tisser des greffes. Ces jeunes ghanéens ont vite ravalé leur fierté lorsqu’ils se sont rendus compte que les femmes dépensent beaucoup d’argent pour leur beauté. C’est ainsi qu’ils se sont lancés dans la coiffure. L’activité dure depuis près de 10ans et l’entreprise ne cesse de s’accroître. « Je suis cliente ici depuis 5 ans. Lorsque je venais au début, ce salon n’avait pas autant de matériels. Je constate que le nombre de casque à vapeur a augmenté, le matériel de manucure est lui aussi plus sophistiqué. Eux-mêmes ont beaucoup changé. Rien qu’à voir les marques de leur téléphone portable ou les griffes des vêtements qu’ils portent, on sent que leur business marche » déclare Odile, une cliente venue faire un soin de visage.

L’incursion des hommes dans des activités « masculinement non conventionnelles » a gagné tous les secteurs d’activité. Au Cameroun, on retrouve désormais des hommes « baby-sitter », coiffeurs, « natteurs » et même homme au foyer. A l’observation, les hommes s’insèrent plus facilement dans des métiers dits féminins que les femmes dans des métiers dits masculins. On a encore en mémoire, le souvenir de cette jeune dame qui exerçait le métier de chauffeur de taxi à Yaoundé. On n’a pas vu cette dame conduire les voitures jaunes pendant plus d’un mois. La rumeur dira qu’un monsieur lui a gentiment proposé de troquer sa casquette de taxiwoman contre celle d’épouse et de mère au foyer.







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