Le bar à 650 francs le kilo
En ce début de mois de janvier, toutes les poissonneries du marché de Mokolo de Yaoundé, affichent les prix homologués. Pour ce qui est du « bar corvina » par exemple, le prix affiché est de 985cfa/kg. Mais une fois à la caisse, ce poisson est plutôt facturé à 1100 cfa/kg.
Les ménagères n’étant pas toujours vigilantes, cette arnaque échappe très souvent à leur attention surtout lorsqu’elles ne savent pas lire les balances électroniques. C’est tout à fait par hasard que Madeleine M. découvre la supercherie. Elle relate cette découverte en ces termes : «… étant à court d’argent en ce début de mois de janvier, j’étais très attentive à mes dépenses. Lorsque l’aide-caissier m’a annoncé que je devais payer 1100cfa, je lui ai rappelé que j’avais pris ce poisson dans le caisson marqué bar corvina 985cfa/kg. Il m’a répondu que j’étais libre d’acheter ou d’aller dans une autre poissonnerie ».
La lutte contre la vie chère, caractérisée par la baisse des prix des produits de consommation courante bat donc de l’aile : surtout pour ce qui est du secteur poisson. Hier les balances truquées, aujourd’hui les prix falsifiés : la filière poisson n’a pas finie de nous surprendre. Les commerçants ont en effet vite appris à contourner la vigilance des contrôleurs des prix, chargés de vérifier l’application du protocole d’accord fixant les prix des produits halieutiques.
Après quelques minutes d’observation discrète devant la caisse d’une poissonnerie, l’on se rend compte que les déclarations de Madeleine sont fondées. Interrogé sur cette pratique, le caissier de la poissonnerie incriminée n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet. Il répondra simplement qu’il faut poser la question aux fournisseurs.
Le ministre du commerce, qui a achevé une série de concertations avec les opérateurs économiques de certaines filières sensibles telles que le poisson, le riz ou l’huile de palme ce 9 janvier 2009, espère trouver un nouveau consensus pour réduire le prix de vente des produits de consommation courante ou tout au moins les stabiliser. Un précédent protocole d’accord avait été signé en Avril 2008 entre les mêmes protagonistes et avait abouti à l’instauration des prix affichés aujourd’hui dans les poissonneries.
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