Crâne broyé, yeux presque exorbités, thorax trempé de sang, un trou béant au dos de la main,...le corps inerte. Voilà ce qui reste de Innocent Djem et Gaston Darna qui, jusqu’à hier après-midi, étaient des pensionnaires de la maison d’arrêt de New Bell. Les deux détenus ont trouvé la mort quelques heures plus tôt alors qu’ils tentaient de s’évader.
D’après des témoins qui se sont confiés au Jour, c’est aux environs de 14h que commence la scène de l’évasion. A ce moment-là, des détenus musulmans font leurs ablutions en prélude à la prière de l’après-midi. Parmi eux, figurait un « antigang » (prisonnier qui joue le rôle d’indic parmi les détenus, au profit de l’administration carcérale).
Les candidats à l’évasion envoient l’antigang leur acheter des cigarettes. Pendant que celui-ci se retire, Innocent Djem et Gaston Darna s’emparent d’un long banc qu’ils disposent contre un pan du mur. Jusqu’à ce niveau, le coup leur réussit puisqu’ils parviendront à escalader les fils barbelés surplombant la clôture de la prison, pour se retrouver dans la nature.
Malheureusement pour eux, ils n’iront pas loin. Pourchassés par des gardiens de prison, l’un d’eux est abattu sans sommation peu après avoir escaladé la clôture. Son corps gisait inerte derrière la mosquée, à l’endroit où il a été cueilli. Quant au second fugitif, il s’est faufilé dans la foule au marché des oignons et a réussi à s’enfuir sur plusieurs dizaines de mètres.
« Il est allé se réfugier dans une chambre non loin de là, preuve qu’il devait bien maîtriser ce secteur. Mes confrères l’ont repéré en suivant les traces de sang qui dégoulinait de sa blessure après qu’il a été atteint d’une balle au pied », raconte un gardien de prison.
Le Jour a appris que l’effectif des candidats à l’évasion d’hier avoisinait la quinzaine. Les autres détenus se sont abstenus quand les gardiens ont commencé à tirer. Par ailleurs, nous apprend-on, le plan d’évasion avait été ourdi auparavant et des rumeurs de cette fuite massive circulaient la veille. «Mardi, des détenus ont juré qu’ils n’allaient pas regarder le match Cameroun/Gabon étant enfermés dans la prison. Certains de leurs frères leur ont dit que le temps ne s’y prêtait pas », affirme-t-on dans les rangs des gardiens de prison.
C’est la deuxième évasion en l’espace d’une semaine. Dans la nuit de dimanche à lundi 4 janvier dernier en effet, un autre détenu a disparu dans la nature, tandis que de ses frères se faisaient rattraper vifs ses geôliers.
Source : Le Jour
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