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Cameroun : Sans crédits bancaires, les jeunes agriculteurs se débrouillent
(10/04/2014)
De jeunes Camerounais manquent de fonds pour se lancer dans l’agriculture ou augmenter leurs productions. Se débrouiller comme on peut reste la seule solution.
Par ANNE MATHO
Les crédits bancaires : sésame indispensable pour le financement de projets au Cameroun ?
Les crédits bancaires : sésame indispensable pour le financement de projets au Cameroun ?
Bakari Tata, un jeune agriculteur de 28 ans a obtenu un crédit de 1 million de Fcfa en septembre. Cet argent lui a permis de produire de la tomate sur une superficie d’un hectare. Bien qu’étant favorablement accueilli par le producteur, cette somme représente le tiers du montant qu’il a sollicité auprès de la banque.

Le cas de Bakari illustre les difficultés rencontrées par les jeunes agriculteurs pour obtenir du crédit au Cameroun.

Pour accroître sa production William Mouachi Kameni, un jeune agriculteur de 34 ans souhaite acquérir un tracteur. Seulement, toutes les démarches qu’il a entreprises auprès de sa banque pour obtenir des financements sont restées infructueuses. «La banque demandait que je leur fournisse un titre foncier comme garantie pourtant je n’en ai pas », se souvient le jeune homme.


Se lancer à son propre compte sans fonds

Francis Herman Kambang, 29 ans, producteur de soja à Nguelemedouka dans l’Est du Cameroun fait face au même problème. Faute de moyens financiers pour acheter un tracteur, il a dû se contenter de cultiver une petite superficie (3 hectares seulement) en zone forestière. «J’aurais pu faire mieux, mais la forêt constitue un obstacle. C’est difficile de défricher à la main un hectare en pleine forêt quand vous avez de grands arbres et racines qui font obstacles à votre avancée », se plaint le jeune homme qui a également besoin d’acquérir un séchoir pour conserver sa production en saison sèche.

Faute de financement, les jeunes qui se lancent dans l’agriculture se débrouillent comme ils peuvent. Au lieu de s’adonner au maraichage comme il prévoyait de le faire à ses débuts dans le métier, William privilégie désormais la culture du manioc et de la patate. "L’avantage avec ces tubercules, explique t-il, c’est qu’ils ne nécessitent pas un investissement financier important en traitement phytosanitaire". Les revenus tirés de la vente de ces denrées ont permis à William de se lancer dans le maraîchage qui nécessite un investissement plus important. "Ces cultures m’ont permis de faire de gros bénéfices en peu de temps", se réjouit- t-il.

Confrontés par les mêmes difficultés, Bakari Tata, jeune horticulteur de 28 ans a été obligé de travailler pendant plusieurs années comme ouvrier agricole pour réunir de l’argent qui lui a permit plus tard de se mettre à son propre compte.

Une main d’œuvre gratuite

Faute de pouvoir acheter un tracteur, Francis Herman Kambang a eu recours à une main d’œuvre bénévole. « Je collabore avec un groupe de femmes de ma localité qui me soutient. Chaque fois que j’en fais la demande, elles viennent m’aider à défricher, récolter ou entretenir le champ», explique-t-il.

Responsable du département enquêtes et recherche à l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), Martin Nzegang, déplore un « problème global, qui ne touche pas seulement les jeunes, mais aussi tous ceux qui veulent investir dans l’agriculture, indépendamment de l’âge». «L’agriculture est une activité incertaine que personne ne veut financer », dénonce-t-il. Le responsable de l’Acdic propose de réinventer l’accompagnement des producteurs : «Le crédit n’est pas la bonne formule. Il vaut mieux octroyer des subventions] ».

Pas question toutefois que ces financements soient accordés aux jeunes quand ils se lancent dans l’agriculture. «{i Il y a beaucoup d’aventuriers parmi eux. Ils utilisent les fonds destinés à l’agriculture pour acquérir des biens matériels. C’est pourquoi, il faut financer ceux qui ont déjà investi dans l’agriculture avec succès
», suggère-t-il.

Par Anne Matho

Encadré - Jeunesse et Agriculture : Se réunir en associations pour trouver des fonds

William Mouachi Kameni est fier de montrer le nouveau système d’irrigation qu’il vient d’installer dans son champ situé au lieu dit Kilomètre 43, à la périphérie de Douala. Cette acquisition a été possible grâce à un don de 2 400 000 Fcfa octroyé par le programme bas-fonds du Ministère de l’agriculture à l’association de jeunes agriculteurs dénommée "Gic pour l’agriculture, l’élevage et la fabrication du savon au Cameroun", en abrégé Aelfacam. William est en effet membre de cette association qui a reçu deux autres subventions pour la culture du maïs et de la banane plantain.

Partout sur le continent, les jeunes agriculteurs sont encouragés à se réunir en association pour trouver des fonds. Au cours d’une conférence internationale intitulée « Les jeunes, l’agriculture et l’alimentation : l’avenir du secteur agroalimentaire en Afrique », Sam Dapaah, conseiller spécial attaché au ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture du Ghana, a exhorté les jeunes agriculteurs à adhérer à des associations agricoles afin de pouvoir bénéficier de crédits bancaires groupés plutôt que de s’efforcer à obtenir des crédits individuellement. La rencontre qui s’est tenue à Accra (Ghana) les 19, 20 et 21 mars 2012, a réuni de nombreux jeunes agriculteurs et experts agricoles en provenance de tous les coins du continent africain.


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