Sam Mbende a été réélu à la présidence de la CMC
A 22h45 samedi 10 mai, la réélection de Sam Mbendé au poste du président du conseil
d’administration sortant de la Cameroon music corporation (Cmc) est annoncée après
que les autres candidats déclarés à cette élection au poste de Pca de la Cmc aient
claqué la porte au cours de la journée et que François Bingono Bingono, président
du comité électoral ait constaté leur désistement. Sam Mbendé est ainsi réélu avec
290 voix pour sur un total de 353 votants, 52 abstentions et 11 bulletins vides.
Seulement, chez ses sympathisants, ce n’est pas ce débordement de joie auquel on
se serait logiquement attendu.
La "victoire " semble avoir un goût de papier mâché. "Les gars sont fatigués et
sont conscients que la bataille n’est pas terminée ", lance Cissy Dipoko,
présente dans la salle alors que Sam Mbendé sort de la salle.
C’est que, vendredi et samedi ont été riches en rebondissements pour les sociétaires
de la Cmc. Vendredi dernier déjà, le ministre de la Culture a fait servir à Sam
Mbendé une notification d’huissier portant disqualification de sa candidature à
l’élection au poste de président du conseil d’administration de la Cmc. La note
signée de Ama Tutu Muna et datant du jeudi 08 mai dernier précise : "est déclarée
irrecevable à l’élection du président du Conseil d’administration de la Cmc la candidature
de monsieur Mbendé Samuel dit Sam Mbendé pour malversations financières graves imputables
à l’intéressé dans le cadre d’un partage inter-social". La note précise d’ailleurs
que le président de la Cpmc est chargé de la mise en œuvre de la présente décision.
Dès 6h20 samedi, Sam Mbendé est interpellé à son domicile par des éléments de la
délégation départementale de la police judicaire à Yaoundé. D’après ces derniers
en effet, une plainte a été déposée contre lui dans leurs services par le ministre
de la Culture, Mme Ama Tutu Muna. D’après un enquêteur : "Dans cette plainte, le
ministre de la Culture dit avoir agir au nom de deux sociétés : la Scaap [qui s’occupe
de la gestion du droit d’auteur pour les arts audiovisuels et photographiques, Ndlr]
et la Socadap [qui s’occupe de la collecte du droit d’auteur pour les arts graphiques,
Ndlr]. Ces deux sociétés se plaignent d’après cette plainte de pas avoir reçu de
l’argent issu des 100 millions de Francs Cfa dans le cadre du partage inter social
entre les différentes sociétés de gestion collective du droit d’auteur".
Du grabuge dans l'air
Alors que Sam Mbendé est entendu par les enquêteurs, ses sympathisants s’amassent
devant le bureau de police et réclament la libération de l’intéressé. Guy Lobé,
Jean Pierre Essomé, Ama Pierrot et plusieurs autres artistes décident de se coucher
sur la chaussée, empêchant ainsi la circulation sur cet axe. Des cris se font entendre
de partout et la foule n’arrête pas de s’épaissir. Des artistes entonnent l’hymne
national en essayant de braver les éléments des équipes spéciales d’intervention
rapide (Esir) qui ont constitué un cordon de sécurité à l’avant du bâtiment. La
tension monte et chacun y va de ses supputions. La foule d’artistes crie au complot
avant de hurler de joie lorsque leur " président " ressort du commissariat sous
escorte policière. Le conseil de ce dernier a fait valoir les dispositions du nouveau
code de procédure pénal selon lequel aucune interpellation ne devrait se faire le
week-end.
Après quelques effusions de joie, le cap est mis sur le Palais des congrès où, quelques
instants plus tôt, le président de la Commission permanente de médiation et de contrôle
(Cpmc), Adolphe Minkoa She a fait installer les artistes en attendant les listes
des membres que détient le président du comité Electoral, François Bingono Bingono.
Installés sur l’estrade de la salle tripartite où sont prévus les travaux de l’assemblée
générale, les membres de la Cpmc en sont encore à cette note introductive lorsqu’un
groupe d’artistes fait irruption dans la salle et suspend les travaux. La salle
se vide alors que gendarmes et policiers appelés à faire régner l’ordre se marchent
dessus dans le hall.
Chaque groupe de candidats rejoint sa base pour une ultime concertation. L’abbé
Bodo et les siens (Elvis Kemayou, Jacky Toto, Dinally, Ekambi Brillant, Moussa Haïssam..)
dont la candidature a été uniquement déposée au ministère de la Culture, s’en vont
se restaurer sur les hauteurs du Mont Bankolo d’où ils ne redescendront pas pour
rallier le palais des congrès où ils sont pourtant attendus. "Le ministère nous
a appelé et nous a demandé de laisser Sam Mbendé organiser son cinéma. C’est pour
cette raison que nous ne reviendrons pas", confie Moussa Haïssam, ancien membre du conseil d’administration dirigé par Sam Mbendé.
Des propos que reprend Elvis Kemayou qui affirme que le groupe a décidé de se retirer
sur instructions… Chez les autres candidats, c’est la même démobilisation. Roméo
Dika, après un bref échange avec ses sympathisants, s’en est allé, ses 36 propositions
pour rénover la Cmc sous les bras et les différents téléphones portables fermés.
Mama Ohandja et Rachel Tchoungui ont également décidé de quitter le palais des congrès
et ne plus y remettre les pieds. " Je me suis bien rendue compte que rien de bon
ne se passera là-bas", confie-t-elle.
Malgré ces désistements, rien ne va altérer la détermination de l’équipe sortante
qui, après moult conciliabules démarre le processus aux environs de 19h45. Ze Bella
et d’autres artistes pro Roméo Dika essaient en vain d’arrêter la cérémonie et sont
finalement expulsés de la salle par des gendarmes. Pendant que Sam Mbendé lit son
discours, une panne d’électricité survient et c’est à la lueur d’un téléphone portable
qu’il le terminera.
De longues minutes plus tard, l’électricité est rétablie alors que ce même candidat
est appelé à battre campagne.
Il est d’ailleurs le seul à se plier à cette exigence
vu qu’aucun des autres candidats n’a participé au scrutin. Un scrutin dont on s’interroge
sur la suite qui lui sera réservée étant donné qu’aucun membre de la Cpmc ni aucun
représentant du ministère n’y a pris part, contrairement aux dispositions de la
société dont
l’article 30 des statuts qui stipulent que "la commission permanente
de médiation et de contrôle des organismes de gestion collective du droit d’auteur
et des droits voisins participe aux travaux des assemblées générales ordinaires
et extraordinaires de la Cmc".
Source : Mutations
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