Des étudiants de l'université de Yaoundé regardant les tableaux d'affichage
C’est la cacophonie totale. Alors que le gros des étudiants des sept universités d’Etat du Cameroun attendent, pour la fin de l’année académique, la publication des listes d’obtention de la bourse du mérite, d’autres, ceux de l’Ecole nationale supérieure de polytechnique (Ensp) en l’occurrence, attendent, eux, de passer de manière imminente à la caisse. En effet, une liste de 40 noms d’étudiants, retenus sur la base des résultats académiques de l’année dernière, a été rendue publique en début d’année par les responsables de l’Ensp.
Bien qu’ils n’aient pas encore reçu leur dû, ce qui apparaît déjà comme un traitement de faveur à l’endroit des étudiants de l’Ensp illustre bien tout le désordre qui accompagne cette bourse promise par le chef de l’Etat, Paul Biya, en décembre dernier, à l’occasion de ses vœux à la nation. Une situation décriée par les principaux concernés, les étudiants.
En l’absence d’une bonne communication de la tutelle des universités, le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup) sur les critères d’éligibilité à cette bourse, c’est chacun qui y va de sa petite idée. De l’avis même d’un doctorant en science politique de l’université de Yaoundé II-Soa, cette absence de critères est à l’origine des multiples rumeurs qui foisonnent dans les campus. Il poursuit en admettant que c’est le résultat logique des interrogations qui taraudent l’esprit des étudiants. Faut-il éviter la session de rattrapage pour être élu ? Sinon est-ce la note finale seule qui compte ? Combien de personnes seront retenues ? Etc.
Jusqu’à présent, personne n’est vraiment avancé sur les réponses à apporter à ces questions. Encore moins sur l’interrogation la plus sensible, le montant de la bourse. Sur ce point particulier, Steve Youté, étudiant en génie électrique à l’Ensp, a vécu avec ses camarades un phénomène de yo-yo alimenté par la seule rumeur. Ce mordu de travail qui fait partie des élus de la liste des 40 noms s’est entendu dire au début que chacun d’eux recevrait la somme de 200 mille F CFA. Puis, cette rumeur s’est estompée pour faire place à une autre qui annonçait désormais 100 mille F CFA. Aux dernières nouvelles, l’enveloppe s’est réduite comme une peau de chagrin et se situe désormais à 50 mille F CFA. Du côté de la direction, c’est motus et bouche cousue : les responsables de l’établissement se refusent à tout commentaire sur cette question d’argent.
« Si je m’en tiens à ce que l’on m’a dit, c’est le fils d’un de nos enseignants, plutôt bien renseigné, qui est l’auteur de la dernière rumeur en date (celle qui annonce la bourse à 50 mille F CFA ndlr). Donc de toute évidence, elle est vraie », explique Steve Youté. Dans les deux universités de Yaoundé, les étudiants, des bouts des lèvres, avancent aussi cette somme, mais sans trop de conviction.
« Tout ça me fait penser à un scénario politique. Les élections présidentielles sont proches et il fallait faire un clin d’œil aux étudiants qui représentent un vivier électoral », déclare Christian Nga, étudiant en science politique à l’université de Yaoundé II-Soa. Un sentiment qui donne son vrai sens à la marche de remerciements au président Paul Biya, initiative prise par quelques étudiants dans la foulée de l’annonce de cette bourse du mérite.
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