La ville de Maroua sous l'emprise de la psychose
Hier encore en fin de matinée, le commissariat du 1er arrondissement de la ville
de Maroua est allé à la rescousse d'un jeune homme d'une vingtaine d'années. Ce
dernier était accusé d'avoir fait " disparaître " le sexe de son voisin. Il a
ainsi été molesté par les populations du quartier Domayo à Maroua. Et c'est
quasiment inconscient que Souleymanou I. a été extirpé par les éléments du
commissaire Mbangue Oscar. Une situation devenue quasi-permanente dans la ville
de Maroua. Car, quelques heures plutôt, c'est au commissariat du 3ème
arrondissement que la clameur publique a conduit le nommé Moustapha, jeune du
quartier Dougoï. Ces situations sont devenues de plus en plus courantes à Maroua
et constituent à travers les lynchages publics, de sources potentielles de
désordre social.
Cet état de choses comme nous l'indiquions dans ces colonnes il y a quelques
semaines, a pris corps dans le département du Mayo-Danay. Laquelle
circonscription administrative n'est pas jusqu'ici épargnée par ce phénomène.
Selon de David Koulbout Aman le Préfet de ce département, joint au téléphone "
nous enregistrons chaque jour de nombreux cas d'agressions sur les personnes qui
sont accusées d'avoir enlevé les sexes de certaines personnes. Il y a des cas
qui ont été signalés dans les arrondissements de notre circonscription. Mais le
cas le plus patent est venu de Yagoua. Il y a un commerçant venu de Guider qui
fait la ligne Guider-Yagoua. Il a été accusé d'avoir fait disparaître le sexe
d'une personne au marché. Il a été pris à partie et a été mortellement battu. Il
est mort. C'est le seul cas de décès enregistré chez nous. Pour le reste, nous
avons intervenu à travers nos forces de police et de gendarmerie ".
Ces propos du Préfet Koulbout Aman confirment, le décès au cours du week-end de
ce commerçant de Guider. Mais ne met pas un terme aux rumeurs faisant état de ce
qu'une dizaine de personnes seraient mortes dans les localités de Tchaoutchaï,
Guéré, Tchatibali… Le Préfet rassure cependant et indique qu' " il y a eu des
cas de soulèvement de populations. Des soulèvements qui ont du reste été
contenus. "
Cette situation est à tout le moins embarrassante parce que a indiqué le Dr
Mbassi, médecin à l'hôpital régional de Maroua, " les cas qui ont été identifiés
révèlent qu'au demeurant il s'agit simplement d'une situation de psychose. Et il
faut pouvoir prendre en charge psychologiquement les patients qui disent être
victimes de ces enlèvements de sexe. Alors qu'il n'en est rien ".
Des magistrats
rencontrés au Tribunal de 1ère instance de Maroua indiquent avoir déjà engagés
des procédures contre les auteurs des " dénonciations calomnieuses ". Des
plaintes avec constitution de partie civile pullulent. Une réunion de sécurité
convoquée par le gouverneur Ahmadou Tidjani a planché sur le sujet. Il ne reste
plus qu'à attendre le plan de risposte des autorités.
Source :
Mutations
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