Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Points de Vue
Cameroun : Produire ou importer ? Le cas du riz, deuxième partie
(26/12/2011)
Deuxième partie de l'analyse de la situation économique et agricole du Cameroun dans le cas du riz, dont il est gros importateur.
Par Rédaction Bonaberi.com

En 2010, la demande de riz au Cameroun a été majoritairement satisfaite par les importations : 480000 tonnes en ont été importées, contre une production locale estimée à 120000 : 80000 tonnes pour la Semry, 20000 tonnes pour l’UNDVA et la SODERIM, et 20000 tonnes produites par les petits cultivateurs.

Un déséquilibre que le gouvernement cherche aujourd’hui à inverser pour diminuer la dépendance aux prix des marchés internationaux. Une stratégie qui pourrait générer une croissance d’envergure au Cameroun similaire à celle des pays pétroliers, toutes proportions gardées.

En effet, d’après les estimations, 180000 personnes réparties dans 36000 foyers vivent actuellement des activités de toute la chaîne de production du riz de la culture à la commercialisation : production, transport, emballage, étiquetage, commercialisation, etc.

Pour Marc Samatana, la Semry pourrait actuellement produire jusqu’à 200000 tonnes de paddy, sachant que le paddy contient environ 80% de riz blanc. Pour la Soderim, on pourrait toucher jusqu’à 45000 personnes en augmentant la production de riz.

Avant d’aller plus loin, il faut séparer la production supplémentaire en fonction de leur coût marginal. En effet, les coûts seront substantiellement différents en fonction du fait que la production supplémentaire viendra d’une plus grande exploitation des centres de production, ou qu’elle viendra de zéro et qu’il faudra établir toute la chaîne : irrigation des plaines cultivables, construction et équipement des usines, désenclavement des zones rurales concernées, etc.

Actuellement, à moins de grands financements extérieurs, le Cameroun qui est déjà engagé dans des projets d’envergure – port en eau profonde et centrale hydroélectrique de Kribi, barrage de Lom Pangar... – n’a pas la capacité de créer de nouveaux centres de production. La stratégie du gouvernement a donc été jusqu’ici de viser l’augmentation de la production et de la productivité dans les centres existants, cela incluant les trois usines mais aussi les financements des petits cultivateurs à travers de grands programmes agricoles tels que le programme maïs. Un échec jusqu’ici à cause du manque d’information et de la corruption latente qui gangrène le ministère de l’agriculture.


Ces facteurs structurels mis à part, les enjeux sont divers pour augmenter la production du riz. Actuellement, le riz produit au Cameroun souffre de la concurrence face au riz importé pour de nombreuses raisons : la faible productivité des usines existantes, les coûts élevés et les difficultés du transport, et la qualité des semences. Tout cela fait que le riz camerounais coûte plus cher à produire pour être de moins bonne qualité que le riz importé qui profite un plus d’un système douanier avantageux, l’une des recommandations du Fmi pour libéraliser les échanges et soutenir l’activité économique dans les pays dits en développement.

Les difficultés à produire un riz local à des prix compétitifs par rapport au riz importés cherchent leurs causes dans différents points en fonction du type de riziculture, qui peut être pluviale ou par irrigation.

Pour la culture pluviale, la difficulté majeure provient de l’accès aux intrants (engrais, pesticides et herbicides, essentiels pour assurer la rapidité de production et limiter la destruction des semences) qui sont à des prix inaccessibles pour les riziculteurs qui manquent d’organisation ; dans les années 90, les riziculteurs recevaient des intrants à crédit et étaient encadrés dans l’allocation des parcelles, le traitement du paddy produit, contre une redevance sur la production, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Autre point majeur, la rareté des outils de décorticage du paddy en riz blanc, qui oblige les agriculteurs à vendre du paddy ou à sous-traiter, quand cela est possible à la Semry.

Concernant la production du riz par irrigation, l’état des infrastructures d’irrigation et l’insuffisance des infrastructures hydro-agricoles constituent les faiblesses majeures. A ce titre, le barrage de Lom-Pangar pourrait constituer une opportunité réelle, et on pourrait envisager la construction de centres de production aux alentours.

C’est pour cette raison que le gouvernement mise pour les années futures essentiellement sur la riziculture pluviale, par le biais du soutien des agriculteurs à travers des subventions : une stratégie estimée à 49 milliards de francs CFA pour produire 700000 tonnes de riz pluvial à l’horizon 2018.

En somme, on aura vu que les intuitions de prime abord, bien que justes, sont difficilement applicables dans le cas du Cameroun qui a accusé un retard dans de nombreux domaines et ne peut stopper de manière drastique ses importations, n’étant pas capable de proposer du riz compétitif. Au total, on estime à 191 milliards le coût de l’implémentation de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) dont :

49 milliards pour l’aménagement sommaire de 309 000 ha pour la riziculture pluviale et de bas-fonds;
• 13,950 milliards pour la réhabilitation de 9 300 hectares d’anciens périmètres ;
• 27, 060 Milliards pour les activités d’accompagnement de la recherche ;
• 41, 715 milliards au titre de l’appui en intrants pour le premier cycle de culture sur les 309 000 ha nouveaux développés ;
• 43, 920 milliards pour les équipements de production, de stockage et de transformation ;
• 15, 360 milliards pour les autres activités comprenant l’appui à la structuration et le renforcement des capacités des riziculteurs, les études, la coordination et le suivi de la mise en oeuvre de la SNDR.


Partager l'article sur Facebook
 
Classement de l'article par mots clés Cet article a été classé parmi les mots-clé suivants :
points de vue  riz  agriculture  
(cliquez sur un mot-clé pour voir la liste des articles associés)
Discussions Discussion: 0 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2024. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site