Polycarpe Abah Abah
Odza, banlieue de Yaoundé. Il est 13h20mn ce mercredi 26 mars 2008. Le calme règne autour de la résidence de l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah. Deux voitures (un taxi et une Starlet) sont garées à l'extérieur du grand portail fermé.
Le reporter du Jour se rapproche d'un œillet et frappe. Un vigile ouvre et s'entend dire : "Je voudrais rencontrer monsieur le ministre". "Vous avez rendez-vous ?", interroge-t-il. "Non, mais pouvez-vous m'annoncer ?". "Il reçoit encore, attendez un peu, je vais vous annoncer dès qu'il aura fini", promet le vigile.
Vingt minutes d'attente à l'extérieur de la grande clôture et, soudainement, surgit de la résidence, une berline grise de marque Peugeot 607. Au volant, le ministre Polycarpe Abah Abah qui est accompagné d'un passager assis à bord. Le reporter se place dans le sillage de la trajectoire du véhicule pour être vu par les occupants de la berline. Ce qui est fait. L'ex-Minefi ralentit, puis s'arrête et fait baisser la vitre automatique de son véhicule. Il est vêtu d'une gandoura de couleur jaune moutarde. Un regard inquisiteur à travers ses lunettes aux montures dorées, puis M. Abah Abah répond au salut.
"Vous faites la Une des médias ces derniers jours et ils annoncent votre interpellation, lorsqu'ils ne font pas état de frictions entre la police et vous. Comment vous réagissez à ces informations ?" interroge le reporter. Il marque un temps d'arrêt et répond, sourire en coin : "Je n'accorde pas d'interview". Sur l'insistance du reporter, M. Abah Abah, l'air visiblement rassuré et détendu, indique qu'il mène une vie tranquille. Du petit échange qu'il accorde au reporter, l'on retient qu'il est allé faire son jogging hier matin. Mais aussi, qu'il est en congé, après des examens à la faculté de théologie, où, affirme-t-il, il a été major. "Vous pouvez aller à la faculté de théologie vérifier mes notes", précise l'ex-Minefi.
Sur ce qu'il considère comme une campagne médiatique orchestrée contre lui, M. Abah Abah consent à dire ces mots : "C'est depuis dix ans au moins que ça dure, c'est bien dommage. Ma famille et mes proches ont fini par s'y habituer". Et de poursuivre, il l'indiquait déjà à nos confrères du Messager : "Je n'ai jamais fait l'objet d'enquête d'une mission du contrôle supérieur de l'Etat aussi bien à la direction des Impôts qu'au ministère de l'Economie et des Finances. Et puis, faites votre travail de journaliste, allez au parquet voir s'il y a une plainte contre moi", lance-t-il.
A propos de la plainte déposée contre le directeur de publication délégué du journal Le Front, M. Abah Abah confirme qu'il a décidé de la retirer. La sérénité de l'ex-Minefi contraste quelque peu avec une ambiance pesante, confirmée par nos sources auprès des services de sécurité. D'après des informations véhiculées dans ces milieux, des instructions de mobilisation auraient été données par la hiérarchie et un dispositif de contrôle serait mis sur pied pour filer les mouvements de certaines personnalités.
Source: Le Jour Quotidien
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