Cameroun : pénurie de maïs, 3 milliards de francs manquent à l'appel
(02/09/2009)
47 fonctionnaires sont accusés d'avoir détourné près de 3 milliards de francs CFA destinés à la production du maïs.
Par Nkwayep Mbouguen
Les cultivateurs sont réduits à arroser manuellement les plantations
Dans une interview en début d'année,
Bernard Njonga, président de l'ACDIC confiait ses inquiétudes à Bonaberi.com
concernant la production de maïs pour l'année 2009. En effet, au vu des moyens
mis à la disposition des cultivateurs, il aurait été impossible de satisfaire la
demande de maïs autant pour la consommation des ménages que pour l'élevage de la
volaille de ferme.
Les causes mises en avant par le militant camerounais étaient avant tout la
corruption et le détournement de fonds au sein du ministère de l'agriculture :
si les moyens matériels et financiers étaient mis à disposition, ceux-là
n'arrivaient pas réellement entre les mains des cultivateurs. Aujourd'hui, c'est
près de 50 fonctionnaires du ministère de l'agriculture qui sont soupçonnés
d'avoir détourné près de 2 milliards de Francs CFA, somme qui était destinée aux
producteurs de maïs.
Ces accusations qui ont été lancées par Bernard Njonga depuis longtemps ont été
confirmées par la commission nationale anti-corruption, et une enquête est en
cours pour lever toutes les zones d'ombre sur cette affaire. Interrogé par TV5,
Bernard Njonga s'est dit insatisfait de l'état actuel des choses : si c'est une
bonne chose que la commission ait reconnu les cas de corruption, il faut que les
47 personnes soupçonnées rendent des comptes, mais surtout restituent l'argent
destiné aux agriculteurs.
En effet, c'est plus cent mille tonnes de maïs qui manquent pour satisfaire la
demande sur le marché : les prix ne cessent de monter, et les agriculteurs se
trouvent dans l'incapacité d'augmenter leur production, n'ayant pas les moyens
pour. Paul Sikapin, coordinateur national du programme maïs au Cameroun et
figurant sur la liste des 47 personnes incriminées, a affirmé qu'au moins 90% de
la somme mise en cause se trouve dans les mains des cultivateurs et producteurs
de maïs.