Près d'un mois après son arrestation au Cameroun suite à sa manifestation réprimée par la police, Bernard Njonga est revenu sur la génèse des évènements et sur le fond du problème.
Par Nkwayep Mbouguen
Bernard Njonga, président de l'ACDIC
Bernard Njonga et l'ACDIC avaient organisé le 10 Décembre une manifestation
pacifique concernant la corruption dans la filière agricole au Cameroun. Cette
manifestation avait finalement été violemment réprimée par les forces de
l'ordre. Il y avait eu de nombreux blessés dont Théophile Nono, gravement touché
à la tête, et Bernard Njonga ainsi que beaucoup d'autres membres de l'ACDIC
avaient été conduits au poste de police. Il a accepté de se confier à
Bonaberi.com.
Il est revenu sur le pourquoi de la manifestation, et les raisons profondes qui
avaient conduit l'ACDIC à organiser cette manifestation : l'incapacité à
s'exprimer, plusieurs meetings et autres rassemblements ayant été interdits par
le Gouvernement. Il a ensuite évoqué ses conditions de détention qui ont été
très marquantes, les cellules de prison atteignant des records d'insalubrité et
réunissant un homme au mètre carré, voire plus.
Après deux jours en cellule,
il a été libéré
et comparaîtra en homme libre le 23
Janvier prochain. Motif : manifestation non autorisée.
Concernant le fond du problème, Bernard Njonga et l'ACDIC ont dénoncé en fait un
problème de fond qui se place dans la continuité de leur
combat contre
l'importation de poulet congelé au Cameroun. Au départ, il s'agissait de
privilégier la filière avicole camerounaise et de donner un coup d'accélérateur
à l'économie camerounaise en augmentant la production locale, combat qui avait
été gagné par l'ACDIC.
Mais aujourd'hui, élever plus de poulets signifie aussi augmenter la production
de maïs, et de façon drastique. Mais aujourd'hui, l'état de la production ne
permettra pas au Cameroun de satisfaire la demande générée par l'élevage de
poulets. Et c'est cela le véritable combat de l'ACDIC : une alarme pour
les échéances proches de 2009, pour éviter au Cameroun une réaction en chaîne.
Les problèmes de corruption, bien que dénoncés dans le cadre de leur enquête
pour déterminer l'état de la production de maïs, restent d'après Bernard Njonga
secondaires, car le véritable combat est d'augmenter la production de maïs. Car
au delà du simple fait de permettre l'élevage de poulets, il s'agit aussi d'un
nombre importants d'emplois qui pourraient être créés, de la production du maïs
à son transport, de l'élevage du poulet à sa commercialisation ou sa préparation
dans les restaurants, on pourrait atteindre 1 million ou plus d'emplois générés
dans la chaîne de production.
Autre point important, que Bernard Njonga a tenu à souligner, le Gouvernement
n'est - pour une fois - pas accusé ici. Car d'après le président de l'ACDIC, le
Gouvernement a déjà pris un certains nombres de mesures positives pour les
agriculture et aviculture au Cameroun. Le problème se situe au niveau des
intermédiaires, chargés de capter les aides, subventions et matériels fournis
pour les transmettre aux producteurs. Et c'est ceux-là qui sont pointés du doigt
par l'ACDIC.
Pour conclure, il a ajouté qu'on entendrait encore parler de l'ACDIC, qui a
souligné que ce n'était pas un combat personnel ou combat d'égo, mais un combat
concernant tout le Cameroun.
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