Remaniement ministériel dans l'air
L'information dans la rubrique "Confidentiel" de l'hebdomadaire Jeune Afrique est passée inaperçue au sein d'une opinion camerounaise qui hume l'air du remaniement ministériel depuis quelques temps, et qui semblait plus préoccupée par les lendemains douloureux d'un braquage spectaculaire de trois banques à Limbé par des gens jamais retrouvés. Du moins jusqu'à la sortie du ministre d'Etat secrétaire général de la Présidence de la République vendredi dernier. Laurent Esso venait ainsi dénoncer ce qu'il qualifie d' " allégations de l'hebdomadaire Jeune Afrique " au sujet de confidences qu'auraient récemment faites " le président de la République Paul Biya…à des visiteurs français " au sujet d'un " remaniement ministériel (qu'il serait amené à faire ndlr) avant la fin de cette année ".
Le ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République se veut clair sur la question en faisant savoir " que le chef de l'Etat n'a livré aucune confidence ", en rappelant qu'il s'est "récemment rendu à New York pour prendre part à la 63ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies " où, en marge des travaux au cours desquels il a pris la parole le jeudi 25 septembre dernier, il s'est entretenu, selon le communiqué de Laurent Esso, " avec de hautes personnalités dont le président de la République de Turquie, le Secrétaire général de l'Onu, Mme le secrétaire adjoint aux affaires africaines au département d'Etat (Américain ndlr) ". Des personnalités " avec lesquels il a eu des entretiens n'ayant aucun rapport avec les allégations de l'hebdomadaire Jeune Afrique " comme l'indique en outre le communiqué abondamment relayé durant le week end sur les ondes de la Crtv radio.
Le communiqué de la présidence semble situer l'information de jeune Afrique dans le sillage de l'actuel déplacement du chef de l'Etat à New York où il répond à une invitation de Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies pour prendre part aux travaux signalés plus haut, puisque le journal écrit notamment : " Le président Paul Biya, qui, après avoir assisté à l'Assemblée générale de l'Onu à New York, fera le déplacement de Québec pour le sommet de la Francophonie (17 au 19 octobre), a récemment confié à des visiteurs français qu'il comptait " refonder " son gouvernement avant les fêtes de fin d'année. Objectif : une équipe plus resserrée (57 ministres et secrétaires d'Etat actuellement !) et, vraisemblablement, un nouveau Premier ministre ".
Dans ces mêmes colonnes, nous annoncions dans notre édition du 5 septembre dernier au sujet de Paul Biya, qu'un communiqué du directeur du Cabinet civil avait annoncé quelques jours auparavant en Europe pour " un court séjour privé ", que le chef de l'avait pris ses quartiers en France depuis le 27 août 2008 et, fait inhabituel, occupait " la résidence qui lui est réservée. Une propriété de l'Etat du Cameroun localisée à Neuilly, mairie bourgeoise dans la banlieue de la capitale française et dont Nicolas Sarkozy, 23e président de la République française a été le maire entre 1983 et 2002 ". D'après nos sources, nous indiquions que " les journées du chef de l'Etat sont meublées par quantités d'audiences qu'il accorde à de " vieilles connaissances " et quelques préoccupations d'ordre familial. D'aucuns y voient des consultations informelles dans la perspective du bouclage du casting pour le futur gouvernement… ".
Au rang des personnalités que recevait le chef de l'Etat, nous citions " Des hommes d'affaires et membres du patronat français… ". A la fin de ce séjour privé, le chef de l'Etat avait dû regagner le Cameroun le 9 septembre 2008 pour procéder entre autre à la convocation du corps électoral pour les municipales partielles du 26 octobre prochain et à un vaste mouvement dans la préfectorale, avant de repartir quelques jours plus tard pour la 63ème session de l'Assemblée générale de l'Onu. Sont-ce les " confidences " faites au cours de ce séjour parisien du chef de l'Etat que Jeune Afrique a relayé la semaine dernière ? Mais qui lui a donné mandat pour faire un communiqué aussi affirmatif et pour quelle finalité ? Seul sans doute Paul Biya pourra apporter des réponses crédibles à ces interrogations.
Source : Mutations
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