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Cameroun : Mgr Tonye Bakot accusé de brader les terres
(25/04/2013)
Les Emveng, autochtones de Mvolyé à Yaoundé exaspérés par les attitudes de l’actuel archevêque de Yaoundé, Victor Tonyè Bakot, lui reprochent l’exploitation abusive de leur patrimoine. Répondant à certains médias, l’archevêque de Yaoundé quant à lui parle d’un terrain désormais propriété de l’archidiocèse.
Par Le Messager (Nadège Christelle BOWA)
Mercredi, 10 avril 2013 ! Las du silence qu’oppose l’archevêché de Yaoundé à leurs revendications, des autochtones de Mvolyé connus sous la dénomination «Emveng», décident de perturber les assises de la 38e Conférence épiscopale nationale. Les manifestants, rapportent des témoins, en dépit de la présence d’une centaine de policiers du Groupement mobile d’intervention n°1 qui ont investi la basilique mineure de Mvolyé à Yaoundé, réussissent à dérouler à l’entrée de la basilique, leur banderole lors de la procession. Les évêques du Cameroun, leurs collaborateurs et des fidèles de l’Eglise catholique se préparent à assister à la messe qui sera présidée par le Nonce apostolique au Cameroun, Mgr Pierro Pioppo. Il est environ 17h.

Certaines de leurs pancartes sont confisquées par ces policiers armés de matraques et de casques anti-émeutes, dont la mission est de disperser le mouvement de colère des Emveng. Lesquels manifestent contre l’ «affairisme» de l’archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonyè Bakot. Ce dernier certainement mis au parfum de la manifestation, ne sera pas de la procession comme ses pairs. «On l’a vu entrer dans la Basilique par la porte de la Sacristie. Mais compte tenu de son état de santé, nous avons pensé que c’est parce qu’il avait mal au pied. Avant d’apprendre qu’il fuyait la protestation des Emveng au demeurant vite maîtrisée par les policiers », rapporte notre source. Des récriminations brandies par ce peuple sont par ailleurs contenues dans un mémorandum adressé outre au principal accusé, à ses supérieurs hiérarchiques dans l’Eglise catholique, dont le nonce apostolique Mgr Pierro Pioppo.

«Les Emveng revendiquent l’enterrement gratuit. Nous interpellons le Saint siège, le chef de l’Etat, la Conférence épiscopale : que Dieu nous vienne en aide ; Plus d’un siècle d’évangélisation en péril du fait de l’archevêque commerçant, Mvolyé, colline sacrée, n’est pas à vendre, non à la braderie de notre Eglise ; ici ce sont les Emveng. Nous avons donné 113 ha gratuitement. Simon Victor Tonyè Bakot, nous demande un million pour (1m2). Trop c’est trop ! On ne peut pas servir Dieu et servir l’argent, Simon Victor Tonyè Bakot ou serviteur de l’argent, Pape François sauve nous… » Sont autant de griefs recensés contre l’archevêque de Yaoundé.


A l’origine, une donation

Il y a 112 ans, précisément le 13 février 1901, peut-on lire dans le mémo des autochtones de Mvolyé, le chef Emveng Beyene Be Essola accueille le Père Henri Vieter et son compagnon. Mues par l’hospitalité légendaire des beti, les populations acceptent leurs hôtes et les installent sur la colline de Mvolyé. Ces populations « donnent le meilleur d’eux-mêmes pour que Mvolyé soit le point de départ de l’évangélisation du Cameroun ». Séduits par les ambitions que nourrissent les missionnaires au sujet du développement intégral des communautés, les Emveng leur concèdent des facilités dont leur terre pour certaines réalisations, « sans se douter que cette largesse deviendrait la cause de leur expulsion de Mvolyé » regrettent amèrement leurs descendants représentés par des chefs traditionnels dont sa Majesté Alima Atsama Marcel.

Car, si «la pastorale des différents évêques qui se sont succédés à la tête de l’archidiocèse de Yaoundé de Mgr Vieter à Mgr Wouking » en passant par leurs pairs « Fx Vogt, René Graffin, Jean Zoa, tous de regrettées mémoires, a pérennisé ces bonnes relations », l’actuel archevêque, d’après les contestataires, «est celui qui, par ses provocations incessantes et son comportement scandaleux, nous incite à nous révolter et à nous étonner face aux trafics de toutes sortes auxquels il se livre au détriment des intérêts de l’Eglise qui est à Mvolyé ».

Dans la foulée, l’archevêque est qualifié de « personnage zélé et méprisant ». Dans la mesure où « il transforme ce lieu de prière en un vulgaire bidonville où fleurissent toutes sortes d’activités mondaines : bars dancing, stations d’essence, carrières sauvages. Ce pillage systématique a atteint son pic avec la vente de places aux autochtones dans le cimetière de Mvolyé…ceci est inacceptable, scandaleux et révoltant », décrient les autochtones dans le mémorandum. Aussi, rappellent-ils pour justifier leurs actions, « une donation peut-être remise en cause si celui qui en a bénéficié (le donataire) commet des agissements graves à l’encontre du donateur (l’auteur de la donation) comme c’est le cas ».

Sous la cendre, le feu...

Mis au parfum de ces allégations graves au sujet d’une autorité religieuse, Le Messager par souci de recouper cette information comme le veut la déontologie journalistique adresse une correspondance au concerné en date du jeudi 18 avril 2013, courrier déposé au secrétariat de la centrale diocésaine des œuvres. Entre autres questions, votre journal veut savoir si l’archevêque est au courant du mémorandum suscité et son avis au sujet des accusations relevées. Alors que le reporter attend d’être reçu, des confrères rendent publique lundi 22 avril 2013, sa « réponse ». Tonyè Bakot qui, selon certains, a répondu par correspondance aux protestataires, y explique que les terres querellées «ne sont plus la propriété des «généreux» donateurs : les Emveng, les Mvog-Atemengue, les Embou-Mboun, les Ndong et les Yanda ». Le terrain de Mvolyé indique-t-il encore, qui jouit d’un titre de 423 N/S, volume 3 folios 27, établi le 13 décembre 1955, d’une superficie de 132 ha, appartient en toute propriété à l’archidiocèse de Yaoundé, pour l’avoir acquis par transfert de propriété après avoir succédé au conseil d’administration des Pères du Saint Esprit suivant décision n°3740 du 31 mai 1956 du haut-commissariat de la République française du Cameroun.

« Ce qu’il est en train de dire est faux », s’exclame Alima Atsama Marcel. Joint au téléphone, hier mardi 23 avril 2013, ce représentant des Emveng confirme avoir reçu une correspondance. Et ajoute qu’il y a eu dans la foulée une concertation dans la matinée du dimanche 21 avril 2013 au Centre Jean XXIII de Mvolyé entre eux et l’archevêque. Lequel « a souhaité que ce soit un arbre à palabre comme à l’époque des parents ». Au sujet de l’appartenance des terres à une collectivité tel que indiqué par Mgr Tonye Bakot, « on lui a expliqué que les Ndong ont vendu le terrain à l’Université de Yaoundé, et leur terre s’arrête au niveau du Cradat. Les Yanda ont pris le terrain où ? C’est comme si on disait que la communauté Douala a vendu du terrain à Yaoundé. Les Mvog-Atemengue ont vendu là où il y a le collège Vogt et les Embou-Mboun, le dispensaire des sœurs… nous parlons entre autres du terrain où est construite la basilique, le cimetière Sainte Thérèse, le collège Benoît XVI…jusqu'au trois statues à Olézoa », précise Alima Atsama. A propos du caveau familial, les autochtones jugent l’espace (9m2) concédé dérisoire car il s’agit d’y inhumer les défunts présents et futurs. Et conseillent au passage de se décharger de la gestion du cimetière qu’il devrait comme ses prédécesseurs, confier au curé en place. « Nous sommes quand même parvenus à un accord : on ne va plus payer pour le cimetière mais seulement les fossoyeurs. La gratuité du cimetière était notre principale revendication ».

Il rappelle que cette offrande des terres par leurs parents à l’Eglise « nous a appauvri. Beaucoup d’entre nous ne sont pas allés à l’école parce que les parents manquaient 4000Fcfa à l’époque pour les inscrire, ne pouvant ni cultiver les terres pour vendre les fruits ou vendre le terrain pour avoir de l’argent ». Cependant relativise-t-il : « l’église de Mvolyé est la nôtre. On y a fait nos sacrements. On l’a bâtie et on ne voudrait pas faire les mauvaises choses là-bas. On veut la paix et que tout se passe dans la sérénité » avant de conclure : « Nous revendiquons seulement le cimetière. Peut-être qu’à l’avenir, nos enfants vont revendiquer les terres, elles-mêmes ».


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