Le 31 mars 2008, les cadres du Rdpc de l’arrondissement de Yaoundé II ont adressé
une pétition au chef de l’Etat, réclamant qu’un des leurs soit fait membre du gouvernement.
La revendication ne rencontre pas l’adhésion de tous. « Yaoundé est avant tout un
village. Dans ce village, on a près de 46 familles, pour une trentaine d’ethnies.
Quand je sors de ma peau de ministre, je rentre dans ma peau de Yaoundéen. Je peux
également en sortir pour rentrer dans la peau de responsable d’une ethnie de Yaoundé.
Je suis un Etoudi, je suis le patriarche de tous les Etoudi. Cela fait deux mois
et trois semaines que tous nos parents et frères ont décidé qu’il en soit ainsi.
Dans la trentaine d’ethnies, le président de la République fait des jeux et des
équilibres. Ils peuvent être d’intérêts politiques et stratégiques ou d’intérêt
démographique » explique Serge Laurent Etoundi Ngoa, par ailleurs ministre des Petites
et moyennes entreprises, de l’artisanat et de l’économie sociale. Selon le ministre
Etoundi Ngoa, quand le chef de l’Etat fait son alchimie politique, il doit tenir
compte de tout cela. Mais il n’est pas une machine, pour penser que parce qu’on
est d’un arrondissement, on a forcement besoin d’un ministre. « Dans l’arrondissement
de Yaoundé II, on retrouve les Tsinga, les Mvog-Ekoussou, les Mvog-Tsoungui Mballa,
… Il y a d’autres ethnies comme les Angok à laquelle appartient le délégué du gouvernement.
Yaoundé II veut un ministre, c’est bien. Mais il ne faut pas oublier cet arrondissement
a été divisé en deux : Yaoundé II et Yaoundé VII ».
Selon Serge Laurent Etoundi Ngoa, il est impossible pour le chef de l’Etat d’accéder
aux doléances de chacune des ethnies de Yaoundé en donnant un représentant au gouvernement.
Il reste convaincu que la stratégie présidentielle de faire dans la rotation est
la meilleure. « Dans le gouvernement actuel, je suis Etoudi, le ministre Augustin
Edjoa est Baba de Mimboman, le ministre Mama Fouda est Njoa d’Obobogo. Au sein du
gouvernement qui est parti, le ministre Martin Okouda était Etoudi, le ministre
Mbarga Mboa était Mvog Tsoungui Mballa… Les populations de Yaoundé II qui se plaignent
aujourd’hui, n’ont pas craché sur le poste de Délégué du gouvernement qu’ils ont
gardé pendant plus de 20 ans », clame-t-il.
Sur l’Appel des élites du Mfoundi
Deux mois après la déclaration des élites du Mfoundi appelant « à répondre coup
pour coup aux manifestations et violences perpétrées par les fauteurs de troubles
venus d’ailleurs » le ministre Serge Laurent Etoundi Ngoa avoue qu’il y a eu de
la maladresse et un manque de recul nécessaire de la part des signataires. « D’entrée
de jeu, il faut dire que je ne l’ai pas signée. Quand on est natif d’un département
aussi complexe que le Mfoundi, les choses ne sont pas faciles à cerner. Le département
du Mfoundi est complexe par sa situation politique (c’est la capitale du Cameroun),
complexe par le caractère métropolitain. C’est un brassage de peuples, d’ethnies,
de races… Nous devons avoir du tact lorsque certaines situations nous perturbent.
Je regrette les termes de cette déclaration qui peut-être au fond ne voulait pas
insinuer ce qu’on est en train de dire ».
Serge Laurent Etoundi Ngoa révèle qu’il y a eu des conciliabules avant, mais il
n’a jamais été question de signer un appel. A l’en croire, la réunion ne devait
pas faire l’objet d’une déclaration sur les évènements en terme de réplique. Le
président de la République avait déjà parlé. Il avait situé les Camerounais sur
sa compréhension de la situation. Il avait déjà fermement condamné tout. « Le président
Paul Biya a pris la juste mesure. Il a justifié les évènements. Quand un chef d’Etat
justifie les évènements c’est-à-dire qu’il comprend son peuple. Tous ceux qui ont
faim et ceux qui ont des problèmes profitent d’une situation comme celle des émeutes.
Nous n’avions plus des motivations nous permettant de signer cette déclaration.
Mon nom ne figurait pas parmi les signataires. Ceux de l’ancien ministre Mbarga
Mboa, du ministre Augustin Edjoa n’y sont pas. Même le délégué du gouvernement dont
on a marqué le nom n’était pas à cette réunion », explique-t-il.
S’agissant des arrestations, des ministres en prison ou des dossiers sur de nouvelles
arrestations annoncés par le vice-Premier ministre Amadou Ali, Etoundi Ngoa pense
qu’il faut laisser le 3ème pouvoir qu’est la justice faire son travail. Même si
à ce niveau, la justice est obligée de faire prévaloir une échelle de sanctions
au cas où les gens se dérobent. « Mon sentiment est celui de la tristesse. Il n’est
pas commode pour un humain de rire des souffrances des autres. Mais sur un autre
plan, les textes et les lois sont faits pour être appliqués. Pour l’instant, on
peut dire que tous ceux qui sont dans cette situation, sont présumés innocents.
Les procédures suivent leur cours. Les magistrats qui ont la compétence de les juger
sauront faire la part des choses. La leçon que ces arrestations nous suggèrent est
celle de faire très attention lorsqu’on gère la fortune publique ou le patrimoine
collectif. Il faut gérer avec beaucoup de tact. Il faut gérer selon les règles établies,
pour l’intérêt de tous ».
Sur le terrain de la lutte contre la vie chère
Le 25 avril dernier, à l’occasion de la quatrième édition de « la nuit du Cameroon
politics awards », l’Ong « Camer-Foundation » qui procédait à la remise solennelle
des prix et distinctions aux « meilleures figures publiques de l’année 2007 », à
décerné à Laurent Serge Etoundi Ngoa, le prix du « Meilleur ministre de l’année
2007 ». « Les résultats parlent d’eux-mêmes. Il faut avoir le courage des initiatives.
La distinction est venue nous encourager dans des chantiers profonds que nous avons
engagés en matière d’artisanat et de petites et moyennes entreprises qui souffrent
des problèmes de financements ». La distinction est selon lui, une reconnaissance
au volume de travail que ses collaborateurs et lui, ont abattu depuis sa prise de
fonction en septembre 2006, et surtout pendant toute l’année 2007. « Le ministère
des petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et de l’économie sociale a une
position transversale. Il y a une activité qui est globalement celle de production.
Notre pays ayant une vocation essentiellement agricole, le réseau d’économie sociale
s’imprègne de plus en plus des potentialités agricoles » avoue-t-il. Non
sans faire un clin d’oeil au salon international de l’artisanat organisé par son
département ministériel.
Laurent Serge Etoundi Ngoa explique comment son ministère est en train de capitaliser
les potentialités pour que les acteurs vivent de leur travail. Son ministère s’intègre
dans la lutte contre la vie chère de deux manières ; surtout en terme d’encadrement
des structures de production.
Source : Mutations
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