Nadège S. exhorte les uns et les autres à fuir le suicide au Cameroun.
Rien, dans sa mine enjouée, son air de calme concentration, n'indique qu'elle est une rescapée du suicide. Elle en parle pourtant ouvertement avec ses proches, pour, a-t-elle l'habitude de dire en riant, " décourager d'éventuels postulants ".
En 2002, après un quatrième échec au Probatoire, la jeune fille décide d'arrêter ses études. Chez son oncle où elle vit à Biyem-Assi, la cohabitation se passe mal. " Je restais enfermée dans ma chambre pendant des jours. Je n'avais personne à qui parler. Quand même j'allais à l'église, les paroles bibliques glissaient sur moi, sans réussir à atteindre mon cœur. Ce qui n'a fait qu'accroître mon mal-être ", raconte-t-elle. " Un jour, j'en ai eu marre. Je me sentais pitoyable. Ma vie ne servait à rien, pensais-je, et mon extrême lassitude m'a décidé à y mettre un terme. D'autant plus que je pensais que ma disparition allait soulager mon oncle d'une présence qu'il supportait à peine ", poursuit-elle.
Un matin de mai, Nadège est découverte allongée sur son lit, une trentaine de plaquettes de comprimés sur le sol. Conduite dans un centre hospitalier, elle sera sauvée. " Personne ne m'a fait de reproches. Mais je voyais bien que mes parents considéraient ce que j'avais fait comme un parjure. Et leur empressement à mon égard me donnait envie de mourir définitivement ".
Cependant, elle n'a plus jamais fait de tentative. Elle dit avoir reçu d'une infirmière des conseils qui lui ont permis de reprendre confiance en elle et de comprendre qu'elle n'était pas seule. Aujourd'hui, Nadège S. a la rage de vivre. Et elle répète, à qui veut l'entendre, que " même si la vie ne vaut rien, rien, en revanche, ne vaut la vie ".
Source: Le Jour Quotidien
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