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Cameroun : manger à l'Université
(24/03/2008)
Bonaberi.com a fait un tour au coeur du restaurant universitaire de l'université de Douala pour voir dans quelles conditions les étudiants déjeunaient entre deux cours au Cameroun.
Par Rédaction Bonaberi.com (Eric Y. et Casimir W.)
Ce mercredi 12 mars 2008, il est exactement 10h55 devant la porte d’entrée du restaurant de l’université de Douala. un rang de près de 30 mètres ne cesse de s’allonger. Achille, étudiant en faculté des sciences juridiques et politiques a la chance d'être le premier dans la file. L'horloge affiche 11h tapantes lorsque la porte du restaurant s’ouvre devant lui. Il s’avance et reçoit son ticket après avoir déboursé la modique somme de 100 Frs CFA. Il se dirige immédiatement vers une ouverture qui l'emmène vers la cuisine.

Une file d'attente dès 11 heures devant le restaurant universitaire

File d'attente des 11 heures

Fille d'attente des 11 heures


Achille tend son ticket et reçoit un plateau en aluminium dans lequel on trouve quelques bâtons de manioc (appelé ici « bobolo »), des haricots et du poisson maquereau. C’est le menu du jour. Le jeune étudiant va s’installer sur l’une des deux longues tables de la grande salle à manger du restaurant. La disposition des chaises autour de nous, permet de compter facilement à peu près 300 places assises de part et d’autres.

Le réfectoire ne disposant que de quelques places

Le refectoire de l'universite de Douala ne disposant que de quelques places


Le plateau repas d'Achille : Bobolos et haricots au menu

Universite de Douala : Le plateau repas d'Achille : Bobolos et haricots au menu





A voir manger Achille, il semble prendre un malin plaisir à déguster l'ensemble des mets sur son plateau. Il a d'ailleurs déjà avalé son repas au 3/4 lorsque le centième étudiant entre dans la salle. Il profite d’un petit moment de répit entre deux cuillerées pour nous faire part de son impression sur l'organisation générale :

« de toute façon, ce n’est pas mal. Le plus important est d’abord de calmer sa faim. De temps en temps, les repas sont quand même variés. Par semaine, nous pouvons avoir jusqu’à 4 repas différents. Par exemple, j’ai mangé du riz-spaghettis avec du poulet hier. Cependant, le plat le plus convoité est celui des spaghettis et des boulettes accompagnés du pain. Le jour où ce dernier plat est au menu, le restaurant est archi comble. C’est le jour où il y a plus de désordre. Les autres jours c’est possible de se procurer plus d’un plat, si les poches le permettent. »

Achille, qui semble se délecter de son déjeuner

Achille, qui semble se délecter de son déjeuner


Achille se replonge ensuite dans son repas. il vide rapidement son plateau, se lève et prend sa fourchette qu’il va d'un pas alerte remettre a Monsieur Alphonse TONGOU. Ce dernier s’occupe de récupérer les plateaux et assiettes des étudiants depuis une vingtaine d’années. Après avoir déposé son plateau repas, en retour, Achille récupère sa pièce d’identité. Trente cinq minutes après avoir mangé, l'étudiant est à l’extérieur du restaurant et ne semble pas être surpris plus que cela du rang qui ne cesse de croître :

« Ce n’est même pas long aujourd’hui. Parfois, à cet instant, le rang est incroyablement long. En fait, c’est notre véritable problème ici. Il y a trop d’étudiants pour un seul restaurant. L’idéal serait de créer un autre au campus n°2 situé du coté de Ndogbong. Ils n’auraient plus besoin de parcourir plus de 1200m pour se procurer un plat de nourriture. Avec à la clé 2 pentes à surmonter. C’est ce que nous souhaitons. Ainsi, nous aurions moins de pression à l’heure du repas.»

Tout en cheminant tout doucement vers son amphi, il ajoute de manière laconique : « tomorrow is another day, je ne suis pas sur d’être le premier à manger demain. Parfois la nourriture finit sans que je n’ai eu la chance d’avoir un plat. »

Achille laisse dans son dos certains de ses camarades qui sont impatients d’étouffer leur faim comme lui. Les délégués du restaurant, chargés de mettre de l’ordre dans le rang et en salle sont plus patients. En effet, ces étudiants sélectionnés par l’administration de l’université sont appelés à canaliser en moyenne au quotidien les humeurs des 2000 étudiants qui brûlent d’impatience de déjeuner. C’est après la fermeture de la porte du restaurant, c'est-à-dire à 15h précises, que ces vaillants garçons arborant chacun des chasubles de couleur orangée ont le droit de se diriger, eux aussi, à la cuisine pour se farcir d'un copieux déjeuner. Ou du moins, de ce qu'il en reste.

C’est d'ailleurs à ce moment que l’un d’eux, du nom de Bruno NGALLE, étudiant en faculté de sciences juridiques et politiques nous affirme, légèrement désemparé :

« vous constatez que nous ne pouvons pas manger avant 15h. Parfois, nous arrivons ici quant tout est fini. Vous voyez bien que c’est souvent frustrant d’arriver jusque là. Surtout que jusqu'à présent, nous attendons toujours que l’administration nous rémunère comme c’est prévu au départ. Il était dit que tous les trois mois, chacun de nous devait recevoir 25000 Frs. Malheureusement, il arrive comme je vous l’ai dit tantôt que même notre plat gratuit, nous ne l’ayons pas. Nous supplions, ainsi dit, nos administrateurs de penser à nous. Que cette promesse entre dans son effectivité. Nous sommes 6 à nous relayer quotidiennement. Le restaurant compte tout au long de l’année une vingtaine de délégués. »

Des étudiants chargés de l'administration du restaurant

Des étudiants chargés de l'administration du restaurant


Le restaurant universitaire de l’université de Douala est donc appelé à gérer des milliers d’étudiants chaque jour ouvrable. Avec, pour ce faire, un personnel de 30 camerounais des 2 sexes dont 18 titulaires et 12 en attente d’être définitivement insérés. Sans oublier les 20 étudiants qui doivent faire la police afin qu’il n y ait pas de débordement. A observer la situation qui y prévaut, on se demande s’il ne serait pas judicieux pour l’administration de ce temple du savoir d’explorer la piste que proposait l’étudiant Achille pour résoudre ce problème d’embouteillage au restaurant de l’université : à savoir construire carrément un autre réfectoire du côté de Ndogbong. Car faire une queue de plusieurs heures pour ne rien manger au final est foncièrement agaçant pour le commun des étudiants. Mais, pis encore, après plusieurs heures passées avec des professeurs grognons dans des amphis délabrés.






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