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Cameroun : Les Français kidnappés émeuvent : et nos enfants ?
(24/02/2013)
Sitôt la nouvelle de l'enlèvement des 7 Français publique ? Le président camerounais s'est fendu d'un communiqué et a renforcé le dispositif sécuritaire au Nord du Cameroun. Une attention jamais donnée aux Camerounais
Par Rédaction Bonaberi.com
La semaine dernière, une famille était kinappée dans le Nord du Cameroun, à la frontière avec le Nigeria. Une nouvelle qui a rapidement fait le tour du monde, poussant même certain ministre français à précipitamment annoncer leur libération en se basant sur l’AFP qui avait eu l’information d’une source haut gradée de l’armée camerounaise.

Comme un seul homme, le gouvernement camerounais s’était mis à la disposition de son ami français, le président camerounais se fendant d’un communiqué montrant toute l’implication de son pays : « Immédiatement informé du rapt d’une famille de touristes français, par des assaillants non encore identifiés, le 19 février 2013 près de la localité de Dabanga, région de l’Extrême-Nord, le Président de la République a instruit des mesures urgentes pour rechercher les otages. Le dispositif sécuritaire en place dans la région a été renforcé, le Gouvernement camerounais reste en contact avec les autorités nigérianes et françaises. Le Chef de l’Etat suit de très près l’évolution de la situation ».

Rien à redire, digne d’un président en exercice. Mais j’ai envie de dire, et nos enfants ? Qui s’en occupe ? Qui les pleure ? Qui veille sur leurs intérêts ? Faisons un pas en arrière et regardons quels tristes faits divers.

En fin d’année 2008, Stéphane Kameugne avait été porté disparu avant d’être retrouvé mort deux semaines plus tard. Alors que la police a penché pour une noyade, l’autopsie demandée par la famille contredit cette hypothèse. Aucune suite.

En Mai de la même année, Ebenizer Folefack était retrouvé mort dans un centre de rétention belge. On aura conclu à un suicide pour éviter le rapatriement, malgré la contestation vive des proches du défunt. Affaire classée.

Plus loin encore dans le temps, en 2005, Léon Kanhem avait été poignardé par un groupe de jeunes à Saint-Pétersbourg, en Russie. C’est Bonaberi.com qui avait dû organiser une manifestation devant l’ambassade de Russie en France pour demander des comptes. Clarisse Mbango décédait en fin 2004, dans des circonstances incompréhensibles jusqu’ici.


Plus grave, ou plus touchant, en 2008, 12 étudiants camerounais décédaient de noyade en Guinée Conakry. Une affaire qui avait ému le Cameroun comme un seul homme… excepté les dirigeants. Sans nouvelles du consul, en détresse, les survivants avaient dû bénéficier d’un geste organisé sur Bonaberi.com pour pouvoir organiser les recherches et récupérer les dépouilles.

Lorsque la situation s’embrasait dans les pays arabes et que chaque pays rapatriait ses enfants, les Camerounais se retrouvaient livrés à eux-mêmes et devaient s’en remettre à dame chance pour quitter le pays. Je ne cite même pas les nombreuses exactions que subissent les ressortissants camerounais en Guinée Equatoriale, ou les tragédies survenant au Cameroun comme les incendies ou accidents mortels.

Aucun, aucun de ces évènements n’a fait réagir au plus haut niveau de l’Etat. Au mieux, on n’a eu droit qu’à un préfet. Pourtant, sitôt l’affaire Mohammed Merah survenue, ou les Français kidnappés dans le Nord, le président camerounais a sorti les mouchoirs et manifesté avec la plus vive émotion son soutien à son homologue français. Pour montrer à quel point il prenait cette affaire au sérieux, il a renforcé le dispositif sécuritaire dans la zone.

Chaque année, le peuple camerounais n’a droit qu’à peu de son président : à l’occasion de la fête de la jeunesse et de la nouvelle année, ou pour inaugurer de grands projets structurants. Pour voir notre président à la télévision hors de ces circonstances programmées, il faut remonter à il y a 5 ans, lorsque Douala et Yaoundé brûlaient lors des bien tristement célèbres émeutes de Février. A ce moment, de façon exceptionnelle, le président était sorti de son habituel mutisme pour parler d’apprentis sorciers, et signifier qu’il avait autorisé l’armée à tirer à balles réelles sur les manifestants. 140 morts plus tard, le calme était revenu et Paul Biya était reparti dans son autarcie.

Perturbé par des évènements d’une violence qu’on n’avait vu que lors des villes mortes de 1990, le président était alors allé avec son cortège décompresser à La Baule, près de Nantes, pour un budget de 525 millions de francs Cfa.

Le Camerounais vaut-il moins que le quelconque ressortissant français ? Pourquoi cette propension à promptement soutenir les voisins au moindre bobo, alors que les enfants de son toit souffrent sous ce toit ou ailleurs ?

Certes, un enlèvement, surtout d’enfants est un fait suffisamment grave. Mais Boko Haram, si c’est de lui qu’il s’agit, sévit depuis de nombreux mois au Nigeria et dans le Nord avoisinant. Il a pourtant fallu qu’une famille soit kidnappée pour que le dispositif sécuritaire soit renforcé.

Partout dans le monde, cette impression d’abandon et de désintérêt prévaut. Partout, le Camerounais ne côtoie ambassades et consuls que pour renouveler les pièces administratives. On s’identifie beaucoup plus à Samuel Eto’o qui a la nationalité espagnole, vit en Europe depuis plusieurs années, qu’à ses président, ministre ou ambassadeur. Etre Camerounais est devenu au fil des années synonyme de débrouillardise ; c’est en tout cas l’impression qui a prévalu en Octobre 2011 lors de la rencontre entre Henri Eyebe Ayissi et les Camerounais de la diaspora, des jeunes aux moins jeunes : un sentiment d’abandon.

Il y a quelques semaines, on a bien cru à une première, à un geste fort qui changerait la donne et montrerait un président soucieux des ressortissants de son pays : une rencontre programmée entre Paul Biya et les Camerounais de France. Une occasion unique à laquelle n’avaient pas résisté de nombreux Camerounais, militants ou non du Rdpc. Et pourtant, à la dernière minute, c’est à un ministre qu’on a eu droit. Mais il ne faut pas s’inquiéter, le

Dans ce contexte, compréhensible de voir le peu d’émoi qu’a suscité dans la presse camerounaise locale ou d’ailleurs l’enlèvement de 7 personnes. Apprenez à une mère dont les enfants souffrent du cancer, que les enfants d’une autre ont eu une mauvaise note à l’école. Au mieux, elle hochera la tête et vaquera à ses occupations : elle sera bien trop occupée à remplacer un père absent qu’à verser une larme pour les enfants des autres.


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