Installés le long de l’avenue Olézoa à Yaoundé, Roger Bindzi et ses collègues vendent des contenants vides de produits pétroliers et chimiques utilisés par les industries installées au Cameroun.
Il s’agit principalement des fûts d’huile de moteur importés au Cameroun par les sociétés pétrolières telles que TotalFinaElf. On y trouve aussi des emballages vides d’hypochlorite de calcium et autres produits chimiques qu’utilise la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) pour traiter les eaux.
D’autres récipients dont on ignore le contenu originel, mais sur lesquels des affiches indiquent qu’il s’agit de produits toxiques sont également présents sur ce marché.
Un recyclage à risque
La chaîne du recyclage commence auprès des entreprises qui utilisent ces produits. Les techniciens de surface, chargés du nettoyage des bâtiments récupèrent les récipients vides et les vendent à des grossistes qui les revendent à leur tour aux détaillants.
Les revendeurs lavent les récipients à l’eau et au savon avant de les mettre sur le marché où s’approvisionnent les ménagères. Brice Owona, environnementaliste exerçant à Yaoundé explique que cette manière de nettoyer les récipients ne met pas le consommateur à l’abri des dangers des produits toxiques.
Ainsi, « Les récipients vides présentent toujours des dangers, certes à un degré réduit, mais on n’est pas totalement à l’abri des dangers causés par les particules des produits qui se sont incrustées dans leur conditionnement, à l’exemple de la bronchite, de la toux, des vomissements, des allergies, des troubles respiratoires ou même de la mort».
Au niveau des pouvoirs publics, aucune mesure restrictive n’est pour l’instant prise pour réguler ce marché. Toutefois, ces commerçants payent des taxes auprès des services communaux.
Des prix attractifs
Les récipients de produits toxiques sont recyclés en réservoirs d’eau destinée à la consommation et aux usages ménagers tels que la préparation des repas, la lessive, la vaisselle.
Les coupures d’eau courante s’étendant parfois sur cinq jours consécutifs, ces récipients sont très prisés à cause de leur prix qui est au moins deux fois plus bas que les récipients importés et adaptés à la conservation de l’eau à consommer.
Les fûts d’huile de moteur de voiture, d’une contenance de 100 litres sont vendus à 5000 Fcfa (7,6€). Un récipient en plastique d’hypochlorite de calcium, d’une contenance de 45 litres est vendu à 6000 Fcfa (9€) alors qu’un récipient importé de la même contenance est vendu à 15.000 Fcfa (22,8€).
Les ménagères de toutes les couches sociales de la ville s’approvisionnent sur ce marché et celles qui ont été interrogées disent ne pas être informées des dangers qu’elles courent.
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