J’ai été tenté
d'emprunter à Voltaire le titre d’un des ses ouvrages « Essai sur les mœurs », tant celui-ci sied au sujet abordé,
mais je ne commettrai pas ce sacrilège en m’inspirant d’un horrible négrophobe.
Je me contenterai juste de poser la question suivante :
Existe-il encore un Etat au Cameroun ?
Si l’on se fie au drapeau qui flotte au dessus des chancelleries, à la devise
qui ceinture son armoirie officielle, à l’hymne nationale qui retentit lors des
visites présidentielle et des compétitions internationales auxquelles
participent les sportifs camerounais, on pourrait encore considérer le Cameroun
comme un Etat. Or l’Etat est avant tout le garant d’une Nation, le moteur qui
fait tourner son économie. Il ne se résume pas seulement à des symboles, mais
aussi à la compétence de ses autorités et à la capacité de son gouvernement à
résoudre les difficultés auxquelles ses citoyens sont quotidiennement
confrontés. Depuis au moins deux décennies, l’Etat camerounais a failli à ses
devoirs et ses obligations, parce qu’il n’existe plus.
Le Cameroun a réussi l’exploit de détrôner le Nigéria, pays limitrophe et 8 fois
plus peuplé, en matière de corruption et de prostitution. Il fait cavalier seul
dans le domaine du vice, en développant des fléaux difficiles à éradiquer. Ce
pays qui a tant souffert avant d’accéder à l’indépendance, a vu ses illustres
enfants mourir massivement dans les maquis au nom d’un idéal que la génération
actuelle semble déshonorer : LA
LIBERTE. Oh, si Umnyobé, Moumié, Wandjé et leurs compagnons pouvaient
voir ce qui s’y passe de nos jours, ils regretteraient leur sacrifice, car cela
n’en valait pas la peine. Le Cameroun a payé très cher le prix de sa «
souveraineté », malheureusement, ce ne sont pas ceux qui ont combattu les
génocidaires qui sont parvenus à sa tête, mais les néocoloniaux. Et ils l’ont
bradé au point d’en faire un bordel à ciel ouvert. Désormais, n’importe quel
expatrié qui veut assouvir sa soif sexuelle peut se tourner vers ce beau pays,
pourvu qu’il ait son visa, ses devises et son viagra. Le Cameroun serait-il
devenu la Thaïlande de l’Afrique ? En tant que Bantu, j’en serai très triste.
Théoriquement, dans un pays agricole comme le Cameroun, personne ne devrait
crever de faim, et je suppose que c’est le cas. Alors qu’est-ce qui explique
l’effervescence des jeunes camerounaises pour les sites de rencontres ? Que ce
soit à Yaoundé ou Douala, les Cyber-cafés ne désemplissent pas. Le marché de
l’internet est si florissant, que certains propriétaires ont préféré convertir
leur Cyber-café en Peep show, pour permettre aux femmes d’exhiber leurs nichons
et leurs fesses en toute intimité. Là encore, le Cameroun vient d’innover dans
la télécommunication, en créant un autre concept, le proxénétisme virtuel. De
l’aube jusqu’au crépuscule de la nuit, une pléthore de femmes se précipite
devant la webcam pour faire une démonstration de makossa ou de bikoutsi, les
seins et les fesses en l’air. Conscientes de posséder une « marchandise »
convoitée par les obsédés, de nombreuses Camerounaises ont fait de leur physique
un véritable fond de commerce. Celles-ci multiplient les communications via
internet pour accrocher le premier Blanc friand de la peau ébène. La
prostitution est le plus vieux métier du monde, certainement pas en Afrique.
J’en veux pour preuve, dans l’hinterland les femmes ne tapinent pas, elles
demeurent pieuses.
Le 25 octobre 2007 au C.A.P.E (Centre d’Accueil de la Presse Etrangère), nous
étions un certain nombre d’Africains à suivre la projection d’un documentaire
sur la filière camerounaise de la prostitution. Nous sommes restés sereins
pendant la séance, malgré la succession d’images et témoignages bouleversants.
C’est en voyant une scène de zoophilie ; des filles d’Europe de l’Est s’offrant
aux chiens, que le dégoût s’est emparé de chacun. Un vieil africain présent
dans la salle, s’exclama l’air désemparé « Tout ça pour de l’argent ! ». Mais le
pire pour nous (Africain) fut l’aveu d’une prostituée camerounaise, prête à
faire la même chose si elle en avait l’occasion, pourvu d’être en Europe.
Olivier Enhogo, le réalisateur du documentaire, lui demanda, si elle ne
redoutait pas de tomber malade en se livrant à une telle pratique. Sa réponse
fut sèche : « Les chiens des Blancs sont propres, ils sont régulièrement suivis
par des vétérinaires ». Il ne me restait plus que deux choix :
- poursuivre le visionnage du documentaire et péter définitivement un câble
- ou alors sortir de la salle pour ne pas terminer ma journée à l’asile.
Quand je pense, que trois jours auparavant, une somptueuse soirée avait été
donnée au théâtre Mogador, en l’honneur de la visite officielle en France du
Président camerounais Paul Biya. Le champagne coula à flot, des centaines de
coupes furent servies, de quoi remplir une piscine olympique, j’y étais. C’est
depuis ce jour que j’ai pris conscience du drame qui se vit au Cameroun. Depuis,
les reportages s’enchaînent à la télévision (France Ô, direct 8, France 24,
France 5…). Lors d’un volet consacré au Cameroun, Roger Youmbi Fensi, premier
adjoint au maire de la ville de Yaoundé, a avoué avoir eu plusieurs fois froid
dans le dos, en voyant de jolies demoiselles camerounaises rouler des pelles à
des vieux expatriés édentés, pendant les cérémonies de mariage. Connaissant
assez bien le Cameroun, je peux affirmer qu’il n’y a pas tant de misère dans ce
pays pour justifier une telle situation.
C’est plutôt la cupidité d’une
catégorie de Camerounaises friandes de luxe, qui est à l’origine de cette
hécatombe. Et celle-ci ne s’est pas encore aperçue, qu’en se comportant ainsi,
elle jette un total discrédit sur tout un pays. Une rencontre avec un expatrié
sur le net ne garantie pas forcément le bonheur. Combien de Camerounaises ne se
sont-elles pas retrouvées sur les trottoirs européens en plein hiver, après leur
fameuse rencontre ? Tant que le gouvernement camerounais ne prendra pas les
mesures nécessaires pour éradiquer ce fléau, de nombreux Camerounais se verront
obligés de s’expatrier pour pouvoir se marier, à moins d’être blindés de
devises. Quand il n’y a plus d’Etat dans un pays, c’est le bas peuple qui en
pâti. Beau est le Cameroun, malade est sa société.
NGOMBULU YA
SANGUI YA MINA BANTU LASCONY
Ecrivain, documentariste, historiographe
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