Après l’éclaircissement de l’univers footballistique camerounais avec deux victoires de rang et le gain de la LG Cup, les errements et les approximations ont repris leur droit au sein du football camerounais. Pour cause, les joueurs sont allés à la fronde, réclamant leurs primes de matchs, allant jusqu’à poser un lapin à l’Algérie avec qu’ils devaient affronter en match amical.
Une situation qui ne fait sans doute pas honneur à la fédération camerounaise, et qui a rappelé la grève de l’équipe de France de Kryshna, et de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer ce qu’ils ont considéré comme du mercantilisme, voire du mercenariat de la part des internationaux camerounais.
En effet, pour beaucoup, jouer au Cameroun devrait être un honneur, un honneur incompatible avec la notion de paiement, la récompense étant la fierté de porter les couleurs nationales. Un argument réel et tout à fait véridique, mais qui ne prend en compte qu’une partie du problème.
En effet, si pour le supporter standard, le footballeur camerounais n’est qu’une icône, un divertissement, Samuel Eto’o, Alexandre Song et leurs coéquipiers ne se limitent pas à cela : ce sont avant tout des professionnels dont le métier est footballeur, et il n’est que normal qu’ils soient rémunérés pour exercer leur activité, fut-elle au service du Cameroun.
Pourrait-on imaginer un médecin, parce qu’il travaille pour le Cameroun, travailler gratuitement ? Un chanteur, se produire sur scène et rentrer les poches vides ? Bien plus que d’argent, et de convoitise, il s’agit pour les footballeurs camerounais de justice et de rémunération pour le travail accompli.
Un facteur supplémentaire à considérer, est que les footballeurs n’exigent pas de mettre à genoux à un état qui doit se serrer la ceinture pour payer les primes de matchs : les sommes sont toujours débloquées en haut lieu, et c’est dans les étapes intermédiaires que ces sommes sont absorbées pour ne jamais finir dans les poches des footballeurs. Si de prime abord, on demandait aux lions indomptables de jouer gratuitement, le contexte serait différent du cas où l’on sait que l’argent a été décaissé, mais détourné par quelque âme malveillante.
De plus, il ne faut pas oublier que les footballeurs camerounais, quelques stars mises à part, se battent durement pour garder ou gagner des places de titulaires dans leurs clubs respectifs. Répondre à une convocation internationale, c’est accumuler de la fatigue et donc souvent de revenir moins performant en club, ou carrément blessé, comme cela a été le cas pour Carlos Kameni, actuel 3e gardien à l’Espanyol qui s’est blessé pendant la LG Cup.
Concernant les sommes d’argent à débloquer, la Fecafoot touche de belles sommes pour les différentes apparitions des lions indomptables sur les terrains : droits télé, sponsoring, subventions FIFA… Une belle manne qui n’est due qu’aux performances des joueurs qui sont ceux qui portent le maillot et enchaînent les performances. Rien de plus normal de les rémunérer au vu des différents flux entrants.
Plutôt que de remettre en cause une grève totalement légitime des joueurs, qui doivent à un moment pousser la fédération dans ses retranchements, il peut être pertinent de se demander pourquoi ce cas de figures, le paiement des primes, subvient toujours au Cameroun. A lire les médias, une fois les menaces prises au sérieux, l’argent est arrivé dans la journée de Lundi alors que les réunions n’avaient débuté que la veille ; on peut donc penser que cet argent était disponible, mais n’a pas été mis à disposition. Un cas classique au Cameroun, qui rappellera la valise de l’opération coup de cœur de la coupe du monde 1994, perdue quelque part entre Yaoundé et New-York.
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