Hier mercredi 9 juillet, aux premières heures de la matinée, l’enseignant de droit Amadou Monkarée entame une grève de la faim devant l’entrée de l’Université de Douala. « Depuis huit ans, je n’ai pas connu d’avancement », justifie-t-il. Jean Gatsi, son collègue, est solidaire de la démarche. Les deux enseignants réclament une revalorisation indiciaire. A peine entamée, cette grève de la faim est interrompue à la demande du sous-préfet de Douala 3e qui convoque Amadou Monkarée à son bureau. Le chef de terre, proche parenté de l’enseignant, veut le convaincre de renoncer à son projet. Interpellé par cette action désespérée qui épingle sa gestion des ressources humaines et des carrières, le recteur de l’Université de Douala, Bruno Bekolo Ebe, réagit en organisant un point de presse.
Selon lui, ces deux cas existent avant son arrivée. Amadou Monkarée, chargé de cours en faculté de droit, doit prouver l’authenticité de son doctorat, et qu’il a enseigné à l’Université Ahmadou Bello à Zaria au Nigeria. Jusqu’ici, à en croire le recteur de l’université de Douala, seule une photocopie d’une correspondance signée par une « vulgaire» secrétaire fait office de preuve. Jean Gatsi, quant à lui, aurait exercé son recours gracieux contre l’abaissement d’échelon décidé par le recteur en février 2005 hors délais. «Ils sont eux-mêmes leur propre problème », résume-t-il, ajoutant : « Ce qu’on reproche au recteur, c’est de vouloir appliquer la réglementation en allant jusqu’au bout de la logique pour valoriser les valeurs dignes, et en assainissant l’institution universitaire des brebis galeuses».
Amadou Monkarée, malgré le break causé par la convocation du sous-préfet, est décidé d’aller au bout de sa grève de la faim. « Le ministre de l’Enseignement supérieur m’a recruté au grade de chargé de cours, or je suis payé à l’indice 530», explique-t-il. Cette injustice provient, selon lui, de la dénonciation des pratiques peu orthodoxes qui ont cours à l’université de Douala : les fraudes aux examens, l’attribution des notes manipulées depuis le centre informatique et l’attribution des diplômes aux personnes qui n’ont même pas été inscrites, voire à celles qui n’ont pas obtenu l’attestation requise d’admission à l’université. Battant en brèche l’argument du recteur, il soutient que «la correspondance de l’université nigériane est arrivée à l’université comme l’indique le cachet d’arrivée en août 2002 et elle est frappée du sceau confidentiel [...]
L’Université de Douala a les moyens de vérifier tout ce qu’elle veut auprès de l’Université Ahmadou Bello. Et si elle est convaincue que j’ai des faux diplômes, qu’elle me livre à la justice, sinon elle est complice ce d’autant qu’elle fait percevoir l’argent de l’Etat à quelqu’un qui ne le mérite pas».
Jean Gatsi, de son côté, attend l’issue des travaux de la XXVème session du Conseil d’université ce jeudi 10 juillet pour mettre sa menace de grève de la faim à exécution si son statut n’était pas reconsidéré. Admis à l’agrégation Cames en 2007, il serait toujours payé à l’indice 530 comme assistant sans thèse…
Source : Le Messager
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