Nous l'annoncions déjà dans notre édition de mercredi 11 juin dernier. Fonya Félix Morfan, sous préfet de Kombo Abedimo dans la zone de Bakassi est mort dans l'attaque dont l'embarcation dans laquelle il se trouvait a été victime lundi dernier par des hommes armés, alors qu'il se rendait à une inspection, comme l'indiquait nos sources, dans une chefferie de la localité où avait été découverte une cache d'armes. En compagnie de huit hommes de nos forces de défense dont un officier supérieur. La nouvelle de la mort des membres de l'expédition est confirmée par un communiqué de l'Etat major des Armées rendu public samedi dernier. Un communiqué qui fait état de ce que " les corps des cinq occupants sur les six enlevés par ces pirates ont été retrouvés hier (vendredi ndlr) 13 juin 2008, enfouis dans les mangroves… ".
Des corps que le même communiqué annonce " criblés de balles et mutilés, ont été récupérés dans la nuit du 13 au 14 juin 2008 par nos Forces de Défense et de Sécurité… ". Ce qui rend quelque peu difficile le processus d'identification des corps que l'on dit engagé par les médecins et autres spécialistes. Une difficulté relayée par un responsable du ministère de la Défense à nos confrères de l'Agence France Presse (Afp), avant d'indiquer que " il ne fait cependant quasiment aucun doute que le sous-préfet enlevé est parmi eux et que la sixième personne dont on n'a pas retrouvé le corps est aussi décédée…"
Le sous-préfet de Kombo Abedimo, Fonya Félix Morfan et cinq soldats avaient été attaqués et enlevés dimanche 8 juin dernier, lundi 9 juin pour les autorités, alors qu'ils se trouvaient à bord d'une embarcation sur le fleuve Akwa Yafé, près de la localité de Belmond. Trois autres soldats, dont un grièvement blessé, avaient réussi à échapper aux assaillants en plongeant dans l'eau, selon les termes du communiqué publié le 10 juin dernier par le général de division René Claude Meka, chef d'Etat major des Armées. Les six victimes sont celles qui n'ont pas pu échapper à leurs " agresseurs ". Des agresseurs qui, selon le communiqué des autorités militaires camerounaises, avaient emporté avec eux " les blessées, l'embarcation et l'armement qui s'y trouvait ".
Cet incident n'est pas le premier du genre dans cette zone de la péninsule de Bakassi. On se souvient en effet que le 12 novembre 2007, 21 soldats de l'armée camerounaise avaient trouvé la mort dans ce qui avait été présenté à l'époque comme une " attaque surprise de pirates " restés jusqu'à ce jour introuvables. Le Président de la République qui avait pris le soin de mettre hors de cause le voisin nigérian, avait indiqué que des enquêtes avaient été ouvertes pour déterminer les auteurs de ces actes. Comme avec les " pirates " de la semaine dernière, ceux du 12 novembre 2007 courent toujours. La principale réaction des autorités camerounaises depuis le début de ces incidents a été le limogeage du capitaine de vaisseau Oyono Mveng, qui à l'époque était commandant du dispositif militaire camerounais à Bakassi connu sous le nom d' " Opération Delta ".
René Claude Meka, le chef d'Etat major des Armées a, dans son communiqué lundi dernier, assimilé ces actions à " du terrorisme international ", en référence à ce qui s'est passé ces dernières semaines au large des côtes somaliennes quand des pirates avaient pris en otage des bateaux de plaisance et de pêche. Sauf que dans le cas somalien, il est plus question de demande de rançons que d'exécutions systématiques des personnes prises en otage.
Des événements qui interviennent alors que, conformément à l'accord de Greentree du 12 juin 2006 signé entre les présidents Paul Biya du Cameroun et Olusegun Obasandjo à l'époque à la tête du Nigeria, sous l'égide de l'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, les autorités d'Abuja doivent définitivement quitter la péninsule de Bakassi le 12 août 2008. Même si les populations nigérianes auront encore cinq ans pour jouir pleinement de la qualité de citoyen dans la zone.
Source: Quotidien Mutations
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