Douala, ou l'apologie du désordre
S’il y’a un aspect qui fait comprendre à un nouveau venu qu’il est à Douala,
c’est sans aucun doute le désordre urbain qui y règne.Contrairement a sa sœur
capitale qu'est Yaoundé - qui brille par sa droiture, sa beauté et sa bonne
circulation en tant que la capitale
politique - la capitale économique elle est le chef lieu du désordre. Circuler à
Douala à pied ou en véhicule est un véritable parcours de combattant dans lequel
il faut être aguerri pour s'en sortir sans dommage.
Pour les automobilistes c’est chacun qui applique son code de la route au
détriment du code Rousseau que tout le monde est censé connaître, mais a relégué
au fond de sa mémoire comme les élections transparentes : tout le monde sait que
cela existe mais personne n'y croit. L’incivisme est d’autant
plus poussé dans cette ville qu'elle est la seule où l'on peut voir abandonnés
sur la voie publique un conteneur par-ci ou un camion par-là, et il revient à
ceux que cela gêne de chercher une solution.
Seulement c’est un cas parmi tant d’autres, à Bonabéri, du coté de la « nouvelle
route » dans la zone dite du « grand hangar » la voie publique est systématiquement
assaillie par des commerçants qui
étalent leurs marchandises à même le sol et en bordure de la chaussée.
Le marché nest pourtant pas loin, mais on est sur d'avoir plus de clients en
faisant comme cela.
Les motos-taxis sont de véritables fléaux urbains
L'Etat de la route n'aide pas les automobilistes
Du fait de cette invasion, la circulation
devient encore plus difficile et le mauvais état de la route n'y arrange rien.Il
n'est donc pas étonnant qu'embouteillages et accidents soient souvent au
rendez-vous. Le même sort est
réservé à la route de Bonakouamoug,où la « la casse » a élu son domicile : en
effet, des vendeurs se retrouvent le temps d’une matinée à occuper cette voie en
proposant des produits de tous genres au clients, produits bien sur exposés par
terre. Ces diverses ventes rendent la circulation difficile, même pour un
piéton.
A la question de savoir pourquoi occuper la voie publique
de nombreuse raison sont évoquées :
« Nous les camerounais du bas peuple nous sommes obligés de nous rapprocher au
maximum des clients pour avoir de quoi vivre, j’ai une licence mais pas eu la
chance d’avoir un emploi donc je me débrouille de plus la communauté ne nous
laisse pas avec les taxes ». Interrogé, Séraphin Antoine lui répond « nous voulons bien aller
dans un marché mais seulement c’est loin des clients et la location du locale
est très cher pour nous »
Comment remédier à ce problème ?
Les motos taxis ont pris d'assaut les rues de Douala
Le pouvoir public essaye de résoudre ce problème en essayant de créer des marchés bien
situés mais aussi à des prix de location abordable. Un premier succès a été
enregistré concernant les vendeurs du marché des fleurs à Bonapriso. Mais ce
n'est qu'une grain de sable face à ce qui constitue le noeud du problème : les
motos-taxis. Avec
près de 50000 motos taxi dans la ville, la circulation à Douala est devenue
impossible. Dangereux, créant de multiples accidents, ces motos sont
incontournables et ont envahi toutes les voies publiques. Il n'est pas rare au
détour d'une rue de voir une moto, dès que le chauffeur a pris un client,
rejoindre la route sans regarder si une voiture arrive.
La nuit, c'est encore pire car bon nombre de motos roulent toutes lumières
éteintes : l'automobiliste classique doit donc être constamment en éveil s'il ne
veut pas heurter un bend skin qui, prévu pour une ou deux personnes, en
transporte parfois trois ou quatre, voire plus dans des cas exceptionnels
: il n'est en effet pas rare de voir une mère d'enfants - sans doute par manque
de moyen - emprunter ce moyen de transport avec ses deux ou trois enfants. Un
accident survenant, on aura tôt fait de crier à la sorcellerie, seule
explication logique pour selon certains pour expliquer que plusieurs membres
d'une même famille perdent la vie en même temps ; il n'est est rien : il s'agit
tout simplement d'incivilité routière.
De bonnes raisons d'espérer
Douala est en phase d'amélioration
Ici encore c’est le pouvoir public qui est indexé sur le fait de tout ce
désordre : il est en effet reproché à celui-ci de n'avoir pas créé des aires de stationnement. L’ancien préfet du
Wouri, M.Atebede avait fait du déguerpissement des motos taxi des
grands axes routiers son objectif principal. Il est à déplorer qu'il ne soit pas
resté plus longtemps afin de prendre des mesures efficaces.Il ne nous reste plus qu’à espérer que le nouveau
suivra ses traces.
Mais il reste encore un espoir, car il y a bien une personne qui veut et peut
faire de Douala une ville non seulement propre mais aussi moderne. Organisation
de journées citoyennes de propreté, concours de la ville la plus propre, il a
apporté sa touche personnelle à la ville de Douala et les effets s'en font
sentir : on pense bien sur au Dr Fritz Ntonè Ntonè, délégué du Gouvernement à
Douala. Mais seulement, sa politique de "faire des omelettes en cassant durement
les oeufs" se heurte aux moeurs et aux âmes sensibles, et il a souvent recours à
la force, ce que nous décrions. De nombreux commerçants ont du déguerpir des axes routiers, tout matériel abandonné sur la voie publique est
désormais systématiquement retiré, de bonnes augures en vue d'un assainissement de la voie public.
La mentalité étant la plus vive des résistances, nous devons avoir un
comportement saint et cesser de faire de la voie publique une propriété
personnelle mais plutôt collective. Prenons notre mal en patience et nous
espérons que Douala deviendra une belle ville qui n'aura plus à rougir face à sa
soeur Yaoundé.
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