
La voix d’or de la musique camerounaise séjourne dans son pays d’origine depuis
quelques mois. Afin de connaître la raison de ce séjour et ses projets à venir,
Camerounlink est allé à la rencontre de la chanteuse, aujourd’hui âgée de 41 ans
qui annonce un duo avec son fils aîné encore bébé dans la vidéo du tube à succès
« Maladie difficile à soigner ». On y découvre une chanteuse au grand coeur, mais
aussi durement marquée par les expériences de la vie ; et contrairement à ce que
l'on pourrait penser, la fulgurance des succès de Maladie difficile à soigner
ou de Un petit bébé semblent loin et ont laissé la place aux réalités et
difficultés de la vie.
Camerounlink.net :
Cela fait quelques mois qu’on t’aperçoit au pays. Séjour privé ou professionnel
?
En effet je fais des allées et retours entre Douala et Paris depuis le début de
l’année parce que je prépare mon prochain album. J’ai réalisé la première partie
en France et je suis revenue au pays pour y mettre une touche locale. Je retourne
en France au cours du mois de juin pour finaliser cet album.
Parle-nous un peu de cet album.
Si tout se passe bien, il sortira avant la fin de cette année. C’est un album avec
lequel je compte célébrer mes 20 ans de carrière musicale en décembre prochain.
Il comprendra 12 titres environ et sera essentiellement constitué des anciennes
chansons relookées et de certaines de mes compositions inédites. Je chanterai une
autre version de « maladie difficile à soigner » avec mon fils aîné qui était encore
bébé dans le clip. Il est aujourd’hui âgé de 25 ans et est étudiant en 3e année
de droit en France. Je vais aussi reprendre certaines chansons en duo avec des artistes
qui m’ont souvent aidée à faire des chœurs. Ce sera aussi le premier album entièrement
arrangé par moi.
Pourquoi as-tu choisi de vivre en Europe ?
Simplement parce que j’y gagne plutôt bien ma vie. Je ne l’ai pas fait par plaisir,
au contraire ! Je donnerai tout pour être au pays mais ici il est très difficile
de vivre de son art. Là bas (en France ndlr) j’organise des ateliers de chants dans
des écoles et je suis bien payée. Paris étant la capitale des artistes africains,
le boulot ne manque pas. Je fais des voix en studio et des chœurs pour les autres
artistes.
Je n'ai pas d'ennemis mais je me méfie en raison des coups à travers lesquels je suis passée

On t’aperçoit ces derniers temps dans un clip très dansant avec Chantal Ayissi. (voir : Chantal Ayissi et Annie Anzouer : La poule aux oeufs d'or
Comment s’est passée la rencontre ?
Chantal est une amie, on se connaît depuis longtemps. Elle m’a été d’une grande
aide après la chute de mes affaires au Cameroun (un cabaret « la pêche » qu’elle
avait ouvert à Douala avec son compagnon d’alors, ndlr). C’est elle qui m’a soutenue
dès mon retour en France. Du coup quand elle m’a contactée pour faire ce duo, je
n’ai pas hésité une seule seconde.
Quels sont tes rapports avec les autres artistes camerounais ?
Je n’aime pas beaucoup cette question. Chaque artiste mène sa carrière de son côté
et quand on se rencontre, on se salue sans plus. Il peut y avoir des affinités !
Ce qui est tout à fait normal. Personnellement je n’ai pas d’ennemi même si mais
je me méfie en raison des coups par lesquels je suis passée. Par contre il y a des
artistes que j’admire beaucoup sans forcement être leur amie. Comme auteur compositeur
j’aime bien André Marie Talla et Ekambi Brillant. Comme chanteuse, j’apprécie beaucoup
Anne Marie Nzié et Bebey Manga.
Ton départ du groupe Zanguelewa ne s’est pas fait de la manière la plus tendre.
Que s’est-il passé ?
Le groupe Zanguelewa est un mauvais souvenir sur lequel je préfère ne pas revenir
car c’est une étape de ma vie qui réveille en moi de douloureux souvenir.
As-tu encore de contact avec les membres de ce groupe ?
Pas vraiment.
On ne peut pas être juge et parti. Annie Anzouer ne peut pas détenir les droits de Grace Decca !
L’assemblée générale élective à la CMC (Cameroon Music Corporation) vient d’être
renvoyée au 07 juin. Quel est ton avis sur cette actualité qui fait couler beaucoup
d’encre et de salive ces derniers temps ?
Je pense qu’on ne peut pas être juge et partie. Si Annie Anzouer est chanteuse,
elle ne peut pas gérer les droits de Grace Decca ! A mon avis, la société doit être
gérée par des personnes impartiales.
Quel est ton point de vue sur ce phénomène de la piraterie qui sévit actuellement
?
A un moment j’ai pensé qu’il fallait faire payer tous les CD contrefaits mais il
s’est avéré que la personne qui percevrait l’argent sur le terrain ne le ramènerait
pas nécessairement vers les caisses prévues pour cela. Du coup, je me suis dite
que tant que l’Etat ne prend pas ses responsabilités, les artistes ne peuvent rien.
On fait plaisir aux gens et ce serait juste qu’on puisse vivre de notre art.
Quel est ton plus beau souvenir en tant que chanteuse ?
Il y a très longtemps, j’étais en spectacle à Nancy en France où j’ai interprété
le titre « l’amour existe ». A La fin du spectacle, il y a une très vieille dame
blanche qui est venue me voir dans les loges et a commencé à pleurer en disant quel
n’avait jamais vu quelqu’un chanter aussi bien. Elle m’a fait livrer des fleurs
à mon hôtel et je les ai ramenés toutes fanées à ma mère au Cameroun.
Et quel est ton plus mauvais souvenir ?
Lors d’un voyage, J’ai failli être abusée par un des membres du groupe Zanguelewa.
Ça reste mon pire cauchemard.
Tu as fêté ton 41e anniversaire le 15 mai dernier et pourtant tu parais toujours
aussi jeune. As-tu un secret de beauté à partager avec nous ?
(rires) Mon premier secret c’est mon Etat d’esprit ! Quand tu prends la vie du bon
côté sans forcement dramatiser tout ce qui t’arrive, ça te rajeunit. Je mets tout
ce qui m’arrive sur le compte de la destinée. Le second secret est que je ne mets
rien d’agressif sur ma peau. Contrairement à ce qui se dit, je ne me décape pas.
Je suis claire de peau de naissance car j’ai un arrière grand parent métis. Troisième
secret, cela fait au moins 20 ans que Je ne consomme presque jamais du sucre. Je
mangue naturel et j’évite au maximum les produits surgelés.
Quelle est ta tâche ménagère préférée ?
Faire la cuisine, j’adore faire la cuisine, donner à manger aux gens.
Quel est le défaut que tu détestes le plus chez un être humain ?
Je n’aime pas l’hypocrisie. J’ai horreur des gens qui portent des masques car la
réalité les rattrape toujours ! Les artistes camerounais sont passés maîtres dans
ce jeu là. Ils sont invités en Europe par un groupe de camerounais de la diaspora
pour aller chanter devant une centaine de personnes mais une fois de retour au pays,
ils racontent dans tous les médias qu’ils étaient en tournée en Europe ou aux Etats
unis ! Ils se battent là bas pour survivre mais dès qu’ils rentre au bercail, ils
jouent les grandes stars et moi je pense qu’il faut dire à ces jeunes que ce n’est
pas facile de s’en sortir en Europe Il faut leur dire que rien que le fait d’être
noir vous oblige de faire dix fois plus d’effort qu’une personne de race blanche
dan son pays.
Quels conseils donnes-tu à ces jeunes filles qui veulent se lancer dans une carrière
musicale ?
Il faut tout d’abord aimer ce que l’on fait et le faire bien. Se former et se perfectionner
chaque jour pour être la meilleure. Il ne faut pas utiliser son corps et sa jeunesse
pour atteindre ses objectifs car une fois que l’âge pointe à l’horizon, tout le
monde vous lâche ! Pire encore si vous n’avez aucun talent. Coucher avec tout le
monde autour de soi ne garanti nullement le succès. A bon entendeur !
Est-ce que tu as des enfants ?
Oui j’ai deux garçons sortis des mes entrailles. J’ai eu mon premier fils à l’âge
de 16 ans. J’ai aussi beaucoup d’enfants adoptés.
Découvrez les clips d'Annie Anzouer dans la rubrique musicale de Bonaberi.com
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