La gestion de la Camair Co pas encore réglée
Après la nomination par le président de la République, du président du conseil
d'administration et du Directeur général (Dg) de la Cameroon Airlines
Corporation (Camair.Co), d'autres questions sur le fonctionnement futur de la
compagnie taraudent encore les esprits. Il a est ainsi des avions qui pourraient
finalement constituer la flotte. Parce que le tout nouveau Dg, Gilbert
Mitonneau, de nationalité française, est un ancien employé du constructeur
Airbus, l'on se demande si son choix n'est pas guidé par la volonté du
gouvernement camerounais à trouver un interlocuteur facile auprès de ce
constructeur dans la perspective des achats d'avions avec des conditions plus
souples.
C'est une possibilité qui n'est pas à exclure, même si des experts camerounais
ont récemment séjourné aux Etats-Unis et en Europe pour l'inspection de trois
avions. Notamment trois Boeing : deux 737 et un 767. En plus du Dja, un 747 pour
lequel le gouvernement camerounais, selon les ministres de l'Economie et des
Finances, a déjà conclu un convention d'achat avec le propriétaire, qui le
louait à l'ex-Camair. Toutefois, si l'option d'achat des avions auprès de Airbus
est finalement retenue, elle devrait poser quelques problèmes.
D'abord, explique un ancien technicien de la Camair, il va se poser un problème
pour les pilotes et techniciens de Camair.co., qui vont être recrutés,
prioritairement parmi les anciens employés de la Camair, compagnie habituée aux
avions Boeing. "Il faudrait, par exemple, faire des qualifications dans les
ateliers de Airbus. Ce sont des formations supplémentaires qui peuvent durer
deux à trois mois", explique ce technicien qui a gardé l'anonymat. Il s'agira
donc d'envoyer ceux qui seront retenus pour ce surplus de formation, dont la
durée va davantage prolonger la date du vol inaugural de Camair.co, que le
ministre de l'Economie, Louis Paul Motazé, avait déjà hâtivement prévu pour le
mois d'octobre dernier.
Avant d'envoyer les pilotes faire des qualifications chez Airbus au cas où
Camair.co déciderait de constituer une flotte avec es avions d ce constructeur,
il va d'abord falloir les recruter. Ce qui n'est pas encore le cas jusqu'ici.
"En novembre dernier, le ministre des Transports a lancé un recensement de tous
les techniciens qui ont bénéficié d'une bourse de l'Etat", indique un ancien
cadre de la Camair. Cette catégorie de personnels n'étant pas une denrée facile
au Cameroun, aucun technicien ne devrait, en principe, manquer à l'appel. La
même source précise que " même avec ceux des techniciens qui n'ont pas bénéficié
de bourse, on n'atteint pas actuellement le nombre de 30 ". Même s'il faut
ajouter à ceux-là la vague de 17 jeunes Camerounais qui viennent d'achever (fin
2007, et donc pas assez d'expérience) une formation au Maroc.
Le Dja
Autre problème économique que peut poser l'éventualité d'avoir des avions Airbus
dans la flotte de Camair.co, c'est la capacité du Cameroun à pouvoir gérer une
flotte constituée d'avions de deux constructeurs différents. Le Boeing 767
baptisé "Le Dja" étant déjà la propriété de Camair.co. "Seules les grandes
compagnies aériennes peuvent se targuer de pouvoir gérer une flotte de ce type.
Parce que les pièces sont, par exemple, interchangeables entre les avions du
même constructeur. Une pièce d'un Boeing 737 peut valablement être utilisée pour
un 767 et ainsi de suite. Or, si on considère que la flotte a les avions de deux
constructeurs, il faudrait aussi à Camair.co deux magasins ", explique encore le
technicien qui s'inquiète déjà de l'état du " Dja" qui, d'ici février prochain,
aura fait un an sur place dans les hangars de la compagnie à Douala. "Ce qui est
mauvais pour un avion", soutient-il.
Si l'option Airbus est retenue, il peut aussi s'offrir une autre possibilité
d'exploitation à Camair.co avant que les techniciens et pilotes ne fassent
éventuellement des qualifications. " Le gouvernement peut faire venir des avions
avec des techniciens et pilotes. Mais cette option pose le problème de surcoût
parce qu'il faudrait débourser plus d'argent. Une solution que la Camair a déjà
expérimenté au moment de l'acquisition du 767-300. On avait à l'époque loué cinq
techniciens à concurrence de 25 millions de francs Cfa par mois auprès de Air
France", souligne un ancien employé de Camair.
Source : Mutations
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