Jusqu’à jeudi
dernier, l’un des bâtiments annexes de l’immeuble principal abritant les
services du ministère chargé de la Défense semblait encore porter les habits du
deuil. Quelques soldats, arrivés tôt au bureau trois jours auparavant (lundi le
23 novembre) avaient eu la stupeur de découvrir que le bureau du contrôleur
financier était entrouvert, alors que ce dernier n’était pas encore là. Selon
nos informations, M Ntjek Serge, serait arrivé à son bureau autour de 8h 30 et
l’aurait découvert sens dessus-dessous. «Nous avons pu entrer dans le bureau du
chef», précise un adjudant chef sous anonymat. «Il y avait de la paperasse dans
tous les sens. Une mallette était posée sur la table, vidée de son contenu. La
grande armoire en bois massif a été forcée».
La police scientifique a été aussitôt alertée. Et une équipe a effectué ses
premiers constats hier en fin de matinée. S’il est prématuré de tirer les
premières conclusions, l’un des enquêteurs aurait laissé entendre à un militaire
sur place que les premiers indices permettaient d’envisager des pistes
sérieuses, des traces de pas de chaussures militaires ayant été identifiées.
Autre information ayant pu filtrer de la première descente de la police
scientifique : aucune porte n’a été forcée, alors même que chacune des entrées
du bureau du contrôleur financier (par le secrétariat comme par l’entrée
directe) comporte une double porte. Aucune trace de passage par le plafond.
Un des militaires aurait cependant découvert que les cambrioleurs ont démonté
les antivols de l’entrée par le secrétariat, avant d’entrer dans le bureau du
contrôleur financier. Ce qui laisse penser à des complicités internes, à moins
que les auteurs du cambriolage aient bien préparé leur coup en se faisant
obtenir les doubles des clés.
« Aucune personne ne peut venir opérer ici en venant de l’extérieur ; les voleurs
sont certainement des connaisseurs des lieux », soupire une source.
Les mêmes sources laissent également entendre que, si on ne peut pas savoir avec
certitude ce qui a été emporté, il apparaît clairement que des documents
professionnels ainsi qu’une relativement importante somme d’argent ont disparu.
«J’ai entendu le chef dire qu’il avait dans sa mallette des francs Cfa et des
euros», indique une source. L’une des énigmes à éclairer déjà était de savoir à
quel moment s’est opéré le cambriolage, la dernière journée de travail ayant été
le vendredi. Une certitude, les malfrats ont manifestement pris tout leur temps
puisqu’ils ont pu forcer l’armoire en bois massif. Ils ont même eu le temps de
vider le réfrigérateur de son contenu (des jus, de l’eau et des olives) qu’ils
ont consommé sur place, en laissant bouteilles vides et noyaux sur place.
Mais est-ce ce petit butin qui a poussé les malfrats à opérer ? Difficile de le
penser. D’autant que des sources au ministère de la Défense indiquent que, dans
la perspective de la fin de l’exercice budgétaire (le ministre des Finances a
publié, entre temps, un communiqué indiquant la fin des engagements à ce jour,
30 novembre), le contrôleur financier était sous pression pour valider toutes
sortes de dépenses. A-t-il posé quelque acte de résistance et des responsables
auraient voulu le contourner ? C’est possible. On devrait en savoir plus avec
les auditions des principaux acteurs par la police scientifique qui ont commencé
mardi dernier, mais où rien n’a encore filtré.
Quelques indiscrétions laissaient
cependant entendre que l’une des choses recherchés par les cambrioleurs, le
composteur, cet appareil qui permet de valider les opérations du contrôleur
financier et de permettre les encaissements, n’avait pas été emporté. Après deux
cambriolages signalés dans ce département ministériel à l’époque de Remy Ze
Meka, le nouveau ministre chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, nommé le
30 juin dernier, gère sa première patate chaude chez les militaires.
Source :
Mutations
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