Jean Pierre Biyiti Bi Essam
On a cru que le très sémillant ministre de la Communication s’était définitivement tu. Depuis plus d’un mois, Jean Pierre Biyiti bi Essam n’a pas publié de tribune pédagogique ( ?) dans Cameroon tribune. Mais ce n’était qu’une éclipse. Dans sa livraison du mardi 8 avril 2008, le quotidien à capitaux publics a publié un texte de Jean Pierre Biyiti bi Essam, ministre de la Communication, sous le titre : “ 2011 : pour un Cameroun gouvernable, avant, et après ”. Le signataire de ce long texte veut tout simplement faire passer cette leçon : “ Une constitution, ça peut se modifier ”.
Biyiti bi Essam, fidèle à son tempérament, se hisse en donneur de leçons. Sur la transition à la primature en Grande Bretagne, le Mincom dit que “ le Haut commissaire du Cameroun en Grande Bretagne n’a fait aucun commentaire. Ce n’est pas son rôle ”. Traduction : que les chancelleries occidentales se taisent sur les affaires intérieures du Cameroun. La deuxième leçon de Biyiti bi Essam s’adresse à Radio France internationale qui, “ depuis 201 jours, égrène les heures de détention d’un journaliste africain, en l’occurrence son correspondant. Celui-ci, nous apprend-on, entretenait des contacts strictement professionnels par Rfi, avec les rebelles de son pays ”. Biyiti bi Essam met en doute qu’un journaliste puisse seulement entretenir des rapports strictement professionnels avec certaines sources. Lui qui a été journaliste en sait certainement quelque chose sur les rapports compromettants entre le journaliste et certaines sources, institutionnelles et politiques. Il n’y a qu’à voir avec quelle hargne il veut imposer la pensée unique au Cameroun depuis qu’il est à la tête du ministère de la Communication, pour comprendre que c’est difficile d’être indépendant de certaines sources. Robert Ménard de Reporters sans frontières est pris à parti par Biyiti : “ De quelle profession s’agirait-il ”, lui demande le Mincom
De quel débat parle-t-on ?
Jean Pierre Biyiti bi Essam rappelle que “ Chaque Etat doit s’occuper de ses affaires ”. Mais il ne donne aucune recette qui permettrait au Cameroun de ne plus solliciter des aides auprès des nations européennes, américaines et asiatiques pour régler les problèmes propres au Cameroun. Par ce brouhaha verbal, Biyiti bi Essam veut dire que les réactions de la communauté internationale sur le projet de loi sur la modification de la Constitution du Cameroun sont mal venues. Le Mincom croit que ce projet “ Intervient au terme d’un large débat national ”. De quel débat parle-t-il ? Si le patron de la Communication se réfère à l’action des médias aux ordres ( ?) qui ont entretenu le débat, il omet de mentionner que le débat a été étouffé dans certains médias privés et que tout est filtré dans les organes à capitaux publics. Biyiti bi Essam -qui a expressément demandé aux organes de presse de ne plus parler de l’armée sous aucun prétexte- prend l’opinion à témoin : “ Quel observateur de bonne foi peut douter de la liberté de presse au Cameroun ? ” Si le travail d’examiner, d’amender et d’adopter un texte incombe au Parlement, le Mincom affirme que “ Ce n’est pas à la rue d’en décider ”. Le peuple (ou la rue ici), à qui appartient le pouvoir souverain, se doit aussi de participer au débat, de donner son point de vue sur les actes qui engagent l’avenir d’une nation à laquelle il appartient.
Le Mincom devrait savoir que le peuple, qui doit faire preuve de responsabilité, de maturité et de mesure en toute chose, ne peut pas être toujours amorphe ; il ne doit pas se résigner. Car les erreurs des dirigeants, même ceux qui ont été choisis par le peuple au terme des opérations électorales, se répercutent sur le peuple. Et ce sont les efforts conjugués de ce peuple qui concourent à la vie de la nation.
“ Le projet en examen ne vise pas, comme aiment à seriner certains médias, à permettre au président Paul Biya de s’éterniser au pouvoir ”, se convainc Jean Pierre Biyiti bi Essam. On le lui concède. Mais dans quelle intention lui, Biyiti bi Essam, a défilé avec une pancarte à Ebolowa le 10 novembre 2007 avec la mention “ Paul Biya, mon candidat en 2011 ”, en suggérant la modification du 6(2) ?
Source :Le Messager
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