Une liste établie par le ministre qui atteste de la poursuite de plus de cinq mille fonctionnaires
Le 24 novembre dernier, lors de la présentation de son projet du budget 2009 devant les députés membres de la commission des finances et du budget, le ministre de la Fonction publique et de la reforme administrative a fait une déclaration qui irrite certains fonctionnaires qu’il accuse de percevoir “ indûment des indemnités à la Fonction publique ”. Emmanuel Bondé avait à l’occasion annoncé que dans le cadre de la première phase de l’opération d’assainissement du fichier solde des personnels de l’Etat, ses services avaient permis d’engager des procédures disciplinaires contre 5 234 agents détenteurs de faux actes, ou percevant des indemnités n’ayant aucun rapport avec leur situation réelle. Parmi ceux prétendument accusés d’être “ les voleurs de la fortune publique ” et contre qui des actions disciplinaires sont engagées, des voix s’élèvent pour dénoncer l’arbitraire.
“ Est-ce volontairement ou vraiment par erreur que ces honnêtes gens se trouvent mêlés à l’ivraie de la fonction publique ? ”, s’interroge un haut fonctionnaire. Plusieurs fonctionnaires en service dans les sociétés d’Etat et actuellement sous le coup d’ordre de recettes (des retenues sur salaire), émis sur la base de fausses informations les concernant, multiplient des requêtes. Sans succès. Antoine Marie Ngono et deux ingénieurs (Hilaire Thiam et Mbida Abega), trois vieux briscards de la Crtv sont parmi les “ victimes ” du ministre Emmanuel Bondé. Dans les couloirs du ministère, on affirme que le trio a envoyé une requête qui est jusqu’ici restée sans suite depuis près de cinq mois.
Injustice
Parmi les cas flagrants d’injustice, il y a le cas “ assez curieux ” d’un haut fonctionnaire que les fiches du ministre accusent de percevoir “ indûment des indemnités à la Fonction publique ” au poste d’adjoint au chef de service depuis 1975. Après vérification, l’incriminé est recruté le 24 octobre 1980 et est nommé pour la première fois le 27 août 1984. “ Comment comprendre qu’un fonctionnaire perçoit (au même poste de fonction) depuis 33 ans des indemnités indûment. Est-ce à dire que depuis 33 ans, il n’a eu aucune évolution de carrière ? Et même la retraite, il ne connaît pas ! ”, raille un fonctionnaire sous anonymat.
Joint au téléphone, l’ingénieur Hilaire Thiam pense que les ministères de la Fonction publique, de la Communication et des Finances, ne peuvent pas traiter des problèmes liés aux salaires des fonctionnaires en détachement à la Crtv, sans requérir des informations provenant du service des personnels de l’Office. “ Si cela n’est pas pris en considération, l’on va se tromper. Comment comprendre qu’un fonctionnaire régulièrement payé par le ministère des Finances qui a un matricule avec ce que cela comporte comme données concernant l’individu, soit accusé de toucher indûment des indemnités pour des périodes où l’intéressé n’était même pas en service ? ”, s’interroge Hilaire Thiam. Selon lui, chaque fonctionnaire a un matricule à partir duquel on peut définir sa date de prise de service, les dates de validité, primes et autres indemnités. Cela éviterait de pénaliser des innocents, conclut-il.
Statut hybride
Selon certaines indiscrétions, les collaborateurs du Minfropra ont fermé les yeux sur les fonctionnaires ayant des statuts particuliers. C’est le cas de ceux “ mis à disposition ” des sociétés d’Etat par leur ministère de tutelle. “ Nous demandons au ministre Bondé d’être vigilant sur les actions qu’il prend surtout quand il s’agit des fonctionnaires en service dans les sociétés d’Etat. En déclarant que ce personnel est fictif ou touche indûment des indemnités, c’est une grave erreur aux conséquences tout aussi graves ! ”, commente une des victimes.
A l’en croire, ces fonctionnaires à statut hybride mériteraient une attention particulière. En raison de leur position “ de mis à disposition ”, ils ont un traitement partagé entre le ministère des Finances et leur employeur. Il est souhaitable que le travail soit bien mené pour éviter des incongruités telles que celles que certains fonctionnaires en service dans les sociétés d’Etat bien connus vivent aujourd’hui. Pour éviter ce genre de désagrément, le ministre de la Fonction publique pourrait bien mettre à contribution le ministère de tutelle de ces sociétés.
Source: Le Messager
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