Le TGI a eu la main lourde : 40 ans de prison

Après quatre semaines de débats à huis clos, le Tgi de Yaoundé centre administratif a finalement vidé son délibéré dans l’affaire Ministère public et Crédit foncier contre Booto à Ngon, Joseph Edou et autres.

Les deux dirigeants sociaux écopent de 40ans de prison chacun, échappant par là à la condamnation à perpétuité requise par le Parquet pour Joseph Edou et 50 ans pour Booto à Ngon.

Au niveau de la guérite d’entrée du palais de justice et à l’extérieur de la grande salle d’audience de la cour d’appel, des gendarmes, armés de fusils, sécurisent une enceinte du palais que plusieurs membres de familles avaient investi dès 9 heures du matin. On les reconnaît aisément, assis aux côtés des prévenus et devisant avec eux. L’ambiance est plutôt bon enfant entre Joseph Edou et sa famille. Embrassades, accolades et éclats de rire ponctuent ces moments de retrouvailles. Quelques gardiens de prison et plusieurs gendarmes qui ont déjà pris place aux premières loges, veillent sur les prévenus. En faction à l’extérieur et au niveau des deux portes principales de la grande salle, ils surveillent tous les déplacements des prévenus et des mouvements autour d’eux. Il leur faut doubler de vigilance, surtout que le déferlement de la foule de badauds, ajouté à la forte présence des membres des familles, rend l’enceinte exiguë.

Tout se cabre lorsque le Greffier annonce l’arrivée des jurés. Dernières étreintes entre les prévenus et les leurs. Le greffier peut égrener le long chapelet des noms des 31 accusés. D’un pas lent et mal assuré les uns et les autres se dirigent, tête baissée, vers le box à eux réservé. C’est à 11h45mn que la collégialité que préside Mme Meka déclare ouverte l’audience criminelle. Des 31 prévenus appelés à comparaître, seuls dix sont présents devant la barre. La déclaration de culpabilité peut commencer. C’est dans un silence de cimetière que la présidente Meka, qu’assiste Foé Amougou, rappelle les chefs d’inculpation, les infractions et les montants détournés par chaque prévenu, tels que consignés dans l’ordonnance de renvoi. L’on peut entendre une mouche voler au moment où la culpabilité des uns et l’acquittement des autres tombe. 21 prévenus sont déclarés coupables et 10 sont acquittées.

Il est alors 17h15mn. Le tribunal annonce une suspension d’audience pour 10 minutes. A la reprise, la parole est donnée au ministère public pour requérir les peines. Après avoir pris acte de ces acquittements, le Procureur de la République, Awono Elele, annonce la libération, le déblocage des comptes, la restitution des biens saisis à titre conservatoire et la remise de la totalité des cautions de mise en liberté provisoire. Côme Tientah, pour ne citer que cet exemple, se voit restituer la somme de 300 millions Fcfa représentant sa caution. Une clameur de désapprobation traverse longuement la salle d’audience lorsque le procureur de la République requiert la perpétuité pour l’ex-Dg, Edou Joseph et 50 ans pour Booto à Ngon. Le ton de l’échelle des peines à prononcer était déjà donné. Lorsque le verdict qui reconnaît la qualité de délinquant primaire des prévenus tombe à 0h36mn, quelques sanglots parcourent la grande enceinte. Booto à Ngon et Joseph Edou sont condamnés à 40ans chacun, en l’absence de l’ex-Pca, qu’on dit très malade.