Jean-Pierre Essomba, vendeur à la sauvette, attend, avec une certaine quiétude, sa facture mensuelle d'électricité, qui arrivera au courant de cette semaine. " J'ai déjà mis de côté 10.000 F cfa. Cette somme me permettra à coup sûr de payer ma facture", déclare, avec une certaine assurance, ce client de Aes-Sonel.
Pour lui, il n'est plus question de vivre les déboires qu'il a connus le mois dernier avec la société chargée d'assurer le service de l'électricité au Cameroun. 15 jours après l'arrivée de sa quittance, élevée à 5.210 F cfa, l'homme a reçu chez lui, au quartier Mimboman, une équipe de techniciens de Aes-Sonel, qui a déconnecté son compteur électrique du circuit. En plus de la facture, Jean-Pierre a payé une pénalité de 1199 F cfa. "Cependant, j'ai passé deux nuits dans l'obscurité avant que la même équipe revienne rétablir le courant électrique ", se souvient-il.
La situation ainsi décrite n'est pas seulement vécue par des clients de Aes-Sonel. Elle l'est aussi pour ceux de la Snec et de la Camtel. Ces deux dernières entreprises approvisionnent les Camerounais en eau et en téléphone fixe respectivement.
Dans toutes ces structures, les abonnés ont 10 jours pour payer leur facture, à partir du jour où celle-ci leur parvient. Passé ce délai, non seulement les clients seront privés du service, mais ils doivent aussi payer, en plus de la facture, une pénalité. Cette pénalité est de 4590 F cfa à la Snec et de 1780 F cfa pour le téléphone fixe à la Camtel. Les amendes de Aes-Sonel sont fonction du montant de la facture. Selon une responsable en service à la direction régionale de la province du Centre, les pénalités commencent à partir de 1199 F cfa. Par ailleurs, lorsque la société découvre des personnes utilisant frauduleusement le courant électrique, elle leur facture tous les kilowatts ainsi consommés et ajoute une pénalité de 119.000 F cfa. La responsable explique aussi que ces montants ont pour seul objectif de rendre les abonnés " honnêtes ".
Selon Me Jean Tibidy Bessala, avocat au barreau du Cameroun, ces mesures n'ont de base légale que parce qu'elles constituent " un moyen de coercition utilisé pour que les clients paient toujours leur facture ". Il poursuit cependant que : " La pénalité est de trop. La pénalité s'inscrit dans la volonté des entreprises de renflouer leurs caisses. Ces structures sont dans un contexte de monopole et peuvent faire ce qu'elles veulent ".
Pourtant, certains Camerounais ne cachent par leur sentiment d'être ainsi abusés. " En janvier 2008, j'ai payé ma facture d'eau avec un jour de retard. Ils (les techniciens de la Snec, Ndlr) n'ont pas hésité à emporter mon compteur. Pourtant, il m'a fallu les attendre une semaine pour que l'eau revienne à la maison ", explique Jonas Kamtcha. Les clients mécontents, pour la plupart, se plaignent qu'après avoir payé la pénalité, ils doivent " motiver " les techniciens. Que ce soit à la Snec, à Aes-Sonel ou à la Camtel, les responsables déplorent cette attitude des employés sur le terrain. A Aes-Sonel, on assure que des équipes vont dans les quartiers chaque soir pour rétablir le courant électrique chez les abonnés sanctionnés. L'objectif étant que ceux-ci soient à nouveau connectés au circuit le jour même où ils ont régularisé leur situation.
Source: Le Jour Quotidien
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