Les séropositifs en colère au Cameroun
Même si on lui avait dit que la manifestation du Mouvement camerounais pour le plaidoyer à l’accès aux traitements (Mocpat) hier lundi 1er septembre 2008 était annulée, Hortense se serait tout de même déportée sur les lieux.
Cette séropositive, mère de deux enfants séropositifs, (l’un est résistant au traitement), est très inquiète quant à l’avenir. « Le test de résistance coûte 200.000 Fcfa. Ça fait trois mois que je n’arrive pas à le faire. Si je deviens moi-même résistante, ça devient quoi ? Si je meurs, qui va s’occuper de mes enfants ? », fulmine-t-elle.
Hortense ne vit pas encore la réalité de la rupture. « Mes enfants prennent le même traitement que moi. Quand il y a manque de sirop, on leur prescrit des comprimés. Et si les sirops arrivent, j’arrête les comprimés. Cela m’a permis d’avoir des réserves. Mais je n’en ai plus que pour quatre ou cinq jours maintenant », se lamente-t-elle.
Avant de se rendre sur le lieu du sit-in, une autre personne vivant avec le Vih-Sida (Pvvih) a pris le soin de se rendre à l’Hôpital central de Yaoundé, centre de traitement agréé (Cta) où elle a coutume de s’approvisionner. « Il n’y avait pas de médicaments », assure-t-elle. Nkongo a eu plus de chance à l’Hôpital militaire. Il y a « été surpris de recevoir 20 jours de traitement au lieu de 10 comme c’est le cas depuis bientôt deux mois ». Seulement, « j’ai eu oui dire que bientôt, nous serons aussi sevrés », s’inquiète-t-il.
A l’esplanade du Comité national de lutte contre le Sida à Yaoundé, l’angoisse se lit sur les visages. Pvvih et sympathisants affichent des mines graves. « C’est très grave la rupture. Autant les Arv sont intelligents autant les virus le sont. Cela veut dire que si vous devez prendre vos médicaments tous les jours à 10h, si vous le prenez à 10h03 ou à 10h moins 05, cela n’a plus aucune influence », explique Alain Fogué, secrétaire général du Mocpat. (Cf. Le Messager 2686 du vendredi 29 août 2008).
Parfois, poursuit-il, « on vous envoie en second ligne. Mais au Cameroun, seuls quelques Cta ont ces traitements. En outre, imaginons qu’un malade sous ce protocole vous infecte, vous n’aurez aucun traitement à disposition. Ça veut dire que c’est un danger aussi pour la population. C’est pourquoi il faut tout faire pour qu’il n’y ait pas rupture », plaide-t-il.
Avant d’exiger la disponibilité des médicaments dans les hôpitaux de manière permanente et continue. « Aujourd’hui, ils vous tiennent le langage selon lequel il n’y a pas eu rupture mais limitation ou pénurie. Le malade lui ne connaît pas les enjeux de gestion. Son problème est d’avoir les médicaments ».
A ce problème se greffe celui des agents relais communautaires, chargés de suivre les malades à domicile. Ils accusent six à dix mois d’arriérés de salaires. Après concertation avec le secrétaire permanent adjoint du Cnls, les manifestants ont convenu d’une descente sur le terrain dans les prochains jours.
Source : Le Messager
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