Une nouvelle attaque a eu lieu à Bakassi ce week-end
Les armes ont encore tonné dans la péninsule de Bakassi ce
week-end. Selon nos sources, samedi 18 octobre, il y a eu un affrontement entre
l’armée camerounaise et des assaillants en mer, vers la localité de Jabane.
L’accrochage a eu lieu vers 10h10 quand des individus suffisamment armés ont
attaqué deux chalutiers de pêcheurs dans les eaux camerounaises du golfe de
Guinée. Paniqués, les occupants ont alerté des militaires camerounais qui sont
farouchement intervenus. Des échanges de coups de feu entre assaillants et
militaires ont duré environ une heure. De sources gouvernementales,
l’affrontement a fait un mort et une embarcation coulée du côté de l’ennemi.
D’autres sources indiquent qu’il n’y a pas de morts, mais seulement des blessés
des deux côtés. Ce qui est sûr, c’est que l’attaque a été repoussée. Elle a
ainsi lieu trois semaines seulement après celle de la ville balnéaire de Limbe
qui ouvre sur l’Océan Atlantique. Des “ bandits ” y avaient dévalisé des
banques, emportant plus de 230 millions de Fcfa et faisant un mort et des
blessés.
Ces attaques à répétition donnent raison à ceux qui affirmaient, quand le
Cameroun a totalement recouvré sa souveraineté sur Bakassi à travers la
cérémonie du 14 août dernier à Calabar, que le plus dur maintenant, c’est la
sécurisation des frontières. Le commandant Ebi Dari, qui se présente comme le
directeur des opérations de mouvements opérant dans la zone de Bakassi, avait
juré que le Cameroun ne restera plus dans sa tranquillité habituelle tant que
leurs revendications ne sont pas satisfaites. Plusieurs groupes de rebelles,
brandissant leurs origines bakassiennes estimaient en effet que dans le
processus de négociation politique pour le retrait effectif du Nigeria de la
presqu’île, les deux gouvernements n’avaient pas assez tenus compte des intérêts
des peuples autochtones.
En attaquant des cibles camerounaises, ils affirmaient lutter pour que les
peuples vivant à Bakassi aient une indemnisation plus significative, du moins
pour les Nigérians qui refusaient de devenir Camerounais et qui décidaient de
regagner le Nigeria. Ils demandaient alors à discuter avec les autorités
camerounaises. Mais certains observateurs avertis ont cru déceler dans cette
revendication, une stratégie de pirates et braqueurs de grand chemin pour
s’éterniser sur la presqu’île et poursuivre leurs opérations. L’armée
camerounaise, généralement prise au dépourvu par leurs attaques éclairs au
début, s’est repositionnée et semble désormais prendre le dessus tant en
mangrove qu’en mer. Le 24 juillet 2008, déjà des affrontements à Kombo à Janéa
ont fait dix assaillants tués et huit prisonniers, selon des sources
gouvernementales, tandis que l’on dénombrait seulement deux morts et plusieurs
blessés côté camerounais, selon les assaillants.
Quoi qu’il en soit, l’équation de la paix est très loin d’être résolue. Dans un
entretien accordé au Messager vendredi dernier, l’ambassadeur de France, Georges
Serre, posait clairement le problème de la relative tranquillité du Camerounais
qui commence à être sérieusement perturbée. “ La stabilité que connaît le
Cameroun est fragile avec la montée des risques aux frontières terrestres et
maritimes. Il nous faut être vigilants ”, affirmait-il. Peut-être faudrait-il
que les Etats concernés par ces risques se concertent pour mettre sur pied une
politique de défense commune aux frontières.
Source : Le Messager
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