L'axe
Yaoundé-Bafoussam brillait des feux et gyrophares des camions Hysacam samedi et
dimanche derniers. On aurait pensé à un festival. "Nous sommes là pour
travailler ", n'a cessé de remettre les pendules à l'heure Patrice Nankeng, le
directeur technique et de la logistique d'hysacam, superviseur de la mission,
lorsque l'initiative avait tendance à prendre les allures ludiques. Depuis
samedi dernier en effet et ce jusqu'au 8 juin prochain, la société Hygiène et
salubrité du Cameroun (Hysacam) a mis en route son matériel de nettoyage pour
une opération dénommée " Caravane de la propreté " sur les axes Douala-Yaoundé,
Yaoundé-Kousseri, Yaoundé-Bafoussam, Bafoussam-Douala, Limbe et Kribi. C'est une
opération " ponctuelle mais il s'agit de voir quoi faire pour travailler avec
les mairies de façon continue. La caravane de la propreté se limite sur des axes
lourds pour ded raisons de timing. Si nous entrons dans les quartiers, on
passera un mois ", précise le directeur technique.
A chaque étape sur le parcours, les populations ont exprimé leur soulagement,
une fois débarrassées des ordures qui encombraient jusque-là cours, chaussée,
concessions, etc. Depuis parfois plusieurs décennies. Sur les 230 km qui
séparent Yaoundé de Bafoussam, la quarantaine d'agents en mission à bord de 25
camions et véhicules de services ont collecté environ 390 tonnes d'ordures dans
une dizaines de villes et villages situés sur l'itinéraire de " la caravane de
la propreté ". Que ce soit à Nkometou, village de la commune rurale d'Obala,
1ère étape du parcours ou à Bantoum I dans le département du Ndé, région de
l'Ouest, les populations manquent de plus en plus d'espace pour stocker les
ordures ménagères. "La population s'accroît, les gens déposent les ordures le
long de la route parce ça appartient à l'Etat. Il y a des problèmes de terrain.
Personne n'accepte que l'on déverse des ordures sur sa portion de terre
", fait
savoir Essossoa Teme, le chef du marché périodique de Nkometou. Et comme pour
apporter du crédit à ces propos, les engins d'Hysacam commis à l'aménagement
d'une décharge dans la localité Ombol Bingan du même arrondissement d'Obala ont
rencontré une résistance de la famille se réclamant propriétaire du terrain
choisi.
Les négociations ayant abouti à un échec, les ordures ont finalement atterri à
150 km plus loin. Le problème ne serait pas posé si la mairie d'Obala avait été
à jour de ses factures vis-à-vis de Hysacam. Cette municipalité avait en effet
un contrat jumelé à sa commune sœur de Sa'a. La deuxième payait régulièrement
pendant que la première restait insolvable. D'où la rupture du contrat et
l'amoncellement des ordures qui s'en est suivie.
A Banekane dans l'arrondissement de Bagangté comme à Nkometou, les populations
mettent le feu aux ordures pour réduire le volume. L'hystérie suscitée par
l'arrivée des camions Hysacam devient de ce fait compréhensible. Une foule se
forme aussitôt autour de l'escorte. Des cris de joie s'élèvent : "
l'escale que
fait Hysacam ici plaît beaucoup aux populations. Regardez la foule qui accourt
".
Pour sortir définitivement de l'insalubrité, les populations expriment le
souhait de voir installés des bacs à ordures dans leur village. Cependant que
André Feula, infirmier à l'aire de santé de Banekane espère que reculera le
paludisme, récurrent ici à son avis du fait de la forte présence d'ordures.
A Bafia, les populations semblent savoir ce qui attire les moustiques dans le
quartier " Marché du soir ". Depuis 40 ans en effet, s'impose ici une poubelle
faisant partie de celles que le maire Issah Ahmed appelle " rebelles que nous ne
pouvons pas enlever avec nos modestes moyens ". Quand la pelle chargeuse de
Hysacam donne son premier coup, le maire, d'un geste de ses deux bras comme un
maître de chœur fait crier la foule. " Au revoir moustiques ", entend-on une
femme lancer dans l'immense foule ayant convergé à ces lieux, suivant le
cortège.
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