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Cameroun - Bamilekes : Shanda Tonme répond à James Mouangue
(11/12/2008)
Le professeur Shanda Tonme du Comicodi a tenu à répondre à James Mouangue suite à sa dernière sortie médiatique.
Par Shanda Tonme
Shanda Tonme
Shanda Tonme

Note de la Rédaction : il s'agit d'une réplique du Professeur Shanda Tonme à une première intervention de James Mouangue.

Cher petit frère James Mouangué et très cher compatriote,Je tiens au préalable, à te rassurer, et à rassurer tous ceux de nos compatriotes et des étrangers, qui ont eu connaissance de nos échanges et continuent de s’en intéresser.  Je n’ai pour toi aucune animosité, ni religieuse, ni tribale, ni matérielle, ni affective.Je m’en voudrai éternellement si à la lecture de ta dernière réaction, je me laisse aller à des invectives, ou que je me mette à me dédire complètement tant sur les qualités que je te trouve en universitaire, que tant sur la manière dont je m’adresse à toi,  et enfin sur ton statut dans mon répertoire relationnel.

Tu évoques, à raison, nos rencontres et les conseils que je t’ai donnés à l’occasion. C’est pertinent, et c’est toute la symbolique d’une qualité d’aîné que j’entends non pas imposer, mais mériter.

Si la convivialité est un art des personnes simples, sages, loyales, humbles et honnêtes, l’inverse, en somme l’agressivité et l’injure caractérielle, sont aux êtres vivants, ce que les asticots sont dans les cadavres. Nous sommes loin d’être parfaits, et je crois que je porte une responsabilité évidente, d’éclaireur de conscience, par le seul fait d’avoir vu la lumière du jour avant toi, et d’avoir pris le chemin de l’école le premier.

La fraternité dont tu fais état et que tu sembles reprouver avec véhémence, n’est ni un alibi, ni une ruse, ni une moquerie. Le ton, le verbe, l’esprit et la substance procèdent chez moi, dans le cas d’espèce, d’une vivacité argumentaire qui emporte malgré la signification contradictoire, beaucoup d’amour. Qui aime bien ne châtie –t-il pas bien !

Enfin, avec ton intime permission, je veux aussi ajouter, que toutes sortes de réflexions et de démarches contentieuses, m’ont convaincu depuis quelques temps, de transformer mes certitudes et mes pulsions de vengeance, en promesses de pardon.

Voilà planté le décor, le cadre moral et psychologique, dans lequel et par lequel, je m’en vais non pas te répondre, mais simplement procéder à quelques mises au point.

Premièrement, les titres universitaires, toutes spécialités confondues, les distinctions et autres honorabilités, sont utiles dans notre expansion sociale, mais elles ne sont ni déterminantes, ni réellement indispensables, dans le cours d’un échange aussi émotionnel. Il y a longtemps, très longtemps même, que des savants se sont présentés, sont apparus ou ont été consacrés. Pourtant, certains africains contemplent encore les diplômes, avec une extrapolation et une mystification incompréhensibles.  Il faut apprendre à t’en éloigner.

Le moins tu les évoqueras, le mieux tu seras entendu, écouté et considéré.  Tu n’imagines tout de même pas que je me mette à étaler mes titres, diplômes, distinctions et honorabilités sur la toile. C’est un carnet de route trop plein, et les gestionnaires de Yahoo, ne manqueraient pas de me poursuivre pour sabotage. Mais en dépit de tout, je reste un parfait ignorant devant certains génies. J’en connais qui me remettraient à l’alphabète.

L’honnêteté voudrait ensuite que je te recommande de te valoriser d’avantage par la clarté , la densité et la pertinence de tes arguments, au lieu de recourir à la convocation intempestive d’auteurs étrangers qui bien souvent sont loin d’égaler la réputation de quelques érudits africains. Je saisi d’ailleurs l’occasion pour te demander d’avoir plus que du respect lorsque tu reprends la pensée d’un Maurice Kamto pour faire polémique en le sortant de son contexte. C’est un grand professeur et un savant du métier du droit, dont tu ne sembles pas encore à la hauteur du décryptage de la signification et de l’élan de la philosophie. 

Deuxièmement, parlant des Nations Unies et de toutes ces autres organisations. Je ne doute pas que tu ais mené des recherches sur des questions précises, d’un très grand intérêt. Mais ici aussi, je t’invite à la pondération, eu égard  à la qualité de ton contradicteur. Celui qui ne me connaît pas, prendrait le risque de croire que tu t’adresse à un intrus de la spécialité, ce qui n’est hélas pas le cas. Les organisations internationales sont mon domaine de prédilection, et de spécialisation, et leurs œuvres conventionnelles, particulièrement dans le domaine de la promotion, de la protection et de la valorisation des droits humains, me sont tellement familières que ma vie au quotidien se confond avec leur récitation. Parlant de publications ou de livres en cours, Je n’aime pas citer mes ouvrages et travaux consacrés à ces questions, parce que j’en oubli toujours. Je comprends qu’écrire un livre soit un exercice extraordinaire pour un jeune, un petit frère débutant, c’est normal. Chez ton grand frère que je suis, cet exercice n’est même plus ordinaire, il est banal.

Troisièmement, s’agissant des notions d’autochtones dans les travaux de l’ONU, lesquels constituent le principal moule normatif de tous les autres cadres conventionnels, il y a lieu de te renvoyer aux débats au sein de la commission du droit international, pour comprendre exactement le sens. Les populations autochtones ne se présentent pas sous l’angle que tu mets en exergue dans le contexte des manipulations politiciennes au Cameroun. Comment et pourquoi crois-tu, qu’il ait fallu l’avènement du régime de monsieur Paul Biya, son aggravation du tribalisme et des tensions ethniques, les villes mortes et les violences des années de braises, pour assister à l’irruption et à la codification de ces notions dans la vie politique camerounaise ? Quelle explication donnes-tu, au fait que la notion d’Anglo-Bami, soit une conséquence des revendications démocratiques au Cameroun ?

Je me demande finalement si tu ne confonds pas volontairement la situation des aborigènes d’Australie et de Nouvelle Zélande, ou celle des indiens parqués dans des réserves d’Amérique, avec celle de la souche villageoise dont tu es issu. Il est important que tu ailles te ressourcer aux documents de travail qui ont donné lieu à la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU relative à l’octroi de l’indépendance aux peuples et territoires non autonomes en 1960, pour mieux maîtriser toutes ces notions. Il faut faire une distinction nette entre des groupes de populations privés de tout droit d’expression et de toute participation au jeu politique et à la gestion politique, donc spoliés et oppressés, avec des groupes émancipés et intègres, qui par un processus de non maîtrise de certaines valeurs, sont tombés dans une forme de désuétude et de débâcle civilisationnelle.

Quatrièmement, tu semble soutenir, que les marches anti bamilékés de 1996 à Douala, sont des phénomènes du passé. Mais que non !  Nous y sommes encore et toujours, pour la simple raison que Bamiléké est devenu synonyme d’opposant au Cameroun, et revendication démocratique est devenue synonyme de complot bamiléké, désordre des allogènes, complot anglo-bami.  C’est donc bien une idéologie, et c’est elle qui consacre et justifie l’exclusion. Il ne s’agit même plus ici de marginalisation, il s’agit de chasse à un corps étranger. Or je te révèle que les bamilékés sont la seule composante ethnique du pays, dont le terroir villageois n’est adossé à aucune frontière internationale.

Enfin, sur ce chapitre, je rappelle, pour bien te mettre en porte à faux, que lors des dernières manifestations populaires de février 2008, un chef supérieur à Douala, s’est vu ouvrir grandement les antennes des médias officiels, pour déclarer que les fauteurs des troubles étaient des étrangers, des allogènes. Il  leur a même demandé d’aller faire le désordre chez eux.  Tu n’as rien entendu, rien vu, rien cherché, rien analysé. Mais pourquoi donc ?

Cinquièmement, cher frère, Mouangué, à la vérité, je crois qu’il y a chez toi beaucoup plus de peur que de mal. Tu vis comme un mouton qui se sent forcé  par le destin de vivre aux côtés d’un éléphant, et qui ne ferme pas l’œil parce qu’il croit toujours qu’il sera écrasé. En plus, ce qui t’inquiète le plus, ce n’est même pas le fait que l’on fasse le constat du dynamisme bamiléké. Ce qui te dérange, c’est  l’inéluctable perspective du suffrage universel et ses implications dans la logique d’une projection mathématique purement ethnique du pouvoir. Ici aussi tu te trompes, et je peux te rassurer qu’il n’en sera rien.  Lors des élections démocratiques des années d’avant l’indépendance où nous étions représentés dans les Institutions parlementaires de France, le représentant de l’Ouest régulièrement élu a été pendant longtemps un certain Ndoumbè Douala Manga Bell. Mais alors, il se produisit comme toujours, une grosse méprise de sa part. Un jour à Paris, il déclara à des amis qui lui demandaient comment il allait battre campagne pour se faire réélire,  qu’il n’a aucun problème, parce que ses moutons bamilékés votent toujours pour lui. La nouvelle de cette faute parvint au pays, il fut battu sévèrement  aux élections suivantes.




James Mouangue Kobila
James Mouangue Kobila

Personnellement, ce sont ceux qui font du statut numérique, matériel, et intellectuel des bamilékés un problème qui constituent un danger pour notre pays. Les bamilékés ne sont un problème pour personne, et tant pis pour ce régime et tous les autres qui théorisent des idéologies d’exclusion. A la rigueur, le raisonnement prendrait le sens inverse, que personne ne contesterait sa pertinence, à savoir qu’il est anormal qu’un groupe humain soit aussi prépondérant de façon générale, sans avoir une emprise sur le pouvoir politique.

Sixièmement, vous reprenez ma déclaration conseillant à tous ceux qui s’opposeraient au triomphe du suffrage universel de commencer à quitter le pays, pour en faire une démonstration de totalitarisme et d’exclusion. Il va de soi qu’il ne saurait être tolérable que des individus s’opposent à l’avènement du changement et à l’instauration de la démocratie au Cameroun. Nous sommes disposés à prendre les armes pour mener une guerre juste, celle qui protégera la République et la citoyenneté dans le contexte des institutions nouvelles issues d’un référendum populaire. Demain lorsque sera venu le moment de rendre aux camerounais leur liberté, leur dignité et leur souveraineté effective débarrassée des Bolloré et de tous les autres délinquants coloniaux et leurs complices compradores, nous feront le juste ménage. Nous traquerons les traitres et nous ne leur laisserons aucun chance de nous distraire avec des notions abjectes, ou de nous perdre le temps avec des dilatoires dans le genre des conférences bancales de réconciliation, ou de recherche d’équilibre selon un processus d’appauvrissement, de tricherie et de nivèlement par le bas. Je suis convaincu aujourd’hui plus que hier, qu’un Eton pourra être Maire à Bafoussam, un Sawa Député à Garoua, et un Bamiléké Maire à Ebolowa. Celui qui ne voit pas une telle perspective avec bonheur, peut dès maintenant, je le répète, chercher refuge dans un autre pays. La compétence et le mérite n’ont ni tribu, ni race, ni religion, ni couleur.

D’ailleurs, nous avons déjà vécu un tel brassage républicain et citoyen par le passé, avant que les dictateurs successifs et les cancres de tous poils, ne nous inondent avec le tribalisme et déraillent notre destin.

Septièmement, je reviens sur l’invocation des instruments juridiques internationaux relatifs à la protection des droits de la personne humaine, des droits des groupes spécifiques, des droits généraux annexes, et des droits dérivés. La problématique d’ensemble, c’est à dire le fil conducteur, est la lutte contre les préjudices visibles et invisibles, explicites et implicites. Pour mieux asseoir la prise en compte de cette préoccupation, il est admis dans toutes les analyses, que la solution réside dans la généralisation des gouvernements représentatifs. Or dans le cas du Cameroun, je t’ai démontré, et il n’y plus besoin de photo pour cela, que les bamilékés sont, selon une planification bien exécutée, victimes d’une exclusion systématique des centres de décision officiels, des corps de sécurité, des institutions du commandement. Tu devrais t’en inquiéter, car c’est ici que le pays creuse une tombe inévitable.

Voici ce que dit Nelson Mandela en parlant du Burundi lors des négociations des accords de paix dont il était le principal médiateur : « il est inacceptable que 5% (cinq pour cent) de la population, domine 95% (quatre vingt quinze pour cent). C’est ce que nous avons combattu en Afrique du Sud et c’est parce que nous ne l’avions jamais accepté que nous étions traités de communistes et de terroristes. C’est ce qui m’a valu mes années de prison »  Il est très important de méditer cette déclaration qui n’a rien d’extraordinaire.

Mon propos n’était pas loin de cette réalité non plus, sauf que dans notre cas, je ne pouvais que me fâcher contre toi, et durement. J’ai considéré que tu jouais le jeu de celui qui accuse inutilement ou qui soupçonne, pour mieux exclure, et marginaliser sans procès, sans preuves.  Tu es certainement au courant du blocage des résultats du dernier recensement de la population au Cameroun. Va encore chercher les raisons, et tu comprendras, que nous sommes en train de nous perdre, à force de cacher tout ce qui concernerait le nombre des Bamilékés, et bien d’autres vérités.

Je regrette infiniment que tu ais cru évoquer ce que savent faire les autres communautés ethno-tribales du pays. Etait-ce vraiment nécessaire, et quel est le débat finalement ?  Un belliqueux qui a le sens de la provocation pourrait bien te demander combien d’emplois  les chanteurs créent annuellement, et quelle est leur apport à la formation du budget, voire du PIB du pays. Laisse donc ces histoires inutiles.

Huitièmement, tu sembles évoquer mes ambitions politiques avec révélations et dénonciations.  Mais cher frère, je viens de loin, des chemins que tu ne fréquenteras jamais, et je suis porteur d’ambitions que la nature et un parcours de combattant exceptionnel m’ont gratifié.  Je ne me vois pas autrement que dans la peau d’un citoyen responsable qui aime son pays, qui aime ses frères et sœurs, qui aime ses compatriotes, et qui par conséquent est prêt à se projeter au devant sur tout et en toute circonstance, pour les défendre, parler en leur nom, solliciter leurs suffrages. Si tu avais encore un seul doute, je te rassure sur mes ambitions, intentions et projets. J’attends d’ailleurs que le moment venu, non seulement tu vote pour moi, mais que tu fasses voter pour moi et que tu sois de ceux qui vont construire ma victoire.

Je te parle avec l’assurance, la tranquillité, et la détermination d’un candidat qui a préparé ses primaires depuis l’enfance, et qui n’attend plus que l’ouverture des urnes transparentes dans le contexte d’un cadre institutionnel nouveau et d’une compétition loyale, pour s’installer dans le fauteuil qui semble te faire peur. C’est normal que tu en ais peur, ne t’ayant pas préparé pour une telle fonction ni pour une perspective démocratique. Bon, les cinq doigts de la main ne sont pas égaux, et il arrive que même deux yeux sur une même tête, ne regardent pas dans la même direction. Nous sommes très différents à ce niveau et c’est clair.

Neuvièmement, du rapport des forces et de la représentativité, Il faut savoir mesurer la distance qui existe entre autrui et toi, et adapter ta stratégie au rapport des forces qui s’impose. Par ailleurs, aucun peuple lorsqu’il s’estime minoritaire dans une arène politique, n’a intérêt à construire son bonheur sur des institutions malhonnêtes et anti-démocratiques, sur des privilèges aléatoires résultant de montages éphémères incapables de résister au temps. Les vaincus et les exclus d’aujourd’hui sont les chefs et les commandants de demain.

J’en ai tellement conscience, que je me sens une responsabilité pieuse, celle de tendre la main au plus petit, au plus faible, au plus pauvre, avant de m’occuper de ma propre famille sanguine. Mais il faudrait encore, que ceux qui s’estiment faibles ou minoritaires, sachent cultiver l’amitié et la loyauté du plus fort. Le mouton qui dort à côté de l’éléphant na qu’une seule précaution à prendre : ne jamais s’allier avec quiconque contre l’éléphant et ne jamais rien faire qui puisse être analysé comme une provocation, car même mort, un éléphant qui se renverse sur un mouton l’écrase. Que tous ceux qui entrent dans des alliances subjectives et contre-natures pour une union sacrée contre les Bamilékés, se retiennent et réfléchissent sur le sens de l’histoire.

Tu as évoqué mon auto proclamation à la tête des bamilékés ou comme la voix autorisée de cette communauté. Il n’y a aucun doute. J’en suis un maillon moral, intellectuel et physique organique. J’en suis le plus visible, celui qui se présente à ce titre avec pertinence, constance, consistance, et courage. Je parle sous ce nom et c’est à ce titre justement, que tous ceux qui comme toi s’hasarderaient à tenir des propos désobligeants à l’encontre des bamilékés, me trouveront sur leur chemin. Je tiens la réplique vivante, dans le rôle d’une grande puissance aux allures de porte-avions nucléaire. Je ne pense pas que tu appartiens au corps électoral qui décide du leadership bamiléké, n’étant pas bamiléké. Donc, ici aussi, une fois de plus, tu n’es pas fondé à émettre une contestation, même pas un avis.

Il convient en outre, de signaler que jamais je ne me serais posé la question de ta représentativité et surtout du mandat au nom duquel, tu te fais avocat des peuples que tu appelles autochtones. En fait je comprends sans qu’il soit besoin d’une autre proclamation, que tu mènes un combat légitime, de survie de ta famille ethnique. Tu en as le droit, la latitude, et l’habilitation naturelle. Sans doute faudrait-il tout de même, rappeler que les notions d’autochtones et de minorité, sont inopérantes au sens discriminatoire, dès lors qu’elles sont utilisées pour développer des conflits artificiels, ou pour consacrer des privilèges d’une dialectique d’exclusivité. C’est le malheur de la théorie de la discrimination positive, conçue et appliquée pour consacrer des régimes de refus du suffrage universel, et de gestion clanique.

Dixièmement, notre échange n’est en rien une perte de temps, et les points mis en exergue, valent que toutes les salives soient déversées, que toutes nos énergies soient déployées, et que tous nos compatriotes nous entendent. Je l’ai dis et je le répète, que le Cameroun a été géré depuis 1958 sur les thèses génocidaires, marginalisantes et colonialistes de Lamberton. Ce n’est ni le premier exemple ni le dernier. Partout où le colonialisme est passé, il a fait de l’exclusion et de la marginalisation des groupes entreprenants et majoritaires, l’axe central de sa politique. Lorsque je t’entends me réfuter le droit de parler au nom des bamilékés, je ne suis point surpris. C’est la logique connue depuis Ahidjo, en ceci qu’il faut tuer dans l’œuf, toute tête bamiléké forte et surtout ne prendre au cœur du pouvoir, que ceux d’entre eux qui sont lâches, dociles, craintifs. Kamga Victor en fit les frais. Sous Biya, c’est pire, on a tout mis en œuvre pour accentuer cette stratégie, allant jusqu’à réduire les intellectuels bamilékés au rang de statuettes muettes, de figurants, de traîtres.

Moi SHANDA TONME, je te dis que c’est terminé. Le bamiléké de 2008 est différent de celui de 1960. Ce que je représente aujourd’hui, correspond à une autre espèce, celle fière, courageuse, engagée, et consciente de sa force. Pas question de baisser la culotte comme les aînés terrorisés par les massacres à grandes échelles et les tortures des Fochivé et compagnie. Ton erreur c’est justement de ne pas comprendre cette mutation, et par conséquent, de te livrer volontairement ou involontairement, à ce qui peut ressembler à de la provocation. Un ministre des finances à qui l’on faisait remarquer que de nouveaux impôts seraient insupportables pour les opérateurs économiques, avait eu cette réponse : les bamilékés vont payer.  Il faut faire très attention, petit frère, ce n’est plus de la blague, ni une question de chercheur, de docteur ou de professeur. C’est une question terre à terre de dignité, d’amour propre, et de survie.

Onzièmement, il n’est point besoin, de te réaffirmer que je partage ta préoccupation sur la nécessaire cohésion de l’ensemble camerounais, et le principe de la coexistence harmonieuse de toutes ses composantes ethniques et culturelles. Comment pourrais-je penser autrement, moi qui ait vécu et grandi à Douala et où se trouve ma case familiale ? Moi qui ait fait l’école primaire à Ndom au fin fond du pays bassa ? Moi qui fut accueilli à l’université de Dakar après trois jours à la belle étoile et même à Paris après huit jours de errance en dormant dans les stations de métro, par des compatriotes Massas et foulbés ? Moi qui n’ai jamais travaillé qu’à Yaoundé ? Moi qui parle six langues régionales du pays ? Moi dont les principaux collaborateurs sont de différentes régions du pays ? Moi qui ait contribué au mémorandum du Grand nord et l’ai soutenu ouvertement ? Que non !

Je réitère que nous sommes tous des autochtones du Cameroun, au sens citoyen et républicain et qu’en conséquence, la constitution de 1996 qui instaure un système d’apartheid de fait en créant une citoyenneté à plusieurs vitesses selon le lieu de résidence, est la pire des folies totalitaires qui se soit abattue sur le pays. Comment veux-tu croire ou accepter, que moi qui ne qui ait grandi à Douala et qui réside à Yaoundé, je ne puisse pas me présenter comme candidat à certaines fonctions dans ces deux villes parce que soutien-t-on, je ne suis pas de la région ?  Je t’invite à saisir l’ONU et l’Union Africaine pour dénoncer cette constitution dès maintenant, à moins que sa nocivité ait échappé à ton expertise.

En 1990 déjà, un décret toujours en vigueur élaboré sous l’emprise de Joseph OWONA alors Ministre de la fonction publique, disposait : à l’issue de chaque concours, le ministre de la fonction publique détermine le quota qui revient à chaque ethnie. Est considéré comme ethnie du candidat, l’ethnie d’origine de ses parents.

Selon toi, que fait-t-on lorsque les parents du candidat sont de deux ethnies différentes ? Toi le chef des droits de l’Homme, le champion toutes catégories des experts de l’ONU, comment n’as-tu jamais donné de la voix pour attaquer ce texte, un acte constitutif de crime de discrimination et de crime contre l’humanité ?

Notre salut est dans un pays où personne ne s’hasardera de tricher, où le travail, le mérite et la compétence consacreront l’honorabilité, où des élections libres seront les seuls voies de valorisation de la représentation populaire et de la bonne gouvernance. Il n’est point besoin d’être professeur de science politique ou chercheur en Droits de l’Homme pour valider ce postulat. Des citoyens sans tous ces diplômes ne gèrent-ils pas mieux des tontines qui produisent des milliards ?

En guise de conclusion, je voudrais te rassurer, comme je te l’ai dis dans mon propos introductif, sur ma fraternité, mon amitié, et ma proximité patriotique. L’essentiel c’est finalement, que nous débattions, sans haine ni vengeance, ni exclusion. Les sociétés qui débattent franchement avancent, pendant que celles qui ne le font pas, stagnent et reculent./.

Ton frère SHANDA TONME, Notable Bamiléké et citoyen Camerounais
Yaoundé, le 05 décembre 2008








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